General Electric à Belfort : que contient le nouveau plan de la direction accepté par une partie des salariés ?
Les salariés de General Electric ont accepté un nouveau projet d'accord avec la direction qui prévoit une réduction du nombre de postes supprimés en contrepartie de 12 millions d'euros d'économies. Ce vote ouvre la voie à six semaines de nouvelles négociations.
Moins de suppressions de postes, mais plus d'économies. Les salariés du site General Electric à Belfort ont voté, lundi 21 octobre, pour la seconde option du plan social élaboré par la direction. Cette option prévoit de réduire de 307 le nombre d'emplois supprimés par rapport aux 792 prévus initialement, mais pose comme contrepartie la mise en place d'un "plan de réduction de coûts et d'amélioration de la performance du site", à hauteur de 12 millions d'euros par an. Les syndicats et la direction ont désormais jusqu'au 29 novembre pour négocier la mouture finale de ce plan social, précise France 3. Franceinfo fait le point sur les principales mesures de ce nouveau plan.
Moins de suppressions d'emplois que prévu
La direction de General Electric a accepté de revoir son plan de licenciements à la baisse. Au lieu des 792 emplois supprimés initialement, "seuls" 485 seront finalement supprimés, en comptant sur des départs volontaires et des reclassements, précise Mediapart.
Au total, les effectifs passeront de 1 760 postes (au 1er avril 2019) à 1 400 postes avant la fin du premier trimestre 2020 et 1 275 postes à partir du dernier trimestre 2020. Selon Philippe Petitcolin, du syndicat CFE-CGC, cité par L'Est républicain, ce chiffre a été négocié directement par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et Larry Culp, le PDG américain de General Electric.
Où seront répartis ces emplois finalement préservés par la direction ? "L'idée est d'avoir une répartition homogène entre la partie ingénieurs techniciens et la partie ouvriers opérateurs, avec environ 150 jobs sauvés de chaque côté, a fait savoir Patrick Mafféïs, directeur des opérations industrielles de General Electric en Europe, dans une interview à L'Est républicain.
Le maintien temporaire de la production de turbines
General Electric emploie quelque 4 300 salariés à Belfort, dont 1 800 dans l'entité des turbines. Ce service est au cœur des négociations car la direction avait acté sa délocalisation en Hongrie en mai, contre l'avis des salariés, rappelle L'Usine Nouvelle. "On ne doit pas descendre les effectifs en dessous de 1 400 salariés dans l'activité turbine à gaz", a prévenu Francis Fontana, syndicaliste à SUD.
Dans ce nouvel accord, la direction s'engage donc à maintenir pendant 12 mois l'activité de cette entité à Belfort, jusqu'à l'affectation du personnel sur de nouvelles productions. La production devrait ensuite être délocalisée en Hongrie, selon France 3. Un casus belli pour la CGT qui considère qu'un départ de la fabrication de ces turbines est synonyme de mort programmée de Belfort.
La création de 200 emplois dans l'aéronautique
La direction a aussi annoncé la création de 200 emplois dans l'aéronautique d'ici 2023. "Un projet qui doit encore être négocié", précise Philippe Petitcolin, porte-parole de l'intersyndicale qui ne réunit plus que la CFE-CGC et SUD. Car l'aviation fait partie des pistes de sauvegarde de l'emploi à General Electric et à Belfort.
En juin, le maire de la ville, le républicain Damien Meslot, avait assuré sur France Bleu : "Il y aura la possibilité pour General Electric Aviation, qui est la partie aéronautique de GE, de venir s'implanter à Belfort avec l'aide de l'Etat des collectivités territoriales et un investissement de GE."
Des salariés transférés chez un sous-traitant
Le plan social soumis au vote des salariés propose aussi de transférer certains salariés au sein du groupe d'ingénierie Segula, un sous-traitant de General Electric. "L'idée est simple : le personnel de General Electric a des compétences qui peuvent intéresser les sociétés comme Segula", a défendu Patrick Mafféïs dans L'Est républicain.
Ces transferts pourraient se faire localement, dans la région de Montbéliard et Mulhouse. "Segula a la volonté de grossir son implantation locale. Ces transferts sont importants pour eux car ils leur permettraient d'asseoir assez rapidement une compétence régionale", a-t-il laissé entendre.
D'après les termes du plan otenus par L'Est républicain, ces transferts se feraient "sous réserve d'une charge d'activité suffisante pour une durée d'au moins trois ans".
Des jours de RTT supprimés
L'accord prévoit le passage de 1 305 à 1 400 heures de travail dans les ateliers et la suppression possible de 11 jours de RTT. Les salariés travaillant pendant ces heures supplémentaires auront un salaire augmenté de 110%. D'après la direction, le salaire brut mensuel d'un ouvrier passera de 2 700 à 2 857 euros par mois.
Selon Philippe Peticolin de la CFE-CGC, "les salariés qui perdront des RTT seront payés en heures supplémentaires et verront une hausse de leur salaire net". "Cela nous permettrait d'être compétitifs, d'être plus agressifs sur les marchés et de positionner Belfort de manière pérenne", justifie Patrick Mafféïs.
Des acquis sociaux gelés pendant trois ans
Le plan de la direction propose également de geler certains acquis sociaux. Les versements sur les plans d'épargne entreprise (PEE) et plans d'épargne pour la retraite collectifs (PERCO) seront ainsi suspendus pendant trois ans, tout comme le jour de solidarité et l'augmentation des salaires en négociation annuelle obligatoire (NAO).
Les économies se feront sur les hauts salaires. Les primes seront réduites pour les 90 salariés qui gagnent plus de 90 000 euros par an.
Le syndicaliste Philippe Petitcolinà franceinfo
Par ailleurs, les lignes de bus seront modifiées ainsi que la gamme des voitures de fonction. Les autres primes (de nuit ou d'équipe, par exemple) ne seraient pas modifiées, précise L'Est républicain.
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