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Usine Bridgestone de Béthune : les déclarations du gouvernement "donnent de l'espoir", réagit le maire de la ville

La ministre déléguée à l'Industrie a indiqué, lundi sur LCP, que l'État est "prêt à investir" aux côtés de Bridgestone pour "donner un avenir au site" de Béthune, menacé de fermeture.

Article rédigé par franceinfo
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Lors d'une manifestation contre la fermeture annoncée du site Bridgestone devant l'usine de Béthune (Pas-de-Calais), le 4 octobre 2020 (photo d'illustration). (DENIS CHARLET / AFP)

"Ça donne de l'espoir, mais on ne l'avait pas perdu, et j'allais dire que c'est conforme aux engagements pris à Béthune", réagit mardi 12 octobre sur franceinfo Olivier Gacquerre, maire UDI de Béthune (Pas-de-Calais), après les propos lundi soir sur LCP d'Agnès Pannier-Runacher. La ministre déléguée à l'Industrie a assuré que l'État était "prêt à investir" au côté de Bridgestone pour "donner un avenir au site", dont le fabricant japonais a annoncé la fermeture le mois dernier. Une nouvelle réunion entre le gouvernement, les syndicats et les élus locaux est programmée lundi afin d'explorer des pistes alternatives à la fermeture du site.

franceinfo : Les déclarations de la ministre sont en mesure de vous rassurer ?

Olivier Gacquerre : Oui, ça donne de l'espoir, mais on ne l'avait pas perdu et j'allais dire que c'est conforme aux engagements pris ici à Béthune, lors de la venue ministérielle et de la rencontre que nous avons eue avec les élus locaux, mais aussi les organisations syndicales. Je ne pense pas que la direction locale soit à l'écoute des propositions qui sont faites, car sa feuille de route, c'est la fermeture, et ça on l'a bien compris.

Pour nous, l'interlocuteur local n'est pas le bon, il faut voir d'abord du côté d'Europe, pour étudier d'autres scenarios, notamment celui du maintien d'une activité à plus forte valeur ajoutée.

Olivier Gacquerre, maire de Béthune

à franceinfo

On a pris l'engagement, madame la ministre, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand et moi-même, éventuellement d'aller jusqu'au Japon pour défendre le cas de Bridgestone France.

Ça demande de très gros investissements ces scenarios ?

Je n'ai pas tous les chiffres en tête et c'est bien le travail que doit mener le cabinet Accenture, de bien donner les fourchettes liées d'abord à l'investissement et puis au plan d'adaptation de l'usine. Vous avez bien compris qu'il faut changer de produit, et ensuite changer de process, de procédés de fabrication, et donc que tout cela demande du temps et de l'argent. À Bari en Italie, en 2013, la direction japonaise avait décidé finalement de rester sur place après l'annonce de la fermeture de la firme italienne. Il y a eu dans la foulée une discussion avec notamment la puissance publique italienne, qui est intervenue à hauteur de 40 à 50 millions d'euros pour moderniser l'outil de production.

Je pense que quand on regarde aujourd'hui à Béthune le coût de la fermeture, à la fois humain, mais aussi le coût logistique - c'est-à-dire la partie bâtiment, terre, dépollution et autres - avec une usine qui a plus d'un kilomètre de long, je peux vous dire que ça se chiffre en plusieurs dizaines, voire centaines de millions d'euros. Donc, je pense qu'entre le coût d'une fermeture, plus éventuellement l'enveloppe supplémentaire d'argent public qui pourrait être posé à côté, le tout additionné, on peut à mon sens se donner l'occasion de redéployer un outil performant et compétitif sur le site de Béthune.

Qu'est-ce qui manque alors pour convaincre le groupe ?

D'une part, sa volonté de rester sur le site, et puis surtout, de redéployer ses activités européennes. J'ai bien compris qu'il s'agissait d'une stratégie européenne et pas que sur le site situé dans le Pas-de-Calais. Béthune a fait, à mon sens, l'objet d'arbitrage depuis de nombreuses années maintenant, avec une stratégie d'assèchement, et finalement, je pense qu'il y a plus de deux ans que le groupe Bridgestone, notamment européen, avait pour objectif de fermer le site.

Béthune est aujourd'hui le souffre-douleur d'une stratégie de long terme accélérée par le Covid-19 qui ne facilite pas le marché sur des produits de faible valeur ajoutée, mais ce n'est pas le coronavirus qui a provoqué la chute de Béthune.

Olivier Gacquerre, maire de Béthune

à franceinfo

Avec le recul, j'estime que l'entreprise n'a pas misé finalement sur la culture industrielle locale, et je pense qu'à l'échelle européenne, le directeur de Béthune n'a pas bien vendu le site, ne l'a pas défendu, pour dire les choses autrement.

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