: Vidéo "Cash Investigation" : comment les sociétés de recouvrement traquent les dettes forcloses
Un établissement bancaire n’a pas l’éternité pour réclamer le paiement d’une dette, mais juste deux ans. Passé ce délai, elle est dite forclose. Pourtant, des sociétés de recouvrement poursuivent les débiteurs sans limite de temps… Un extrait de "Nos très chères banques", une enquête de Mathieu Robert diffusée jeudi 4 février 2021 à 21h05 sur France 2.
Une dette, c’est un peu comme un yaourt : elle a une date de péremption. Si le client d’une banque a un découvert ou un crédit conso qu’il n’arrive plus à rembourser, son établissement bancaire a deux ans pour lancer une procédure judiciaire et exiger son remboursement. Et si au bout de deux ans, rien n’a été entrepris, la dette est dite forclose. Aux yeux de la justice, le client n’est plus obligé de la rembourser, mais il est toujours possible de la lui réclamer… à l’amiable. C’est ce que fait la société de recouvrement Hoist Finance.
"Quand on a un débiteur au téléphone, on ne le prévient surtout pas que la dette est forclose, parce que sinon il ne remboursera pas, dit au magazine 'Cash Investigation' (replay) "Isabelle", une ancienne cadre de Hoist Finance France, qui a claqué la porte de l'entreprise et témoigne anonymement. Imaginez qu’on lui dise : 'on vous appelle pour votre dette, mais elle est forclose', ce qui veut dire qu’elle est éteinte et qu’il n’est pas amené à la payer… Bien entendu, il ne va pas la payer. Ce n’est pas le but… car le but est de rentrer de l’argent. On n’est pas un service juridique…" La société de recouvrement jouerait sur la méconnaissance du consommateur ? "Oui, on joue sur la méconnaissance et sur l’ignorance des gens, oui", affirme-t-elle.
"Ils vont continuer à me téléphoner encore et encore..."
Chez Hoist Finance, la majorité des dettes serait forclose. Et quand ses conseillers ne peuvent rien exiger de leurs clients, il leur faut obtenir le remboursement en bonne entente, à l’amiable. Surtout si la dette est périmée depuis… trente ans. "Cash" a suivi une conseillère pendant sa pause. Le business des dettes périmées est même devenu un sujet de plaisanteries entre collègues… Petit verbatim sur le parking de l’entreprise : "Les vieilles dettes, c’est notre cœur de métier" ; "C’est là que tu es encore plus vicieux, parce que tu leur fais payer un vieux truc qu’ils n’étaient pas obligés de payer" ; "Il y a un petit côté vicieux qui fait dire 'oui, c’est bien, il a quand même payé'. On l’a emmerdé… il était tranquille depuis longtemps. Tu l’as appelé, et comme tu as été gentil ou gentille, eh bien, il te paie."
La société de recouvrement a l’éternité pour se faire payer... Et "Cash" l’a bien compris quand le journaliste Mathieu Robert est allé à la rencontre d’un débiteur qui accepte de témoigner à visage découvert. Sandra Cohen a été contactée par Hoist Finance qui lui réclame 300 euros, une dette qui date de 2014 dont elle n’avait jamais entendu parler. La société la relance régulièrement par téléphone et sms. Elle se renseigne et apprend que son père lui a ouvert un compte en banque quand elle était enfant. Un compte oublié qui est tombé dans le rouge avec les frais bancaires. Il a été fermé en 2014 et la dette est forclose. "Je leur fais comprendre que je ne règlerai pas cette dette. Le ton change et ils vont continuer à me téléphoner encore et encore… J’ai la sensation qu’ils m’auront à l’usure… Soit je paie, soit on m’appelle ad vitam æternam, jusqu’à temps que je paie…"
Un extrait de "Nos très chères banques", une enquête de Mathieu Robert diffusée jeudi 4 février 2021 à 21h05 sur France 2.
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