Les tribunaux près de chez vous risquent d’être perturbés mercredi 15 décembre. Les signataires de la tribune justice, deux tiers des juges et 1 500 greffiers se mobilisent pour protester contre l’engorgement de dossiers qui entraîne des retards. À Nantes (Loire-Atlantique), le tribunal est particulièrement touché.
Les dossiers s’accumulent, les délais s’allongent, pénalisent les justiciables et désespèrent les magistrats, épuisés. Au Palais de Justice de Nantes (Loire-Atlantique), Thibaut Lépine, juge aux affaires familiales, abat un travail acharné pour réussir à éponger sa pile de dossiers. Mais malgré une efficacité redoutable, lui et son équipe prennent du retard : "On ne peut pas faire plus, on est au maximum. On ne peut pas s’empêcher de le vivre comme un échec personnel. On se dit que le métier que l’on souhaite faire, on ne l’a pas fait aussi bien qu’il l’aurait fallu." Et même ramener des dossiers chez lui pour travailler le soir ne suffit pas à combler ce retard.
"On est l’arbitre de la douleur"
Symbole de cette embolie : une salle dédiée où dorment 230 dossiers, prêts à être jugés. Et ce sont des dossiers graves : agressions sexuelles, violences sur mineurs, des escroqueries particulièrement complexes… Et faute de magistrats, ces dossiers, ouverts en 2015, n’ont toujours pas de date de procès. Arnaud Baron, magistrat coordinateur à l’audiencement, déplore devoir faire des choix : "On est l’arbitre de la douleur, c’est quelque chose d’insupportable." Biens conscients du problème, ces chefs de juridiction en ont fait une priorité et demandent à l’état des magistrats supplémentaires. Sans succès.
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