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Crise de l'énergie : on répond à toutes vos questions pour réduire votre facture et les risques de coupures
Avec l'arrivée de l'hiver et du froid, les Français risquent de sentir de plus en plus concrètement les conséquences de la crise énergétique. Quels gestes du quotidien permettent vraiment de réduire sa facture d'énergie ? En cas de coupure programmée, comment et quand serons-nous prévenus ? Franceinfo répond à vos questions les plus fréquentes sur les économies d'énergie, les contrats, les mesures d'aide pour faire face à la hausse des prix, et les éventuels délestages.
Que voulez-vous savoir sur les économies d'énergie et les risques de coupures ?
Notre moteur de recherche est pensé pour vous aider à y voir plus clair sur la crise énergétique que traverse notre pays. Saisissez votre question ou des mots-clés pour trouver votre réponse.
La consommation et les économies d'énergie
Réduire autant que possible la température de chauffage est une mesure essentielle pour diminuer sa consommation d’énergie et aider à limiter les tensions sur le réseau électrique. Le premier réflexe consiste donc à éviter de surchauffer son logement. Le médiateur national de l'énergie et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) recommandent une température de 19°C dans les pièces à vivre (salon, salle à manger…) et autour de 16°C à 17°C dans les chambres. Dans la salle de bains, le thermomètre peut varier de 17°C à 22°C lorsqu'elle est utilisée.
Pensez à baisser le chauffage dans les pièces qui ne sont pas occupées toute la journée, ajoute de son côté le fournisseur Engie. Pendant la nuit, ou en cas d'absence durant la journée, vous pouvez également réduire la température dans les pièces à vivre à 16°C. Pour éviter le gaspillage d'énergie tout en préservant votre confort, des solutions de programmation existent (robinets thermostatiques, thermostats programmables ou connectés, par exemple), rappelle Engie. Ces solutions permettent de ne pas chauffer inutilement les pièces vides et de relancer le chauffage en prévision de votre retour à la maison. Enfin, ne négligez pas l'entretien annuel de votre chaudière : un équipement entretenu consomme 10% d'énergie en moins, selon le médiateur de l'énergie.
Le chauffage est le plus gros poste de consommation énergétique des ménages, selon le médiateur de l'énergie. Baisser le thermostat peut donc alléger la facture : réduire de 1°C son chauffage permet de consommer 7% d'énergie en moins, toujours d'après le médiateur de l'énergie. Réduire autant que possible la température de chauffage est aussi une mesure essentielle pour diminuer les tensions sur le réseau électrique.
En cas d'absence de plusieurs jours, le guide de l'Ademe "Se chauffer mieux et moins cher" (PDF) conseille effectivement d'éteindre le ballon d'eau chaude pour éviter qu'il ne tourne pour rien. Un chauffe-eau à accumulation, également appelé cumulus, stocke plusieurs litres d'eau chaude à une température comprise entre 55°C et 65°C, “ce qui entraîne une consommation d'énergie en continu pendant votre absence”, souligne le site IZI, affilié à EDF. En revanche, il n'est pas nécessaire d'éteindre son chauffe-eau pour de courtes périodes, la nuit ou en cas d'absence dans la journée. En effet, “maintenir l'eau à une certaine température nécessite moins d'énergie que le fait de chauffer de l'eau froide”, pointe le site L'Energie tout compris, lié à TotalEnergies.
Eteindre un chauffe-eau pour le rallumer quelques heures plus tard peut donc être énergivore. Pour réduire sa facture d'énergie sans couper son chauffe-eau, il est en revanche possible de le programmer pour qu'il fonctionne uniquement durant les heures creuses. Ce geste permet de réduire la tension sur le réseau électrique en décalant la production en dehors des plages critiques, qui s’étendent de 8 heures à 13 heures et de 18 heures à 20 heures.
Le chauffage est l'équipement le plus gourmand en électricité. Selon les données de l'Ademe, la consommation moyenne en chauffage électrique dans une maison est de 4 312 kWh par an, pour un coût d'environ 733 euros à l'année. Dans un appartement, le chauffage électrique consomme 1 719 kWh par an, soit 292 euros de dépenses. Le chauffe-eau est lui aussi énergivore : un ballon électrique de 200 litres consomme en moyenne 1 676 kWh chaque année. Si certains de ces équipements sont anciens, les remplacer par des modèles récents, qui consomment moins, permet de faire des économies de l'ordre d'une centaine d'euros par an, selon l'Ademe.
