: Reportage Prison de Fresnes : loin de la polémique "Kohlantess", les rats et les conditions d'hygiène au cœur des préoccupations
Après la polémique sur le jeu "Kohlantess" organisé fin juillet au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), le délabrement de l'établissement et les conditions de vie de détention posent question. franceinfo a pu visiter le centre pénitentiaire avec son directeur et la députée Renaissance de l'Isère, Caroline Abadie.
"Nous, on n'a pas fait Kohlantess, on n'a pas fait de karting !" : la polémique était bien présente derrière les barreaux de la part de détenus, qui n'hésitaient pas à le dire haut et fort à la vue du micro de franceinfo. Alors que la prison de Fresnes a été mise sous le feu des projecteurs en raison de la polémique du jeu "Kohlantess" organisé au sein de l'établissement en juillet dernier, il semble que cet événement ne reflète pas la réalité des lieux.
>> Karting en prison : "Je comprends l'émoi mais Fresnes ce n'est pas ça", se défend le directeur du centre pénitentiaire
"Je comprends l'émoi mais Fresnes, ce n'est pas ça", se défend ainsi le directeur Jimmy Delliste, que franceinfo a pu rencontrer sur place lors de la visite de Caroline Abadie, la député Renaissance de l'Isère, et vice-présidente de la commission des lois, mercredi 24 août. "Fresnes, c'est aussi des activités de yoga, de peinture, d'éducation nationale, travail, ateliers... Ça a peut-être offert une journée aux détenus, sous la canicule, qui ne sont pas des conditions de détention idéales, on ne peut pas le nier", tempère ainsi l'élue.
Cette visite parlementaire était surtout l'occasion pour l'élue Renaissance – déjà venue à plusieurs reprises ces dernières années – de voir l'état des cellules et des douches de ce centre pénitentiaire de Fresnes, et ses conditions de vie vétustes.
L'établissement a été construit en 1898, il y a plus de 120 ans, et les conditions de vie y sont mauvaises : l'endroit est très bruyant, entre bruits métalliques des grilles, des clés qui résonnent, le brouhaha des détenus dans les bâtiments. Il y a aussi le bruit des travaux, dès l'entrée de l'établissement et jusque dans les petites cours de promenade, en cours de rénovation. L'Etat a en effet été condamné à rénover ces cours par le tribunal administratif de Melun en 2016, confirmé en 2021.
"Les douches sont sales !"
Les travaux se déroulent juste sous les fenêtres de certains détenus. Mais ce ne sont pas ces chantiers qui les gênent le plus : selon des détenus interrogés, les conditions d'hygiènes et d'intimité sont déplorables. Certains n'hésitent pas à nous interpeller avec toute une liste de problèmes quotidiens : "On veut des douches personnelles !", "Au lieu d'agrandir les cours, rajoutez des douches", "Les douches sont sales !", "Il n'y a même pas de porte pour les toilettes des cellules...". Ils bénéficient de douche trois fois par semaine, cinq minutes chacun, dans des salles de bain communes.
Et puis, il y a des rats. Nous avons pu en croiser un, au détour d'une cour. Ils prolifèrent à cause des déchets alimentaires, malgré le nettoyage quotidien, et des fuites d’eau très nombreuses dans le bâtiment. L'occasion pour le directeur Jimmy Delliste de reconnaître des difficultés à "lutter contre la prolifération des rats", avant de regretter l'absence de réfrigérateur dans les cellules à cause des "circuits électriques", ou encore de s'inquiéter "d'une remontée en effectifs dans les mois ou années qui viennent" alors que, depuis le premier confinement, il n'y a plus que deux détenus maximum par cellule dans sa prison.
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