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Du RMI au RSA, comment a évolué ce revenu minimum en 35 ans d'existence ?

Pour continuer à percevoir le RSA, le gouvernement veut que les bénéficiaires effectuent 15 à 20 heures d'"insertion" par semaine. Une proposition sensible qui a déjà été mise sur la table dans le passé.
Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
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Temps de lecture : 2 min
Malgré les efforts du gouvernement, le taux de non-recours aux aides sociales est en augmentation. Ici, des formulaires de demande de RSA et de prime pour l’emploi. (JEAN FRANCOIS FREY / L'ALSACE / MAXPPP)

Faut-il conditionner le RSA à des "heures hebdomadaires d'activité" ? C'est ce que veut mettre en place le gouvernement : 15 à 20 heures par semaine pour continuer à bénéficier du revenu de solidarité active (607 euros par mois pour une personne seule). Cette question sensible a déjà été proposée, sans succès, dans le passé pour les bénéficiaires du revenu minium. Un revenu minium qui a beaucoup évolué depuis sa création, il y a près de 35 ans.

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Le 1er décembre 1988, Michel Rocard est Premier ministre, il vient de faire adopter à l'unanimité le projet de loi qui crée le RMI, le revenu minium d'insertion. C'est le premier texte du second quinquennat Mitterand. "Instaurer un droit au revenu minimum est une innovation d'une portée considérable", expliquait alors Michel Rocard, "après la création de la Sécurité sociale, puis sa généralisation après l'instauration du minimum vieillesse et des allocations chômage. C'est là construire le dernier étage, franchir la dernière étape."

Un dispositif critiqué

Un an après sa création, le RMI compte plus de 400 000 bénéficiaires. Il verra son nombre progresser de presque 20% par an jusqu'au milieu des années 90, marquées par la récession et un chômage de plus en plus élevé. Le nombre d'RMIste, comme on les appelait, atteindra jusqu'à 1,2 million d'allocataires dans les années 2000. Il s'agit majoritairement de personnes seules ou de familles monoparentales qui touchent un peu moins de la moitié du salaire minimum de l'époque.

Malgré tout, dans les années qui suivent, le dispositif est critiqué. Une partie de l'opposition, la plus libérale, juge que le RMI encouragerait l'inactivité et n'inciterait pas assez à revenir au travail.

 "Un effort de solidarité"

Pour répondre à ces critiques, le RMI sera réformé mais cela n'a pas suffi. C'est ainsi qu'en 2008, 20 ans après sa création, le RMI va laisser la place au RSA. Le revenu de solidarité active permet désormais de cumuler revenus du travail avec en complément une partie du RSA. Au moment de son lancement, Nicolas Sarkozy se félicite aussi que cette allocation vise un public plus large : "J'estime qu'il est normal, dans un effort de solidarité, que chacun contribue. S'il y a de l'argent pour le haut, il doit aussi y avoir de l'argent pour le bas."

Aujourd'hui 1,9 million d'allocataires bénéficient du RSA, ils étaient 1,3 million à son lancement, mais comme pour le RMI, les critiques autour d'un soi-disant "assistanat" reviennent rapidement. En 2011 à quelques mois de l'élection présidentielle, le même Nicolas Sarkozy souhaite que les allocataires du RSA, sans emploi ni formation, travaillent sept heures par semaine : "ce n'est pas pour punir, c'est au contraire pour respecter, pour redonner de la dignité. On n'a pas de dignité quand on ne peut survivre qu'en tendant la main". La proposition, qui a refait régulièrement surface ces dernières années, n'a finalement jamais été appliquée, mis à part des expérimentations locales à plus ou moins grande échelle.

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