La cuisine est elle aussi remplie d'équipements énergivores. Le réfrigérateur combiné avec un congélateur consomme 346 kWh à l'année, contre 192 kWh pour le lave-vaisselle, 159 kWh pour une plaque de cuisson vitrocéramique et 146 kWh pour le four électrique. De petits gestes peuvent toutefois permettre d'économiser de l'électricité, comme mettre un couvercle sur la casserole d'eau qui bout ou cuire plusieurs plats dans le four en même temps, suggère le ministère de l'Economie.
Enfin, le sèche-linge et le lave-linge figurent également parmi les équipements les plus énergivores. Ils consomment respectivement 300 kWh et 100 kWh en moyenne chaque année. Pour faire des économies, optez si possible pour des modèles avec de bonnes performances énergétiques : un sèche-linge de classe A+++ consomme près de trois moins qu'un appareil de classe B. Privilégiez aussi les programmes "éco" et les lavages à basse température.
Selon l'Ademe, utiliser un modèle récent de lave-vaisselle peut être plus économe en eau que de faire la vaisselle à la main. Or, 80% de l'énergie consommée par un lave-vaisselle sert à chauffer l'eau. Moins l'équipement utilise d'eau, moins il consomme donc d'énergie. Pour que cette solution soit véritablement économique, il est nécessaire d'attendre que le lave-vaisselle soit rempli pour le faire tourner, souligne l'Ademe dans sa fiche conseils pour "réduire sa facture d'électricité"(lien PDF). Un entretien régulier de l'appareil (nettoyage du filtre, niveau de sel, etc.) est aussi essentiel. Retirez les miettes et les restes alimentaires des assiettes et plats avant de les mettre au lave-vaisselle, mais sans les rincer avec de l'eau. Enfin, faites tourner votre lave-vaisselle durant les heures creuses si vous bénéficiez de cette option dans votre contrat d'électricité.
De "15 à 50 équipements par foyer restent en veille", selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Il est conseillé d'éteindre complètement les appareils audiovisuels et informatiques (télévision, console de jeux vidéo, chaîne hi-fi…) lorsqu'ils ne sont pas utilisés, ainsi que le petit électroménager de cuisine (cafetière, grille-pain...). Le Médiateur de l'énergie recommande de son côté d'utiliser des multiprises à interrupteur pour éteindre facilement plusieurs appareils. Ce geste permet d'économiser jusqu'à 10% de la facture d'électricité (hors chauffage). Evitez cependant de débrancher votre lave-linge ou votre lave-vaisselle, dont "les veilles servent souvent à la détection des fuites", met en garde l'Ademe.
Dans son rapport Panel Elecdom de mars 2021 (PDF), l'Ademe a estimé qu'une box internet consommait en moyenne 97 kWh par an. Soit presque autant qu'une console de jeux vidéo ou qu'un ordinateur fixe. En se basant sur la consommation électrique d'un panel de 100 logements, l'Ademe relève également que la durée moyenne de fonctionnement de ces boîtiers est de 21h55 par jour. Un chiffre “extrêmement élevé”, qui démontre que les ménages ont tendance à laisser leur box “inutilement” allumée.
Cependant, si éteindre votre box peut vous permettre d’économiser quelques euros à l’année, d’autres gestes, comme la baisse de la température du chauffage, ont un impact plus significatif pour réduire votre facture et limiter la tension sur le réseau électrique. Par ailleurs, certains boîtiers récents sont déjà équipés d’un système deveille prolongée.
Les pics de consommation d'électricité se situent généralement le matin, entre 8 heures et 13 heures, puis en fin de journée, entre 18 heures et 20 heures, selon la plateforme Ecowatt. Cet outil, développé par le gestionnaire du réseau électrique (RTE), propose également une "météo" du niveau d'électricité disponible dans le pays via un code couleur : vert en période de "consommation normale", orange en cas de "système électrique tendu" et rouge lorsque le système est "très tendu". En cas d'éventuelles tensions sur le réseau électrique cet hiver, une alerte rouge sera diffusée via l'application Ecowatt. Il est aussi possible de s'inscrire à l'"alerte vigilance coupure" pour recevoir une notification par mail ou SMS.
