"Énergie du pouvoir d'achat", exploitation des forêts… Les granulés de bois sont-ils une bonne solution pour se chauffer ?
Quel sera le montant de la facture l'année prochaine ? À la recherche d'économies et de recettes pour son budget 2025, le gouvernement de Michel Barnier souhaite notamment remonter la taxe sur l'électricité. L'exécutif promet que la majorité des Français vont au final payer moins cher leur facture, la note pourrait s'avérer salée dans certains cas.
Parmi les solutions pour les ménages, il y a le chauffage aux granulés de bois appelés aussi pellets de bois. "On est l'énergie du pouvoir d'achat", affirme Eric Vial, délégué général de Propellet, l'association des professionnels du chauffage aux granulés.
Connu pour être stable, le prix du bois a cependant connu une forte hausse, liée notamment à la guerre en Ukraine. "Il y a eu une panique en 2022, explique Eric Vial. Les prix n'auraient jamais dû monter. Maintenant, on retrouve des prix similaires à peu près à ce qu'il y avait avant la crise." Une évolution du prix qui permet à la profession d'affirmer que le pellet est, aujourd'hui, la solution la moins chère sur le marché.
Dans les points de ventes, le prix du sachet de 15 kg est revenu aux alentours de 4,50 à 5 euros. "Après les périodes de promotion d'été, cela remonte un peu", prévient le délégué général de Propellet. Un retour "à la normale" qui pourrait de nouveau séduire les Français. Car après des années d'augmentation, les ventes des appareils à granulé ont largement baissé en 2023 avec -63,2% pour les poêles et -74% pour les chauffages.
Une industrie dangereuse pour nos forêts ?
Si la récente hausse des prix peut expliquer cette baisse d'achat, les Français ont peut-être aussi été refroidis par les critiques sur les conséquences écologiques de ce type de chauffage. "Toute production d'énergie à ses impacts, souligne Manon Vitel de l'Ademe, référente sur le chauffage domestique au bois. Le chauffage aux granulés de bois est considéré comme une énergie renouvelable puisque cela permet d'éviter le recours aux énergies fossiles, mais il y a des conséquences sur l'environnement comme toutes les énergies."
Un des aspects à ne pas négliger concerne la qualité de l'air. "Mais cet impact peut largement diminuer, si les installateurs et les utilisateurs ont des bonnes pratiques", rappelle Manon Vitel. Entretien, label, condition de stockage ou dimensionnement de l'appareil doivent être vérifiés rappelle l’Ademe. Quand il y a une bonne utilisation, les émissions de particules fines sont éloignées de celles des anciennes cheminées ouvertes.
La production de granulés de bois participe aussi à une exploitation des ressources forestières qui est critiquée par les défenseurs de l'environnement. Dans la Creuse, une manifestation, samedi 5 octobre, a réuni plus de 2 000 personnes contre l'extension d'une scierie en Corrèze et le projet d'une usine de pellets à Guéret, rapporte France Bleu.
Ces "méga projets" sont considérés par l'un des porte-paroles de la manifestation comme "de véritables machines à déforester, qui ne s'alimentent qu'avec du bois de coupes rases de feuillus et qui vont rejeter du carbone dans l'atmosphère".
Parmi les principaux griefs, la question des fameuses coupes rases. Cette méthode consiste à abattre tous les arbres d'une parcelle pour ensuite les replanter. Elle est devenue le symbole d'une sylviculture industrielle qui détruit la forêt. Une vision rejetée par les professionnels. "Quand on coupe un arbre, la priorité est de faire du bois d'œuvre, c'est-à-dire des poutres, des planches, des meubles, car c'est cela qui rapporte le plus. Le reste fera du panneau ou du papier et ce qui restera en dernier fera du granulé", argumente Eric Vial qui rappelle que le granulé est constitué en large partie de sciure de bois. "Sur les 36 millions de tonnes sèches prélevées en forêt, les granulés ne représentent que 5,8%, insiste le délégué général de Propellet. Sauf que ce n'est pas du bois qui est pris directement en forêt mais après que l'arbre a été coupé pour faire du bois d'œuvre."
La filière française est en tout cas confiante pour l'avenir avec trois à quatre nouvelles usines de prévues en 2024.
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