"Cela s'est vraiment installé dans les pratiques" : près d'un cadre sur deux démissionnerait en cas de suppression du télétravail, selon une étude

Article rédigé par Noémie Lair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les deux tiers des cadres télétravaillent au moins un jour par semaine, révèle l'étude de l'Apec publiée mardi 12 mars 2024 [photo d'illustration]. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)
Quatre ans après le télétravail forcé pendant le confinement dû au Covid-19, le travail à distance est entré dans les mœurs, selon une étude de l'Apec (l'Association pour l'emploi des cadres), publiée mardi.

Cela fera quatre ans en fin de semaine que le premier confinement a forcé une large partie des Français à travailler à domicile. Aujourd'hui, la pratique n'est plus forcée mais largement adoptée, révèle une étude de l'Apec (l'Association pour l'emploi des cadres), publiée mardi 12 mars. Cette enquête confirme que la diminution du temps passé dans les transports, la possibilité de travailler au calme ou encore la flexibilité des horaires font du télétravail une pratique désormais plébiscitée par les cadres.

À tel point que près d'un cadre sur deux interrogés dans cette étude de l'Apec démissionnerait si la possibilité de faire du télétravail était supprimée dans son entreprise. "Le télétravail s'est vraiment installé dans les pratiques et est fortement apprécié" par les cadres, indique Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle étude de l'Apec, interrogé sur franceinfo.

franceinfo : Quels sont les chiffres du télétravail des cadres aujourd'hui en France ?

Gaël Bouron : Les deux tiers des cadres télétravaillent aujourd'hui au moins un jour par semaine contre seulement 20% en février 2020, avant le premier confinement. On voit donc bien que le télétravail s'est vraiment pérennisé et installé et que les cadres apprécient fortement d'y avoir accès. Seulement 6% d'entre eux souhaiteraient moins télétravailler et ils sont nombreux, à l'inverse, à vouloir télétravailler davantage.

Y a-t-il moins de candidats lors des recrutements quand la possibilité de télétravailler n'est pas proposée ?

La très grande majorité des cadres indique qu'ils seraient mécontents si leur entreprise réduisait ou supprimait l'accès au télétravail. On a même six jeunes cadres sur dix qui déclarent qu'ils démissionneraient si l'accès au télétravail était supprimé. Quand on sait que ces jeunes cadres sont très prisés sur le marché de l'emploi, un retour en arrière sur le sujet serait très délicat pour les entreprises, qui risqueraient de perdre leurs talents. Aujourd'hui, 50% des cadres seulement seraient prêts à rejoindre une entreprise qui ne propose pas de télétravail, donc en n'en proposant pas, une entreprise se prive de la moitié des candidats potentiels. Elles sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses à mentionner les possibilités de télétravail dans leurs offres d'emploi.

La perception du télétravail est très positive. Pour autant, existe-t-il des limites ?

Trois principaux axes d'optimisation sont identifiés par les cadres. Le premier, c'est la question du brouillage des frontières entre vie personnelle et vie professionnelle. Mais ce qui est un peu plus nouveau, c'est sur l'aspect fonctionnement des collectifs de travail : on voit bien qu'il n'est pas toujours évident de faire travailler des collectifs en mode hybride. Et puis il y a la question de l'évolution professionnelle et le fait que le télétravail pourrait entraver l'évolution des jeunes cadres, à cause de l'isolement, par crainte de rater des informations importantes, parce qu'il y a peut-être plus de difficultés à demander de l'aide à des collègues ou encore par peur de rater des opportunités professionnelles en étant un peu éloignés du bureau. Mais les jeunes cadres comme les plus âgés sont une très grande majorité à percevoir plus d'avantages que d'inconvénients au télétravail.

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