Les contrats et les fournisseurs d'énergie
Pour l'électricité comme pour le gaz, il existe deux grands types d'offres : celles qui se basent sur les tarifs réglementés par l'Etat et celles dont les tarifs dépendent du marché de l'énergie.
Les offres de marché proposent une énergie plus ou moins chère selon le prix auquel elle s'échange sur le marché du gaz ou de l'électricité. Elles peuvent prendre plusieurs formes. Il existe des offres à prix fixe : le fournisseur s'engage à vous vendre l'énergie à un prix qui dépend du marché au moment où vous signez le contrat, mais qui ne changera pas pendant sa durée. D'autres offres de marché proposent des prix indexés sur le cours de l'électricité ou du gaz. En général, ils évoluent chaque mois.
A l'inverse, les tarifs réglementés sont fixés par l'Etat. Ceux de l'électricité sont révisés une ou deux fois par an. Pour le gaz, ils sont calculés selon une formule qui évolue chaque année, mais les prix eux-mêmes fluctuent d'un mois sur l'autre. Seuls les opérateurs historiques, EDF pour l'électricité et Engie pour le gaz, peuvent proposer les tarifs réglementés. Mais les fournisseurs alternatifs sont nombreux à offrir des offres indexées sur ces tarifs : leurs prix suivent l'évolution des tarifs réglementés, et sont parfois un peu moins élevés.
Les tarifs réglementés du gaz vont cependant disparaître au 1er juillet 2023. Il est aujourd'hui impossible de conclure un nouveau contrat à ces tarifs. Et les clients qui en bénéficient toujours doivent choisir une nouvelle offre, aux tarifs fixes ou évolutifs, mais forcément basés sur le marché (s'ils ne l'ont pas fait, ils basculeront automatiquement sur une offre de marché d'Engie au 1er juillet).
Si vous ne vous souvenez plus de quelles offres vous disposez chez vous, l'information se trouve sur vos factures.
Il existe de nombreux comparateurs de prix, mais un seul qui émane d'une autorité publique, le Médiateur de l'énergie, instance indépendante chargée de conseiller les citoyens et de régler les éventuels litiges avec les fournisseurs.
Celle-ci conseille de se renseigner sur les prix, bien sûr, mais aussi de prêter attention au type de contrat. Selon le cours de l'électricité et du gaz, les offres de marché peuvent être plus économiques que les tarifs réglementés, mais elles exposent à davantage de risques, puisqu'elles évoluent. Les prix fixés sur plusieurs années offrent plus de visibilité, mais seront plus ou moins avantageux selon le cours au moment où vous concluez le contrat.
La flambée des prix change bien sûr la donne. En ce moment, si on doit changer de contrat, "il faut choisir des tarifs réglementés, ou indexés sur les tarifs réglementés", explique le Médiateur à franceinfo. Les contrats à prix fixe proposés le sont à des prix très élevés. Et les clients qui paient le prix du marché sont ceux qui souffrent le plus de la crise énergétique. L'autorité indépendante explique par ailleurs que le choix s'est grandement réduit : de nombreuses offres, trop affectées par la situation, ne sont plus accessibles aux nouveaux clients.
Avec un contrat ordinaire, vous payez votre énergie au même prix quelle que soit l'heure de la journée. Mais il existe des contrats d'électricité dont les tarifs varient selon le moment de votre consommation. Les plus connus sont ceux qui distinguent les heures creuses et pleines. Leurs abonnés payent leur électricité plus cher durant 16 heures pleines, et moins cher durant 8 heures creuses. Celles-ci ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais sont forcément réparties entre midi et 17 heures ou entre 20 heures et 8 heures. En général, elles sont concentrées la nuit.
Pour que l'offre soit rentable, il faut consommer une bonne partie de son électricité lors des heures creuses : au moins un tiers si vous avez choisi le tarif réglementé de l'électricité, estime le Médiateur de l'énergie. Sa directrice générale conseille surtout cette option "pour des personnes qui sont chauffées à l'électricité et qui ont un ballon d'eau chaude électrique" réglé pour fonctionner sur ces heures creuses. L'instance propose un simulateur pour savoir si l'option serait rentable chez vous.
