Le patron de TotalEnergies se montre sceptique sur l'essor rapide de l'hydrogène vert

"Reconnaissons que nous n'en sommes qu'au stade embryonnaire", a déclaré Patrick Pouyanné, dimanche, au forum économique mondial à Riyad.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le PDG de TotalEnergies au Forum économique mondial, à Riyad (Arabie saoudite), le 28 avril 2024. (FAYEZ NURELDINE / AFP)

Le PDG du géant français de l'énergie TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s'est montré sceptique quant au déploiement rapide de l'hydrogène vert, dimanche 28 avril au Forum économique mondial à Riyad (Arabie saoudite). Souvent présentée comme le Graal de la décarbonation, la filière de l'hydrogène bas carbone (produit à partir d'électricité d'origine renouvelable ou nucléaire) peine à décoller. En cause : une demande très incertaine et le faible déploiement des électrolyseurs, des machines qui extraient l'hydrogène de l'eau grâce à un courant électrique.

Comme l'a expliqué franceinfo, pour l'instant, 95% des atomes d'hydrogène que nous utilisons sont issus de molécules d'hydrocarbures : c'est ce qu'on appelle l'hydrogène gris. Il est également possible de récupérer des atomes d'hydrogène en cassant des molécules d'eau par électrolyse, en utilisant de l’électricité renouvelable : c'est là qu'il s'agit d'hydrogène vert. Mais le procédé étant onéreux, il reste largement minoritaire.

"Pour être clair, il n'y a aucun moyen de réduire le coût de l'hydrogène vert s'il ne s'agit que d'un marché de niche", pour les raffineries par exemple, a déclaré le PDG. "Si nous n'avons pas de marché (...) pour les transports, il sera très difficile de faire baisser les coûts", a-t-il estimé.

Pouyanné compte sur les biocarburants

"Reconnaissons que nous n'en sommes qu'au stade embryonnaire et cessons de parler de 10, 20 millions de tonnes", a déclaré le PDG de TotalEnergies en référence aux objectifs très ambitieux de l'Union européenne pour la production annuelle. 

La Commission européenne dit vouloir produire 20 millions de tonnes d'hydrogène bas carbone par an dès 2030. Mais une étude du Commissariat à l'énergie atomique français a estimé, le mois dernier, que la demande industrielle en hydrogène bas carbone s'élèverait à seulement 2,5 millions de tonnes par an d'ici 2030 et 9 millions de tonnes en 2040.

Selon Patrick Pouyanné, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut d'abord miser sur les biocarburants obtenus à partir de la biomasse, des matières premières d'origine végétale, animale ou issues de déchets.

Quant au carburant d'aviation durable, aussi appelé SAF, le PDG estime là aussi que "le meilleur moyen" est de le produire à partir de biomasse, "pas de sauter sur l'hydrogène vert" pour faire des carburants de synthèse (e-carburants).

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