Cocaïne, kalachnikov et marins complices : des bateaux de la SNCM au service du banditisme
Huit marins de la société de transport maritime, en redressement judiciaire, comparaîtront le 10 juin pour divers trafics.
La SNCM n'avait pas besoin de ça. L'avenir de la compagnie, en redressement judiciaire, est plus qu'incertain et quelque 1 500 salariés attendent une offre de rachat solide. Mais le 10 juin s'ouvre le procès de huit d'entre eux, au tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône). Ils sont soupçonnés d'avoir participé à un vaste trafic de drogues et d'armes entre la Corse et le continent, explique Le Parisien, dimanche 17 mai.
Les documents consultés par le journal "détaillent une organisation quasi mafieuse". "Une quarantaine de kilos de drogue, de toute nature, auraient ainsi transité par cette filière, à l'abri des cabines des marins mis en cause", écrit le quotidien, dans un autre article consacré à l'enquête. Il s'agit principalement de cocaïne et de résine de cannabis. "On laissait tous nos cabines ouvertes", témoigne un des prévenus, qui reconnaît avoir tiré des avantages de ces services rendus.
Un syndicaliste au cœur de l'enquête
Des dizaines d'armes auraient également fait la traversée dans des véhicules stationnés dans les cales des navires de la SNCM : armes de poing, fusils à lunette, kalachnikov, lance-roquettes, grenades, explosifs et munitions. "Les marins utilisent leurs connaissances des installations portuaires pour se jouer des douanes et des forces de police", explique Le Parisien. Ainsi, des passagers clandestins ont pu passer de l'île au continent, ou du continent à l'île, sans être vus.
Un homme semble avoir été le maillon central de l'organisation. Camille Abboche, 46 ans, secrétaire général adjoint du syndicat CFTC, est incarcéré depuis deux ans, soupçonné d'avoir entraîné des marins "fragiles", qui "rencontraient de sérieux problèmes financiers", dans cette affaire. Parmi eux toutefois, au moins six affichaient déjà des condamnations, dont un pour trafic de stupéfiants.
L'avocat de Camille Abboche assure qu'il n'est pas un "voyou au sens strict", mais un homme "fasciné par ce milieu interlope des armes et de ces types que se promènent avec plein d'argent dans les poches". Fasciné au point de se risquer, avec d'autres marins, à tremper dans les affaires d'un milieu corse aux noms bien connus : Francis Mariani, Ange-Toussaint Federici, et le gang de la Brise de mer. Et d'être également mis en cause dans un projet d'assassinat avorté.
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