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Le coût de l'énergie "représente 40% de notre chiffre d'affaires", indique le président de Duralex, contraint de suspendre la production de son usine

Le verrier Duralex assure avoir "pu faire déjà l'acquisition d'énergie pour le deuxième trimestre de l'année prochaine", ce qui lui permettra une reprise de l'activité au printemps. Mais pour l'hiver, les prix du gaz et de l'électricité étaient trop exorbitants pour pouvoir produire.

Article rédigé par franceinfo
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Duralex est une entreprise française, implantée à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le département du Loiret, qui fabrique de la vaisselle en verre trempé. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Le coût de l'énergie"représente 40% de notre chiffre d'affaires, c'est impossible de continuer à produire", explique vendredi 2 septembre sur franceinfo José-Luis Llacuna, le président de la verrerie Duralex qui a décidé de mettre en veille durant quatre mois "minimum" la production de son usine située à la Chapelle-Saint-Mesmin dans le Loiret. Une grande partie des 250 salariés de l'entreprise vont être mis en chômage partiel à partir du 1er novembre. "A priori, si on met en veille le four, si on développe le chômage partiel, si on fait le dos rond pour traverser ce tunnel et si les choses se stabilisent, la société va survivre à partir de l'année 2023", a-t-il espéré. 

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franceinfo : Que veut dire "mettre en veille" votre production ?

José-Luis Llacuna : Nous sommes un four verrier qui ne peut pas s'arrêter puisque le verre risque de se figer. Dans cette énorme piscine, nous chauffons de la silice à 1 500 degrés. Ce process de chauffe génère une consommation énergétique très importante. Mais vu de cette flambée des prix impressionnante qui a commencé déjà l'année passée et qui s'est fortement exacerbée avec la guerre en Ukraine, nous devons être responsables.

"Pour des raisons purement financières, parce que les prix de l'électricité et du gaz mettent en péril l'entreprise et l'emploi, nous sommes obligés de mettre en veille ce four."

José-Luis Llacuna, le président de la verrerie Duralex

à franceinfo

On va arrêter de produire mais laisser le four vivant et respirer, puisqu'un arrêt total représenterait la mort technique de toute la société.

Quel est le coût de l'énergie dans votre production ?

Depuis le début 2021 et c'est prévu jusqu'en 2023, les prix de l'électricité sont multipliés par 22, le gaz par 18.

"L'énergie représentait de 5 à 7% de notre chiffre d'affaires il y a un an. Aujourd'hui, cela représente 40%."

José-Luis Llacuna

à franceinfo

Autant vous dire qu'à ces prix-là, c'est impossible de continuer à produire et cela met en péril la pérennité des entreprises.

Vos salariés vont être tous au chômage partiel ?

À partir du 1er novembre, les 250 salariés de la société Duralex, malheureusement, seront en chômage partiel. Bien sûr, certains seront moins touchés parce qu’on continue notre activité commerciale, notre activité logistique. Nous avons des stocks suffisants pour livrer tous les clients sans problème pendant la période de l'arrêt du four, qui est prévue pour une durée minimum de quatre mois. Quatre mois étant la période où les pics des prix de l'énergie et notamment d'électricité, sont prévus les plus élevés de notre histoire moderne récente.

Avez-vous la certitude de pouvoir reprendre l'activité au printemps ?

Ce qui est aberrant dans cette situation, c'est que la société fonctionne. La société marche bien. Elle progresse en chiffre d'affaires de 30 à 40% pour cette année par rapport à l'année passée. Nous avons pu faire déjà l'acquisition d'énergie pour le deuxième trimestre de l'année prochaine. Nous avons fait l'acquisition d'énergie à des prix très élevés, mais acceptables, qui n'ont rien à voir avec les prix auxquels on va être soumis pendant les mois de novembre, décembre, janvier, février et mars de l'année prochaine.  Nous allons pouvoir produire dans des conditions difficiles, mais acceptables.

La survie de votre entreprise n'est pas menacée ?

Tout dépendra aussi de l'évolution de la demande. Comment le consommateur va réagir à cette période très anxiogène, qui génère en fait une sensible baisse de la demande dans certaines catégories ? Mais a priori, si on met en veille le four, si on développe le chômage partiel, si on fait le dos rond, pour traverser ce tunnel, normalement, si les choses se stabilisent, nous devrions avoir une vision claire que la société va survivre à partir de l'année 2023. Mais on n'est pas à l'abri d'autres surprises. 

Demandez-vous le retour d'aides de l'État comme autant du Covid-19 ?

Nous devons frapper à toutes les portes. Nous avons besoin d'aides. Tout le secteur verrier mais aussi tout le secteur français énergivore a besoin de trouver des solutions et des mécanismes pour acheter l'électricité et le gaz à un prix qui soit autre. Il existe aujourd'hui des mécanismes, mais qui sont largement insuffisants en vue de cette flambée des prix.

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