Achat d'Uramin : un audit interne d'Areva blanchit Anne Lauvergeon
Anne Lauvergeon se défend depuis des mois d'avoir dissimulé des éléments à l'Etat et au conseil de surveillance du groupe lors du rachat de la société minière par Areva, aujourd'hui considéré comme une très mauvaise affaire.
C'est une victoire pour Anne Lauvergeon : un audit interne d'Areva conforte la défense de l'ancienne patronne de l'entreprise dans l'affaire Uramin. Un comité formé par le groupe nucléaire s'est penché sur les conditions d'acquisition de la société minière Uramin, aujourd'hui considérée comme un très mauvais achat pour Areva. S'il a relevé des "dysfonctionnements" en matière de gouvernance, il n'a pas trouvé trace de fraude, a annoncé mardi 14 février Areva.
L'ex-directrice générale d'Areva s'est réjouie de ce dénouement. "L'intérêt stratégique de l'acquisition d'UraMin est reconnu. (...) La création de valeur dans les mines sous ma présidence est reconnue. Je constate la disparition complète de toutes les accusations formulées contre moi", a-t-elle déclaré au Figaro.
FTVi revient sur cette affaire complexe, qui envenime depuis plusieurs mois les relations entre le groupe nucléaire français et son ancienne patronne.
• De quoi s'agit-il ?
Le rachat de la société minière Uramin par Areva, réalisé pour 2,5 milliards de dollars (1,8 milliards d'euros de l'époque) en 2007, secoue le groupe nucléaire français depuis la fin 2011. Mais après le départ de sa dirigeante, Anne Lauvergeon, évincée avec l'aval de l'Elysée, Areva a divisé par cinq la valeur comptable d'Uramin, qui possède des gisements dans différents pays.
Le groupe aurait largement surévalué les réserves d'uranium présentes dans les mines d'Uramin, payant beaucoup trop cher les actifs en question.
• Quels soupçons pesaient sur Anne Lauvergeon et l'ancienne direction ?
Les détracteurs d'Anne Lauvergeon la rendent responsable de cet investissement désastreux. Mais certains vont même plus loin et l'accusent d'avoir dissimulé certains éléments au conseil de surveillance et à l'Etat actionnaire au moment de l'achat.
L'ancienne patronne du nucléaire français a contre-attaqué en décembre en portant plainte pour écoute illégales après la révélation d'enquêtes d'un cabinet suisse, Alp Services, diligentées sur elle et son mari, consultant en énergie, et dont certains pensaient qu'il avait joué un rôle dans la transaction.
Selon le JDD, elles auraient été effectuées pour le compte d’Areva à la demande de Sébastien de Montessus, actuel patron de la division mine du groupe. Anne Lauvergeon accuse d'ailleurs ce dernier d'avoir lui-même omis de transmettre les informations dont il est question dans le dossier, et notamment des rapports miniers mettant en évidence les risques liées aux mines d'Uramin. Selon Capital.fr, il serait sur le départ après les conclusions de l'audit.
• Quelles sont les conclusions du rapport ?
Lancé mi-décembre, cette enquête interne devait permettre d'éclairer plusieurs points : la pertinence de l'investissement à l'époque, et la bonne gestion du dossier par la direction, dont Anne Lauvergeon.
Selon les auditeurs, "le processus d'acquisition retenu et ses conditions de mise en œuvre révèlent certains dysfonctionnements dans la gouvernance d'Areva", notamment un "calendrier très volontariste" de mise en exploitation et des investissements imprudents. Mais le comité "n'a eu connaissance d'aucun élement accréditant la thèse de manœuvres frauduleuses". Le conseil de surveillance du groupe, qui a examiné le rapport mardi, a conclu que cela ne remettait pas en cause "la sincérité et la régularité des comptes" du groupe.
Ces conclusions disculpent donc en grande partie l'ex-patronne du groupe, dont la gestion peut être critiquée, mais plus ouvertement attaquée par le groupe.
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