Prix de l'énergie : pour les producteurs de fruits et légumes, "l'angoisse est au maximum", selon un représentant de l’interprofession
Un quart des entreprises du secteur doivent actuellement renouveler leur contrat d'électricité. Mais les prix ont explosé et les agriculteurs demandent le soutien de l'Etat pour renégocier ces tarifs.
Certains producteurs de fruits et légumes ont vu leur facture d'électricité multipliée par 10 alors qu'ils doivent conserver leur récolte dans des frigos. "Ce n'est plus tenable, l'angoisse est au maximum", alerte vendredi 23 septembre sur franceinfo Daniel Sauvaitre, secrétaire général de l’Interprofession des fruits et légumes frais (Interfel) et président de l’association nationale Pommes Poires.
Emmanuel Macron a conseillé jeudi aux entreprises et collectivités à ne pas signer des contrats d'énergie à des prix exorbitants en attendant une renégociation des tarifs. Mais certains producteurs ont déjà renouvelé leur contrat qui arrivait à échéance. "Ils s'en mordent les doigts et ils ne savent pas comment revenir sur cet arrêt de mort qu'ils ont déjà signé" dans "la panique", déplore Daniel Sauvaitre.
Dans quelle situation se trouvent aujourd'hui les producteurs de fruits et légumes ?
Daniel Sauvaitre : Ce n'est plus tenable. Depuis plusieurs semaines, les producteurs sont extrêmement inquiets quand ils sont obligés de renouveler leur contrat d'électricité pour ceux dont le contrat arrive à terme à la fin 2022. Ça représente à peu près le quart des exploitations fruitières et légumières. Les propositions qui leur sont faites- certains ont déjà signé- sont tout simplement faramineuses. Et évidemment, l'angoisse est au maximum parce que chacun attend une aide, mais ils ne la voient pas venir et savent pertinemment que si la facture doit être payée au niveau où ils viennent de signer, cela signifie la mort de leur activité.
Quels sont les montants des factures ?
Personnellement, j'ai la chance d'avoir un contrat qui dure jusqu'à la fin 2023. Je paie 50 euros du mégawatt.
Aujourd'hui, si je devais renégocier comme certains de mes collègues, je serais aux environs de 600 euros du mégawatt. Ça fait 12 fois plus. Cela veut dire que j'aurai une facture globalement qui passerait de près de 200 000 euros à 1,2 million.
Daniel Sauvaitreà franceinfo
Un million d'euros d'écart, je peux vous assurer que nous n'avons pas les moyens en résultat de pouvoir supporter cette charge. Ça serait évidemment la fin de l'activité.
Combien de producteurs sont dans cette situation de renégocier leur contrat ?
Aujourd'hui, on considère que c'est à peu près le quart des entreprises. On a fait une enquête assez précise au sein de l'association nationale Pommes Poires. Certains ont déjà signé, d'autres ont entendu le message du président de la République, qui leur a conseillé de ne pas signer. Ceux qui ont déjà signé demandent de pouvoir remettre en cause la signature qu'ils ont déjà dû faire, puisqu'ils sont encore plus exaspérés aujourd'hui de savoir que ces mesures qu'ils attendaient pourraient arriver alors que dans la panique quand ils ont vu le mégawatt passer à 1 000 euros la semaine suivante, ils ont été amenés à signer. Aujourd'hui, ils s'en mordent les doigts et ils ne savent pas comment revenir sur cet arrêt de mort qu'ils ont déjà signé.
Qu'attendez-vous du gouvernement ?
On n'a jamais rencontré une situation où, brutalement, en quelques semaines, on peut avoir une magnifique entreprise qui se trouve contrainte d'arrêter son activité parce que, tout simplement, elle ne peut pas payer en un mois la facture qu'elle paie d'habitude chaque année. Chacun peut comprendre que ce n'est pas supportable. D'ailleurs, le président l'a exprimé très clairement hier. Chacun a entendu de sa bouche le fait qu'il a indiqué que les propositions qui sont faites sont tout à fait abracadabrantesques et qu'il ne faut pas les signer. On attendait cette parole impatiemment et maintenant, nous souhaitons qu'elles soient suivies d'effet. Nous souhaitons, surtout que ceux qui ont été contraints, dans la panique, de croire qu'il valait mieux signer parce que ça pouvait être encore pire demain, qu'ils puissent remettre en cause les contrats qu'ils ont dû signer dans la panique.
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