: Vidéo Pantouflage de policiers : Bernard Squarcini, l'ex-patron du renseignement mis en examen pour ses activités depuis sa reconversion dans le privé
Bernard Squarcini aurait-il utilisé ses réseaux d'ancien policier pour obtenir des informations sur des enquêtes en cours ? Cet extrait de "Complément d'enquête" retrace le parcours du "Squale" : promu à la tête du renseignement intérieur par Nicolas Sarkozy, écarté par François Hollande, puis reconverti au service de la sécurité de grands groupes tel LVMH... L'ex-patron de la DCRI est aujourd'hui en pleine tourmente judiciaire.
Quand nos élites quittent la fonction publique pour le privé, motivées par un salaire jusqu’à cinq fois supérieur... En se penchant sur une pratique encore taboue, le pantouflage, ce sont les coulisses de la République que dévoile "Complément d'enquête" le 3 juin 2021.
Il y a ces énarques qui deviennent banquiers, mais aussi ces gradés de la police qui rejoignent la sécurité privée : ils seraient une soixantaine chaque année. Confier leur sûreté à d'anciens policiers ou militaires serait devenu un réflexe dans les grandes entreprises. Parmi les exemples célèbres, il y a l'ex-coordinateur national du renseignement Ange Mancini, recruté par Bolloré, ou encore l'ancien patron du Raid Jean-Louis Fiamenghi, devenu directeur de la sûreté chez Veolia.
"On m'a forcé à aller dans le privé"
Le code de déontologie des fonctionnaires interdit aux policiers qui rejoignent le privé toute relation professionnelle avec leurs anciens collègues pendant trois ans. Mais certains semblent avoir une lecture toute personnelle de ces règles... Ainsi, Bernard Squarcini, ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI), est soupçonné d'avoir profité de ses réseaux pour obtenir des informations sur des enquêtes en cours ou faire surveiller des personnalités.
Celui qui est surnommé "le Squale" a été promu directeur du renseignement intérieur par Nicolas Sarkozy, en 2008. Quatre ans plus tard, il sera écarté par François Hollande, qui le nomme préfet hors cadre. Une mise au placard, expliquait l'intéressé il y a quelques mois sur une chaîne YouTube : "J'ai choisi la fonction publique. On m'a interrompu dans ma carrière, je le regrette. On m'a forcé à aller dans le privé." Mais le grand flic déchu a vite rebondi, en fondant sa société de sécurité privée, Kyrnos Conseil.
Principal client de sa société : LVMH, propriété de Bernard Arnault
Ce qu'il ignorait alors, c'est qu'il était placé sur écoute dans le cadre d'une enquête sur le financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Ces enregistrements de conversations, entre mars et avril 2013, ont été dévoilés par Mediapart. On y découvre les pratiques d'un policier soupçonné d'avoir violé les règles. Dans cet extrait, l'ancien patron du renseignement téléphone à un proche qui se montre impressionné par son "carnet d'adresses épouvantable", lui faisant miroiter ses "gros contrats avec des mecs qui paient rubis sur l'ongle". L'un de ces gros contrats a été signé avec le groupe LVMH, que dirige Bernard Arnault. C'est le principal client de Kyrnos Conseil. Le géant du luxe s'offre ses services pour une dizaine de milliers d'euros par mois… par exemple pour surveiller les membres de Fakir, un journal dirigé par François Ruffin.
Il risque jusqu'à dix ans de prison pour, notamment, trafic d'influence
Au-delà de cette affaire rocambolesque, l'ancien patron de la DCRI fait l'objet d'une enquête pour ses activités depuis sa reconversion dans le privé. Interrogé par "Complément d'enquête", Bernard Squarcini argue que ce qui lui est reproché "peut l'être à tous les gens qui ont intégré des grands groupes", à cette différence près, selon lui : "Moi, je n'ai pas intégré une boîte où je suis salarié, je me démerde tout seul, donc ça n'a rien à voir avec ceux qui ont pantouflé ou autre." Sa société Kyrnos Conseil, qui affichait en 2015 un bénéfice de 512 000 euros, semble tourner au ralenti depuis sa mise en examen. Lui risque jusqu'à dix ans de prison et une amende de 1 million d'euros pour, notamment, trafic d'influence. L'instruction est toujours en cours...
Extrait de "Grands flics, énarques : Quand nos élites se font débaucher !", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 3 juin 2021.
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