Trois questions sur EuropaCity, le futur complexe de loisirs polémique au nord de Paris
Commerces, parc aquatique, salles de spectacles, espaces verts... Le projet urbain a été approuvé par la mairie de Gonesse (Val-d'Oise). Mais face aux protestations, une nouvelle version a été présentée.
Un ovni architectural devrait voir le jour d'ici à 2024 à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Paris. La construction d'EuropaCity, immense complexe de loisirs, a été validée lundi 25 septembre par la ville de Gonesse (Val-d'Oise). Le conseil municipal a, pour cela, autorisé la révision du Plan local d'urbanisme (PLU).
Face aux protestations, les concepteurs du projet ont présenté une deuxième version, mercredi 27 septembre. Mais les opposants ne désarment pas et comptent attaquer le PLU en justice. On vous résume cet imposant projet en trois questions.
En quoi consiste ce projet ?
A une quinzaine de kilomètres au nord-est de Paris, EuropaCity doit prendre racine sur le "triangle de Gonesse", une zone enclavée entre les aéroports du Bourget et de Roissy, inhabitable à cause des nuisances sonores. Sur 80 hectares, le complexe doit comprendre un parc d’attractions, des espaces verts, un parc aquatique, un centre commercial, des restaurants, des hôtels, une ferme urbaine, un "parc des neiges" et même une piste de ski...
Le projet doit être le plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland Paris en 1992. L'objectif est d'ouvrir, en 2024, une attraction commerciale et touristique d'envergure internationale capable de drainer 31 millions de visiteurs (gratuits et payants) par an à proximité du deuxième aéroport européen en termes de trafic, avec 66 millions de passagers par an.
Il doit enfin accueillir un quartier d'affaires, relié à la capitale par une gare du Grand Paris. D'un coût de 3,1 milliards d'euros, il est porté par Immochan, la filiale immobilière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda.
Pourquoi pose-t-il problème ?
Le projet a soulevé un concert de protestations. Et d'abord pour des raisons environnementales, puisqu'EuropaCity va détruire 600 hectares de terres cultivables, à deux pas de Paris. Le collectif pour le Triangle de Gonesse, qui lutte contre ce projet depuis des années, a ainsi gagné en audience.
Autour de cet opposant de longue date s’agrègent désormais, note Mediapart, "des agriculteurs de la Confédération paysanne et du réseau d’Amap d’Ile-de-France, leurs abonnés, la chaîne de magasins Biocoop, la Confédération des commerçants de France, les architectes et urbanistes de l’Atelier citoyen, des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (ACIPA), les ONG écolos France nature environnement et les Amis de la terre" . Auquel il faut rajouter le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui a tancé la "folie des grandeurs" du projet.
EuropaCity : un centre commercial en projet sur des terres agricoles
Les retombées économiques annoncées par les promoteurs laissent aussi sceptiques les opposants, avec 31 millions de visiteurs annoncés, 40 millions de recettes fiscales pour les communes avoisinantes et la création de plus de 10 000 emplois. Argument répété en boucle par le maire de Gonesse, qui a fait valider en conseil municipal, lundi soir, le déclassement des terres agricoles pour qu'elles deviennent constructibles.
Mais dans son rapport, le commissaire enquêteur du projet juge probablement surévaluées les estimations de fréquentation et de retombées commerciales puisqu'EuropaCity va subir la concurrence de Disneyland, du Parc Astérix ou encore de centres commerciaux comme Aéroville ou O'Parinor.
Comment réagissent les concepteurs ?
Face au déluge de critiques, Auchan et Wanda ont revu leur copie. "On ne fera pas Dubaï aux portes de Paris", ont-ils assuré, mercredi 27 septembre, en présentant une version retouchée du projet.
La nouvelle mouture prétend se rapprocher d'un "quartier de ville", "avec des rues, des places, un parc urbain, une ferme urbaine de sept hectares", selon Matteo Perino, directeur des opérations d'EuropaCity. Huit bâtiments (salle de concert, salle de cirque contemporain, centre culturel consacré au cinéma, cinq hôtels) feront l'objet de concours d'architectes.
Mais le fond n'a pas changé : le "parc des neiges" et sa piste de ski, qui avaient cristallisé une partie de l'opposition au projet, sont toujours au menu. Interrogé sur la rentabilité de cet investissement de 3 milliards, le directeur général du projet, Benoît Chang, a botté en touche, se contentant d'évoquer "l'audace" des promoteurs. Il en faudra davantage pour amadouer les opposants, qui réclament l'abandon pur et simple d'EuropaCity.
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