D'autres abonnements proposent des tarifs variables selon d'autres critères, comme l'offre Tempo, qui applique des tarifs moins élevés l'essentiel de l'année, mais très hauts lors des jours de plus forte consommation. Les clients sont informés de ces hausses ponctuelles de tarifs la veille pour le lendemain. Là encore, une telle offre demande donc d'être très flexible pour réduire sa facture.
Changer de fournisseur de gaz ou d'électricité est libre et gratuit. Tous les contrats sont sans engagement de la part de l'usager : même si vous avez choisi une offre vous garantissant un prix sur un an, par exemple, il est possible d'en changer avant son terme.
Pour faire ce changement, la seule étape nécessaire est de souscrire une nouvelle offre. C'est votre nouveau fournisseur qui se chargera de prévenir le précédent. Le Médiateur de l'énergie déconseille de résilier vous-même votre contrat, car vous risquez de payer des frais de mise en service.
Les tarifs réglementés de l'électricité changent deux fois par an, le 1er février et le 1er août. Ceux du gaz évoluent une seule fois, au 1er juillet, même si le prix payé par le client peut varier chaque mois et dépend en partie du marché du gaz. Ce tarif est, cependant, gelé depuis octobre 2021, et les tarifs réglementés vont disparaître au 1er juillet 2023. Les offres indexées sur les tarifs réglementés suivent la même évolution. Vous n'êtes pas forcément informé par votre fournisseur quand les tarifs réglementés changent. Mais ils sont fixés par des arrêtés ministériels publics, et les médias relaient ces évolutions.
Depuis le début de la crise énergétique, plusieurs fournisseurs ont informé certains de leurs clients que leurs contrats ne seraient plus indexés sur les tarifs réglementés, mais sur ceux du marché. C'est donc une possibilité, même si la légalité de la manœuvre est contestée par certaines associations de consommateurs, et n'a pas encore été tranchée en justice. Quoi qu'il en soit, dans ce cas de figure, il reste possible de souscrire une offre indexée sur les tarifs réglementés chez un autre fournisseur.
Si vous payez un prix fixe, celui-ci ne peut en revanche pas changer sur la durée du contrat. Quand il arrivera à son terme, cependant, la proposition de renouvellement ne sera sans doute pas au même tarif. Enfin, par définition, les prix des contrats de marché changent en fonction des cours de l'énergie : en général, vous payez l'électricité ou le gaz à son prix moyen au cours du mois précédent. Les fournisseurs se basent sur des indices, dont le cours est public, et doivent préciser dans le contrat quel indice ils ont choisi.
Dans le contexte actuel de forte hausse des cours, le Médiateur de l'énergie invite les consommateurs, quel que soit leur contrat, à "faire très attention s'ils reçoivent un message de leur fournisseur", qui peut signaler une évolution problématique des tarifs ou des contrats.
Les aides
Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement n'a pas totalement empêché les hausses. Les tarifs réglementés du gaz sont gelés depuis octobre 2021 (sans le bouclier, ils auraient plus que doublé). Ceux de l'électricité ont vu leur hausse au 1er février 2022 limitée à 4% en moyenne (contre 35,4% sans le bouclier). Ces mesures prendront fin en 2023, en janvier pour le gaz et en février pour l'électricité : le gouvernement promet que la hausse des prix sera alors plafonnée à 15%.
Les contrats qui ne suivent pas le tarif réglementé ne sont, eux, pas concernés par l'intégralité du bouclier tarifaire. Les prix qui suivent le marché ont fortement augmenté, et les nouvelles propositions de contrats à prix fixe se font à des tarifs plus importants qu'avant la crise. Une partie des mesures du bouclier tarifaire a cependant un effet sur tous les contrats d'électricité : la TICFE, principale taxe sur l'électricité, a été quasiment supprimée (passant de 22,50 euros à 1 euro par MWh) ; et la quantité d'électricité nucléaire à bas prix qu'EDF doit vendre aux autres fournisseurs a augmenté de 20%, réduisant les volumes qu'ils doivent acheter au prix fort sur le marché.
Par ailleurs, votre facture n'est pas composée que du prix de revient de l'électricité : elle comprend également un coût d'abonnement qui a pu augmenter ces derniers mois.
