: Reportage Le premier parc éolien en mer sort progressivement de l'eau à Saint-Nazaire avec "un mois d'avance"
De l'électricité a été produite pour la première fois en France cette semaine au large de Saint-Nazaire. Une première avant la construction annoncée de cinquante autres parcs éoliens le long des côtes de France.
Encore en phase de test, la première éolienne du parc de Saint-Nazaire à fonctionner, paraît irréelle. Ses pales, qui se déplient sur soixante-quinze mètres, semblent même hésiter à tourner. Pourtant, cette semaine, l'immense machine a produit de l'électricité : une première en France pour des éoliennes en mer. Et le prélude d'un vaste programme qui prévoit la construction de cinquante autres champs en mer, le long des côtes françaises.
"Quatre-vingt fondations ont été installées en un an à peine", relate Céline Beaudon, cheffe de projet pour EDF renouvelables qui a bien du mal à cacher sa fierté : "Nous avons un mois d'avance sur le planning prévisionnel". Déjà 27 éoliennes ont été plantées sur ces fondations. Les câbles qui doivent former une toile d'araignée sous-marine sont en cours de pose. C'est cette toile qui reliera chaque mât à une sous-station électrique, sorte de bâtiment sur la mer qui va récolter toute l'électricité pour la redistribuer "via deux câbles" jusqu'à la plage de la Courance, avant de partir dans le réseau national.
Des navires aux formes étranges circulent entre les mâts blancs, les câbles filent derrière eux comme de longs cordons. Baptise Chanson, de Louis Dreyfus Armateurs, s'occupe de cette opération, pas toujours simple en mer. "Nous mettons une journée pour relier deux fondations entre elles... Il faut donc être très vigilant avec la météo. Nous avons des procédures en cas de soudain mauvais temps, pour réussir à poser le câble et aller s'abriter".
Développer une nouvelle filière maritime française
Le chantier a permis de trouver des solutions pour les prochains parcs en mer, des solutions techniques, comment poser des câbles sans fracturer les fonds rocheux, et des solutions de concertation pour permettre aux pêcheurs de continuer à travailler. Il a aussi fait émerger une nouvelle filière maritime, selon Gaël Caillaux, directeur des activités énergies renouvelables à Louis Dreyfus Armateurs. "En France, il y a une très forte culture maritime, associée à la pêche et aux loisirs. Mais la culture d'industrie en mer, de construction de champs éoliens, cela n'existait pas".
Le premier essai de Saint-Nazaire a facilité la mise en place d'un ensemble de normes, "tout ce qui concerne l'aspect réglementaire associé aux conditions de travail, à l'adaptation des codes de construction des navires, c'est quelque chose que l'on a construit au fil de l'eau avec les autorités". Le champ de Saint-Nazaire fonctionnera à plein régime en décembre. Il produira 480 mégawatts, un peu moins de la moitié d'un réacteur nucléaire.
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