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Reportage "Je ne serais jamais venu" : en Bretagne, des saisonniers sont hébergés à moindre coût dans un lycée hôtelier

Alors que tous les emplois saisonniers ne sont pas pourvus cet été, notamment dans l'hôtellerie-restauration, une initiative a été mise en place à Dinard, en Ille-et-Vilaine, pour aider les saisonniers à trouver un logement. Ils sont hébergés dans l'internat d'un lycée hôtelier de la commune pour seulement 12 euros la nuit.
Article rédigé par franceinfo - Guillaume Farriol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sur la Côte d'Emeraude, quelques centaines d'emplois saisonniers ne sont pas encore pourvus en cette mi-juillet 2023. (NICOLAS CREACH / MAXPPP)

À 23 ans, Jonathan, saisonnier, est de retour au lycée. Il prend possession d'une chambre pour l'été dans un lycée hôtelier. La nuit en chambre solo coûte 12 euros, c'est même 9 euros pour une chambre à partager à deux. "Je ne serais jamais venu à Dinard si je n'avais pas eu cette opportunité. Quand j'ai commencé à regarder Airbnb etc pour le travail, je me suis vite rendu compte que c'était compliqué. Il fallait compter minimum 100 euros certaines nuits", assure le jeune homme. 

>> "Si je ne trouve pas de logement, je partirai" : des saisonniers racontent leurs galères pour trouver un toit durant les vacances d'été

Pour la deuxième année consécutive, à Dinard, en Ille-et-Vilaine, des saisonniers sont hébergés dans l'internat d'un lycée hôtelier. Cette initiative a été mise en place pour tenter de répondre à la pénurie de saisonniers dans l'hôtellerie-restauration. Le manque de bras touche toute la France, comme l'an dernier et depuis le Covid. Ces emplois temporaires sont souvent contraignants, pas toujours très bien payés et il peut être difficile de trouver un logement dans les régions très touristiques. 

Au total, il y a 50 jeunes comme Jonathan dans cet internat, autant de main-d’œuvre pour les patrons du centre-ville, à quelques minutes de ce lycée. L'une des saisonnières de Joffrey est aussi hébergée là-bas, lui est patron du restaurant "Au Carthagène", au bord de l'eau : "Je trouve cela très bien, ça manquait clairement de logements pour le personnel à Dinard, et fatalement, ça retombe sur les saisonniers qui ne peuvent pas venir travailler pour nous. On ne travaille qu'avec des saisonniers. Certains habitent Dinard, d'autres, non, donc c'est très bien pour le recrutement qu'ils puissent venir loger à Dinard pour la saison"

Un reste à charge pour la communauté de communes

Tout est financé par les collectivités, les employeurs et les recettes des nuitées. "Cela coûte de l'argent public malgré tout, explique Marianne Jaquet, directrice générale des services de la ville de Dinard. La ville a été obligée de prendre un prestataire pour gérer les locations. On met en place une surveillance 24 heures / 24 donc on estime le reste à charge à 20 000 euros mais qui sera pris en charge par la communauté de communes puisque cette mesure profite à tout le territoire communautaire"

Pourtant, la mesure reste insuffisante pour pourvoir les 2 500 emplois saisonniers sur la Côte d’Emeraude. La pénurie est toujours là, regrette Pierre Lemarié, de l’UMIH, premier syndicat de l’hôtellerie-restauration : "Il manque quelques centaines de personnes. Il y a encore un mois de cela, les trois quarts de nos adhérents n'avaient pas terminé leur recrutement. Le besoin est là et il n'est pas totalement pourvu"

>> REPORTAGE. "Un recrutement à l'anglo-saxonne" : face à la pénurie de saisonniers, l'hôtellerie-restauration embauche sans CV

Après Dinard en Ille-et-Vilaine et Lamballe dans les Côtes d'Armor, c'est au tour de Saint-Malo d'héberger ses saisonniers dans un internat. L'initiative inspire jusqu'au gouvernement, c'est l'un des axes de son "plan saisonniers" pour régler la pénurie. L'exécutif vise 6 000 saisonniers hébergés dans les internats scolaires et les logements universitaires en 2025. 

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