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Grève du 22 mai : les quatre raisons de la colère des fonctionnaires

Pour la troisième fois depuis l'élection d'Emmanuel Macron, les fonctionnaires appellent à la grève ce mardi. Quelles sont les annonces et les mesures du gouvernement qu'ils dénoncent ? Franceinfo fait le point. 

Article rédigé par franceinfo
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Des agents de la fonction publique lors d'une manifestation à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 15 mai 2014.  (FREDERIC SEGURAN / CITIZENSIDE / AFP)

C'est inédit depuis la réforme des retraites en 2010 : les cinq dirigeants des principaux syndicats français défileront ensemble, à Paris, dans un cortège qui partira ce mardi à 14 heures de la place de la République jusqu'à celle de la Nation.

Au total, neufs syndicats représentant 5,7 millions d'agents (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA) ont lancé un appel commun contre la "dégradation des conditions de travail" et pour "l'augmentation du pouvoir d'achat".

Des perturbations sont attendues dans les écoles maternelles et primaires, les collèges et lycées ainsi que dans les hôpitaux, le transport aérien et plus largement au sein des administrations. Franceinfo liste les principaux points de tension entre les agents de la fonction publique et le gouvernement.
 

1Le point d'indice (donc les salaires) gelé

Le blocage des salaires est l'un des principaux motifs de la colère des fonctionnaires. Ils estiment que leur pouvoir d'achat a été mis à mal par six années de gel de la valeur du point d'indice, qui sert au calcul de leur rémunération. Ce point a augmenté de 0,6% en 2016 et à nouveau de 0,6% en février 2017. Mais le 29 juin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, avait annoncé le retour du gel du point d'indice après la publication d'un rapport (PDF) de la Cour des comptes préconisant une telle mesure. Le lendemain, il avait précisé que ce gel prendrait effet partir de 2018. 

"En 2018, il n'y aura pas d'augmentation du point de l'indice, avait-il déclaré. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas pendant tout le quinquennat." "Nous ne pouvons pas, avec les moyens de la France, poursuivre ces augmentations", avait-il défendu, tout en refusant de parler d'"austérité" budgétaire. 

Dans son rapport, la Cour des Comptes estime que le "gel de la valeur du point constitue une mesure puissante pour freiner la masse salariale"

2La suppression de 120 000 postes

C'est une promesse phare du programme d'Emmanuel Macron pour la fonction publique, qui inquiète vivement les syndicats. "Nous réduirons le nombre d'agents publics de 120 000 emplois sur la durée du quinquennat", avait-il annoncé pendant la campagne présidentielle. "Cela correspondra à un volume de 50 000 postes non renouvelés dans la fonction publique d’Etat et d’environ 70 000 dans la fonction publique territoriale, où les départs en retraite vont être nombreux dans les années à venir", avait-il précisé, tout en assurant que "les effectifs de la fonction publique hospitalière seront en revanche maintenus"

Motif de colère supplémentaire pour les syndicats : le 1er février 2018, l'exécutif a annoncé un vaste plan de départs volontaires dans la fonction publique. "Là où il y aura des restructurations, des rapprochements, là où la numérisation, l'évolution des métiers, des technologies nous amènent à constater qu'il y aurait des sureffectifs (...), on pourrait proposer aux agents publics concernés cette formule de départs volontaires, mais circonscrits", a expliqué le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt. 

Le gouvernement a également annoncé vouloir recourir davantage aux contractuels plutôt qu'aux fonctionnaires "pour permettre aux employeurs publics de recruter de manière plus réactive, plus rapide, plus autonome", a déclaré Olivier Dussopt le 15 mai à l'AFP. "Pour nous, c'est une contradiction avec les principes de la fonction publique", a alors réagi Luc Farré, secrétaire général de l'Unsa Fonction publique. 

3Le rétablissement du jour de carence

Gérald Darmanin a aussi annoncé que le jour de carence serait rétabli dans la fonction publique, trois ans après son abrogation. Cette mesure – également promise par Emmanuel Macron – vise à supprimer la rémunération du premier jour d'absence pour maladie des fonctionnaires. Elle fait aujourd'hui partie des principales réformes que les syndicats déplorent. 

La journée de carence a été instaurée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, puis mise en place entre 2012 et 2014, rappelle Le Parisien. La suppression de ce dispositif a été votée fin 2013, permettant aux agents de la fonction publique de bénéficier de nouveau d'une rémunération dès le premier jour d'un congé maladie. 

Aux Etats généraux des comptes de la Nation, le 6 juillet 2017, Gérald Darmanin a affirmé que le rétablissement du jour de carence permettrait "de lutter contre le micro-absentéisme qui désorganise les services, alourdit la charge de travail des collègues en poste et coûte environ 170 millions d'euros par an"

Cette mesure a été votée par les députés dans le cadre du budget 2018 et suscite la colère des syndicats :"Les fonctionnaires ne l'avalent pas, c'est une erreur de le réintroduire", avait alors réagi le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly. 

4La compensation de la hausse de la CSG

C'est l'un des points de négociation les plus délicats entre les syndicats de la fonction publique et le gouvernement. Contrairement aux salariés du secteur privé qui gagnent en pouvoir d'achat avec "la bascule de la baisse des charges" comme l'explique Le Figaro, la hausse de la CSG n'est pas entièrement compensée pour les fonctionnaires. 

Pour supprimer cet écart, le gouvernement a mis en place une indemnité pour rattraper le manque à gagner "à l'euro près". Cette hausse de la CSG sera donc neutralisée pour 2018 et 2019 grâce à cette "indemnité compensatrice" de 1,67% de leur rémunération brute. Mais le montant de cette prime sera gelé à partir de 2020 tandis que la CSG continuera d'augmenter avec les salaires. "A terme, nous sommes perdants, car l'indemnité est dégressive dans le temps", critique Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique, dans Les Echos

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