: Reportage Fermeture de l'usine Buitoni de Caudry : "On peut utiliser les locaux pour faire autre chose ", plaide une déléguée syndicale devant la direction de Nestlé
Une cinquantaine de salariés sont venus, mercredi 5 avril, faire beaucoup de bruit, dans la rue tranquille du siège de Nestlé France à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). "C'était déjà le bordel dans le bus, dès le départ c'était le bordel, vu comment on a été dégoutés de leurs annonces", lance Guillaume, qui travaille depuis deux ans à l’usine de Caudry (Nord). Le 30 mars, la direction a annoncé la fermeture définitive de cette usine Buitoni, mise en cause dans la mort de deux enfants à cause de pizzas contaminées par la bactérie E.coli. Une semaine après, mercredi 5 avril, ces salariés sont venus soutenir la délégation reçue par la direction de Nestlé. Après une heure d'échange, rien n'a avancé selon les représentants syndicaux. La direction de Nestlé France maintient la fermeture annoncée et réaffirme vouloir chercher un repreneur pour le site de Caudry.
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Comme d'autres salariés, Guillaume a cru que l’usine s’en sortirait, après la découverte des bactéries dans les pizzas surgelées. "On nous a fait espérer pendant 13 mois une reprise, un tonnage à 3 500 tonnes de production et, au fur et à mesure, ça s'est dégradé, et ça s'est dégradé encore jusqu'à la dernière annonce, en nous expliquant qu'ils n'ont pas su reprendre les consommateurs."
"La direction n'assume pas, elle ne prend pas ses responsabilités alors que c'est de sa faute !"
Guillaume, salarié de l'usine Buitoni de Caudry (Nord)à franceinfo
"On n'y est pour rien dans tout ce qui s'est passé. On en arrive là, nous allons payer les pots cassés alors que ce n'est pas du tout de notre faute, abonde Alexandre, qui a travaillé pendant 30 ans à Caudry. Aujourd'hui, je veux que Nestlé reconnaisse tout ça, et qu'il nous trouve une solution. La semaine dernière, quand ils nous ont annoncé la fermeture, ils nous ont bien dit qu'on n'était en aucun cas responsable."
La solution, c’est de maintenir l’emploi, selon Valérie Bracq, déléguée syndicale UNSA de l’usine Buitoni. "Garder un travail, c'est ce qu'on veut, et un travail sur place parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas mobiles. C'est ça qu'on leur a demandé depuis des mois, avant d'avoir l'annonce de la fermeture : qu'ils nous remettent du volume parce que Nestlé, c'est plusieurs usines en France. Faites-nous faire n'importe quoi ! On a une usine qui peut produire, on peut tout à fait utiliser les locaux pour faire autre chose". Les salariés Buitoni se disent prêts à produire pour une autre marque de Nestlé, ou changer de groupe. Mais pour cela, il faut, selon eux, un repreneur solide.
Vendredi dernier, le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, assurait sur France Bleu Nord "partager la tristesse" et "comprendre" la colère des salariés de l'usine Buitoni de Caudry, après la décision de Nestlé de fermer son site, un an après l'affaire des pizzas contaminées. "Je cherche un repreneur et on va tout faire pour en trouver un", avait-il déclaré.
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