Environ 1,6 million de ménages peuvent bénéficier depuis novembre 2022 d’un chèque énergie fioul exceptionnel de 100 à 200 euros, selon les revenus. Par exemple, une personne seule rémunérée au smic, avec au moins un enfant à charge, recevra 200 euros, illustre le site service-public.fr. Une personne avec deux enfants à charge, payée environ 3 000 euros net par mois, percevra, elle, un chèque de 100 euros. Un simulateur est disponible sur le site chequeenergie.gouv.fr pour tester votre éligibilité.
Les ménages qui ont déjà bénéficié d'un chèque énergie classique reçoivent automatiquement le chèque fioul. Les autres foyers éligibles doivent faire une demande en ligne et transmettre une facture de fioul de moins de 18 mois. Il est possible de le cumuler avec le chèque énergie exceptionnel de 100 à 200 euros versé à partir de fin décembre, ainsi qu'avec le chèque énergie classique versé chaque année au printemps. Les ménages qui ont déjà rempli leur cuve de fioul pourront utiliser cette aide pour payer d'autres factures d'énergie (gaz, électricité, etc.).
Le gouvernement a annoncé début décembre le versement d'un chèque énergie exceptionnel, qui s'ajoute à celui envoyé chaque année en avril. Les 40% des foyers français aux revenus les moins élevés, soit 12 millions de ménages, doivent recevoir cette aide de manière automatique entre fin décembre 2022 et fin février 2023. Le montant du chèque est fixé à "200 euros pour les ménages dont le revenu fiscal de référence annuel par unité de consommation est inférieur à 10 800 euros", d'après un décret. Il sera de "100 euros pour les ménages dont le revenu fiscal de référence annuel par unité de consommation est supérieur ou égal à 10 800 euros et inférieur à 17 400 euros".
Si vous correspondez aux critères, vous recevrez ce chèque sans avoir besoin de le demander. Il est valable jusqu’au printemps 2024 et ne peut être utilisé que pour régler vos factures d'énergie.
Le bouclier tarifaire pour les copropriétés et les logements HLM chauffés au gaz a été prolongé par décret jusqu'au 31 décembre 2022 et doit se poursuivre en 2023. Toutefois, cette protection n'est pas aussi complète que pour les contrats individuels, regrette notamment l'Union sociale pour l'habitat. Cette aide, versée a posteriori, est plafonnée, comme l'explique le Médiateur national de l'énergie. Le bouclier tarifaire ne fonctionne donc à 100% que lorsque le plafond défini par la Commission de régulation de l'énergie est au moins égal au tarif du contrat signé entre le fournisseur et le bailleur.
Concernant les immeubles collectifs chauffés à l'électricité, un bouclier tarifaire a été annoncé le 29 novembre par le ministre du Logement. "Ce sera rétroactif, le gouvernement s'est engagé à ce qu'il y ait un bouclier sur 2022 et on travaille sur le bouclier 2023", a assuré Olivier Klein. Pour l'heure, les détails de cette mesure n'ont pas été dévoilés.
Les TPE de moins de 10 salariés dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 2 millions d'euros ont accès aux tarifs réglementés de l'électricité et bénéficient donc du bouclier tarifaire sur cette énergie. Pour en bénéficier, l’entreprise doit se rapprocher du fournisseur d’énergie, précise le ministère de l’Economie.
A compter du 1er janvier 2023, l’ensemble des PME, ainsi que les TPE non éligibles au bouclier tarifaire, pourront bénéficier de l’”amortisseur électricité”, une prise en charge partielle mais automatique de la facture des entreprises. “Concrètement, l’Etat prend en charge une partie de la facture d’électricité dès lors que le prix souscrit dépasse un certain niveau de prix”, explique le ministère de la Transition énergétique.
Certaines TPE et les PME pourront cumuler ce mécanisme avec le “guichet d’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz”. Les entreprises éligibles sont celles dont les dépenses d'énergie représentent 3% du chiffre d'affaires de 2021, après prise en compte de l’amortisseur, et dont la facture d'électricité a augmenté de plus de 50% par rapport à 2021.
Les risques de coupures d’électricité et leurs conséquences
Chaque jour, le gestionnaire du réseau, RTE, anticipe le niveau de consommation d'électricité des Français et, en parallèle, la quantité d'électricité disponible (issue de la production nationale et des importations). Des coupures programmées seront envisagées uniquement si le réseau électrique est très tendu et si l'électricité disponible ne permet pas de couvrir tous les besoins en France. Un signal rouge sera alors émis par la "météo de l'électricité", Ecowatt, gérée par RTE.
