"On travaille sur des produits de prestige, la moindre erreur coûte cher", explique une malletière chez Louis Vuitton

Près de 200 artisans travaillent dans l'atelier d'Asnières-sur-Seine, en banlieue parisienne, qui perpétue la tradition de la malle de voyage de luxe. Il faut être "très minutieux", assure Mégane, l'une des malletières.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une malletière travaille sur une malle Louis-Vuitton à l'atelier d'Asnières-sur-Seine, le 27 mars 2024. (TERESA SUAREZ / MAXPPP)

Direction Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, dans l'un des 19 ateliers français de la marque Louis Vuitton. Sur place, 180 artisans perpétuent la tradition de la malle de voyage de luxe. Dans cet atelier, on fabrique bien plus que de simples valises. Sous nos yeux, une malle Louis Vuitton de 1,4m de haut. Les artisans viennent de la terminer. "Elle a été commandée par un collectionneur qui souhaite y ranger des œuvres d'art", explique Mégane, malletière ici depuis six ans.

Cette malle est une commande spécifique, du sur-mesure, impossible de connaître son prix, mais pour une malle standard, le prix de départ est d'environ 50 000 euros. Alors forcément, à ce prix-là, les malletiers comme Mégane soignent chacun de leurs gestes. "On ne nous met pas la pression, mais on se la met à nous-mêmes, raconte Mégane. On a bien conscience qu'on travaille sur des produits de prestige et que la moindre erreur coûte cher."

Un travail d'une extrême méticulosité

Mais des erreurs, elle n'en fait plus beaucoup, grâce à son expérience et son savoir-faire qui lui permettent aujourd'hui de fabriquer une malle quasiment de A à Z. Les malletiers reçoivent ce qu'ils appellent "un fut", "c'est juste la boîte en bois, le bois brut qui est fait par la menuiserie", précise Mégane. Ensuite, vient l'étape du nervurage, puis celle de la toile et après de la lozine. "Les lozines, c'est ce qui vient couvrir les arêtes du bois", détaille la malletière. Puis dernière étape, le ferrage. "C'est très minutieux, il faut avoir des bons yeux et un peu de dextérité, explique-t-elle.

"Quand on est au centimètre, c'est déjà trop tard, on parle de quelques millimètres de tolérance."

Mégane, malletière pour Louis Vuitton

à franceinfo

C'est cette méticulosité qui rend ce travail passionnant, selon Séolfrid, malletier chez Louis Vuitton depuis un an et demi. "Ça allie beaucoup de choses. On doit faire des calculs, on doit faire preuve d'attention, de minutie sur nos mouvements, de force et faire preuve d'adresse. C'est vraiment un combo de plein de qualités", détaille-t-il. Son moment préféré, confie-t-il, c'est après le lozinage : "quand on commence à avoir quelque chose de visuel, de presque terminé. La malle fermée, c'est quelque chose de beau. On a réussi à faire un très bel objet". Séolfrid ne regrette pas sa reconversion professionnelle. L'ancien menuisier a bénéficié d'une formation au sein de l'entreprise Louis Vuitton pour devenir malletier et pour perpétuer cette tradition de la malle rigide qui dure à Asnières depuis 1859, date de la création de l'atelier dans les Hauts-de-Seine.

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