Dans ses prévisions mises à jour le 20 décembre 2022, RTE a abaissé à “moyen” le risque de tensions sur le réseau électrique français en janvier 2023. Alors que le gestionnaire alertait jusqu’ici sur un risque “élevé” pour cette période, il estime désormais que "la France aborde le cœur de l'hiver dans une situation plus favorable qu'au début de l'automne, et mieux préparée à faire face aux situations de tension." Ces prévisions rassurantes s'expliquent en partie par la baisse de la consommation d’électricité observée en décembre et la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires. Le risque pour la sécurité d'approvisionnement en électricité ne peut cependant pas être exclu "en cas de conditions météorologiques très défavorables", met en garde RTE.
Par ailleurs, même si un signal rouge est émis, "les coupures ne sont pas une fatalité", assure Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE. L'alerte sera déclenchée trois jours avant de potentiels délestages. Pour les éviter, les autorités appelleront à réduire la consommation d'électricité, tout particulièrement pendant les pics, entre 8 heures et 13 heures et entre 18 heures et 20 heures. Vous pouvez retrouver dans notre article tous les gestes utiles pour réduire la tension sur le réseau. "Jusqu'à la dernière seconde, si tous les Français font des écogestes, il n'y aura pas de coupure", martèle Xavier Piechaczyk.
En cas de tension sur le réseau électrique, c'est son gestionnaire, RTE, qui aura la responsabilité d’émettre les alertes et d'actionner le plan de coupures programmées, expose le gouvernement. La demande sera ensuite transmise au distributeur Enedis, qui devra mettre en œuvre les délestages dans les zones déterminées par RTE.
Trois jours avant de potentielles coupures, un signal rouge sera diffusé par Ecowatt, l’outil mis en place par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, qui permet d'alerter du risque d'une coupure de courant. Vous recevrez une notification si vous avez téléchargé l’application sur votre smartphone.
Le service d’inscription aux alertes par SMS n’est plus proposé par Ecowatt, mais les personnes déjà inscrites “recevront bien un SMS cet hiver en cas de risques de coupures”, précise le site. Si vous ne parvenez pas à télécharger l’application sur votre smartphone, de nombreux médias, dont ceux du groupe Radio France et France Télévisions, se sont engagés à relayer le signal rouge, lorsque le système électrique est très tendu. Ces alertes seront également consultables sur notre "météo" de l'énergie.
En cas de signal rouge à J-3, les autorités appelleront à réduire la consommation d'électricité, tout particulièrement pendant les pics de consommation (8h-13h et 18h et 20h), pour éviter le délestage.
Vous pouvez retrouver dans notre article tous les gestes utiles pour réduire la tension sur le réseau. Si les coupures sont inévitables, les Français pourront savoir s'ils sont concernés, la veille vers 17 heures, en renseignant leur adresse sur le site d’Ecowatt. Le site d'Enedis a également publié une carte qui sera mise à jour avec les zones concernées par les délestages.
Les coupures de courant, si elles sont bel et bien déclenchées, dureront deux heures par jour maximum. Elles auront lieu pendant les pics de consommation, c'est-à-dire entre 8 heures et 13 heures et entre 18 heures et 20 heures*. "Le délestage n'est pas permis le week-end, que très rarement le soir après 20 heures et jamais la nuit, sauf dans une situation exceptionnelle"*, précise le site vie-publique.fr.
Tout le territoire ne sera pas touché simultanément par une coupure : on parle de délestage "tournant". Les coupures seront, le cas échéant, planifiées par zone géographique de 2 000 clients en moyenne, regroupant des particuliers et des professionnels, alimentés par une même ligne électrique. Cela correspond à "un quartier en ville" ou à "plusieurs communes en milieu rural", précise le gouvernement sur sa page dédiée. Les éventuels délestages ne devraient pas toucher plus de quatre millions de clients en même temps.
Pour lisser l’effet des coupures sur tout le territoire, elles concerneront "une zone pendant deux heures, puis une autre, de façon alternative par souci d'égalité", détaille le site vie-publique.fr. Seule la Corse pourra être épargnée par une coupure programmée, précise le gouvernement. L'île n'est pas interconnectée au réseau électrique continental, comme l'explique France 3 Via Stella et elle dispose de sa propre production (énergies renouvelables, centrales thermiques), reliée à l'Italie.
Dans chaque département, les préfets établissent la liste des sites prioritaires qui ne seront pas concernés par les délestages. Il s'agit des hôpitaux, des services d’urgence, des commissariats et brigades de gendarmerie, des casernes de pompiers, des centres pénitentiaires ou de certaines infrastructures de transports, énumère le gouvernement. Certains sites industriels à risque ou stratégiques pour la défense nationale seront également exemptés.
Les clients qui sont raccordés à la même ligne électrique qu'un de ces sites prioritaires seront également préservés. "La coupure au cas par cas n'est pas possible. Elle se fait à distance : nous agissons sur la ligne électrique pour couper l'électricité. S'il se trouve qu'un site prioritaire est présent sur la ligne, alors les clients aux alentours seront exemptés de coupures", explique Enedis auprès de France 3 Paris Ile-de-France.
En cas de délestage programmé, dont la durée ne pourra pas excéder deux heures, un dispositif existe pour les patients à haut risque vital (PHRV), c'est-à-dire ceux qui sont sous assistance respiratoire plus de 20 heures par jour et les enfants sous nutrition parentérale (alimentés par intraveineuse). Les PHRV peuvent se signaler auprès de leur Agence régionale de santé (ARS). Celle-ci demandera de remplir deux formulaires, dont un certificat médical. Une fois ces formulaires enregistrés, les ARS communiquent les noms des personnes concernées aux distributeurs d'énergie.
"En cas de signal Ecowatt rouge, les gestionnaires de réseaux d'électricité prendront contact avec chacune de ces personnes", explique le ministère de la Santé à franceinfo. En l'absence de réponse la veille de la coupure, des agents se rendront sur place, vérifieront le matériel et s'assureront que les patients possèdent des batteries externes. Dans le cas contraire, "les services de secours procéderont si nécessaire à une évacuation préventive des personnes concernées vers l'établissement de santé le plus proche, ou un site prévu à cet effet disposant d'une alimentation électrique", poursuit le ministère.
Les personnes hospitalisées à domicile seront quant à elles prises en charge par leur centre hospitalier de référence, assure la direction générale de la santé. Enfin, les ARS précisent que les patients insuffisants respiratoires qui bénéficient d'une oxygénothérapie de plus de trois mois et de plus de 15 heures par jour ne sont pas inclus dans le groupe des patients à haut risque vital ou des hospitalisations à domicile. Pour ces personnes, un service d'astreinte est prévu par leur fournisseur d'oxygénothérapie ainsi que, à la demande du médecin, la mise à disposition d'une bouteille d'oxygène médical gazeux de secours.
Les délestages pourraient toucher les antennes relais et perturber les communications téléphoniques, reconnaît le gouvernement. L'accès aux numéros d'urgence comme le 15, le 17 ou le 18 pourra donc être affecté. En cas de coupure et en l'absence de réseau, il sera recommandé de composer le 112 pour joindre les secours. Les appels vers ce numéro d'urgence européen passent par l'antenne relais disponible la plus proche de chez vous, même si ce n'est pas celle de votre opérateur.
Dans sa circulaire transmise aux préfets, le gouvernement reconnaît cependant que le 112 pourrait également être inaccessible dans certains territoires ruraux faiblement équipés en antennes relais. Les préfets auront accès à une cartographie de ces "zones blanches", fournie par les opérateurs. Elle leur permettra de s’adapter en organisant des gardes dans les commissariats, les gendarmeries, les casernes de pompiers, pour qu'en cas de problème les habitants concernés puissent aller chercher du secours. Des patrouilles pourront également être mises en place.
En cas de délestage, l’alimentation de la box internet de votre logement sera coupée. Vous ne pourrez donc pas vous connecter à internet via le wifi ou par un câble Ethernet. Il pourrait également s’avérer compliqué de passer par la 4G ou la 5G de votre smartphone, car les antennes relais des opérateurs téléphoniques seront aussi concernées par les coupures, comme l’expliquent le gouvernement et l’opérateur Orange.
Comme le prévoit la circulaire transmise aux préfets, les écoles concernées par un délestage le matin n'accueilleront pas les enfants jusqu’à la mi-journée. Les collèges et lycées pourront également être touchés par des coupures en fin d’après-midi. "Les délestages programmés vont en effet toucher les écoles et les établissements scolaires, selon trois créneaux : 8h-10h, 10h-12h et 18h-20h", précise le ministre de l'Education.
Les écoles "situées à proximité de structures qui ne subiront pas les délestages" pourront "accueillir les enfants de personnels prioritaires, selon un schéma qui a d'ailleurs été expérimenté pendant la crise sanitaire", ajoute le ministre. En cas de coupure le matin, les élèves pourront retourner à l'école l'après-midi. Des échanges entre le ministère de l'Education et les collectivités territoriales sont en cours "pour savoir comment on s'organise pour la cantine et les transports scolaires en milieu de journée", explique Pap Ndiaye.
Une partie du réseau ferroviaire (signalisation, éclairage des gares et des quais) risque d'être affectée par d'éventuels délestages. Pour éviter que des voyageurs soient bloqués en pleine voie parce que la signalisation est coupée, des trains pourraient être annulés. "On ne laissera pas partir un train ou un métro s'il y a un risque de coupure", a assuré le 3 décembre 2022 le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune sur RTL.
"Dans le cadre des travaux de préparation à d'éventuels délestages électriques cet hiver, SNCF Réseau travaille en lien avec le gouvernement et RTE à une stratégie nationale d'approvisionnement électrique du réseau ferroviaire", a pour l'instant annoncé la compagnie ferroviaire. Un recensement des points sensibles du réseau est en cours.
Quant aux transports en commun dans les villes, comme les métros ou les tramways, les situations sont variables. En Ile-de-France, la RATP assure que le RER et le métro seront "peu impactés", car ils bénéficient de canaux d'alimentation spécifiques. Concernant les tramways, l'opérateur Transdev, qui en exploite neuf en France, dont Grenoble, Montpellier et Nantes, se prépare "à l'éventualité de coupures partielles ou totales de l'alimentation électrique". Des plans de transports adaptés vont être mis en place, qui pourront prévoir des réductions de fréquences ou l'arrêt des lignes de trams et leur remplacement temporaire par des bus.
Les Français seront invités à “limiter leurs déplacements” durant les deux heures de coupure, prévient le gouvernement. La circulaire transmise aux préfets fait notamment état de risques d’arrêt des feux tricolores et de l'éclairage public en cas de délestages.
Vinci Autoroutes assure pour sa part que les péages continueront de fonctionner, car ils “bénéficient de systèmes d'alimentation sur batterie ou sur onduleur qui les prémunissent contre les coupures de courant”. La société Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) déclare également disposer de "groupes électrogènes” et “de batteries" pour faire face à ces situations.
Les magasins ne sont pas considérés comme des sites prioritaires et pourront donc être concernés par les coupures de courant. Pour des raisons de sécurité, les magasins situés sur une zone de délestage ne pourront pas accueillir de clients et seront donc fermés temporairement, comme l'explique le délégué général de la fédération des enseignes de la grande distribution à franceinfo. “Les magasins concernés assureront une communication auprès de leurs clients”, rassure de son côté la Fédération du commerce et de la distribution auprès du magazine LSA.
En cas de coupure programmée, le gouvernement invite à “anticiper la non-disponibilité de certains services du quotidien”, dont les distributeurs automatiques de billets (DAB). Sinon, même si l’Hexagone dispose de près de 49 000 distributeurs, il faudra peut-être vous armer de patience pendant quelques heures dans certaines zones, le temps du délestage.
Le gouvernement déconseille de monter dans un ascenseur “quelques minutes avant l’heure de la coupure.” En effet, “une coupure de l’alimentation électrique du bâtiment ou une mesure de délestage entraînerait l’arrêt de l’ascenseur”, explique la Fédération des ascenseurs. Les équipements situés dans les sites prioritaires, comme les hôpitaux, ne seront pas concernés par les délestages. Enfin, dans les “immeubles de grande hauteur“ (à partir de 50 mètres de hauteur pour les immeubles d’habitation, 28 mètres pour les autres), “les ascenseurs sont considérés comme des équipements prioritaires” et pourront continuer de fonctionner, soit par raccordement à une ligne électrique secondaire, soit via un groupe électrogène, précise la fédération.
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