Les patrons sont-ils prêts à augmenter les salaires ? On leur a demandé à l’université d’été du Medef
Les patrons croisés mardi 29 août à l'hippodrome de Longchamp à Paris où se termine dans la soirée la rentrée du Medef, bottent en touche quand on leur demande s’ils vont augmenter les salaires alors que les négociations annuelles dans les entreprises approchent. Ils assurent qu'ils accompagnent déjà leurs salariés face à l'inflation, et vont continuer à le faire.
Dans l'entreprise industrielle d'Anthony Balouzet, par exemple, cela passe par des avantages, "avec plus de primes" : "Pas des augmentations globales et générales, mais plus du cas par cas, concède l'industriel. J’ai apporté énormément de choses sur la prévoyance lourde. Ce sont des avantages, petit à petit, pour qu’on soit attractifs parce que c’est ça aussi l’enjeu, pouvoir garder ses salariés".
Les patrons font au mieux
D'autres patrons, comme Audrey Louail, augmentent bien les salaires fixes de leurs collaborateurs. La présidente du réseau d'entrepreneurs CroissancePlus insiste : les chefs d'entreprise font au mieux. "Cette année, les sociétés de notre réseau ont augmenté entre 4,5 et 6,5% leurs collaborateurs a minima. L’année prochaine, on essaiera", assure-t-elle, ajoutant que, tant dans sa société que chez les adhérents du réseau, il n’est jamais arrivé que les collaborateurs ne touchent pas d’augmentation dans l’année. "Ce n’est pas possible, selon elle. Maintenant, on ne sait pas que va donner l’activité économique. Si par hasard, ça n’allait pas, malheureusement, effectivement, on sera obligés de ne pas le faire..."
"Ça fait deux ans que les augmentations sont au rendez-vous."
Daniel Weizmann, président du Medef Île-de-Franceà franceinfo
"En 2021, la masse salariale en Île-de-France a augmenté de 11%, soutient Daniel Weizmann, un effet combiné des augmentations salariales et aussi des nouveaux recrutements qui sont faits à des salaires plus élevés". Les entreprises font tout ce qu’elles peuvent : "Beaucoup ont des problèmes de recrutement et sont plutôt dans une philosophie de vouloir conserver leurs salariés et donc de les augmenter, souligne Daniel Weizmann, qui précise que ce n’est pas toujours facile, car les entreprises ont aussi "un souci de compétitivité". "Je pense que les entreprises ont aussi œuvré sur le pouvoir d’achat des salariés avec la prime Macron, ce qui a contribué à compenser cette problématique d’inflation", ajoute-t-il.
Incertitude économique, inflation, compétitivité... Des freins nombreux
En dehors de l'incertitude du contexte économique, les patrons pointent d’autres freins comme leurs coûts de production qui augmentent aussi avec l'inflation. Et ils mettent en cause les cotisations et les taxes, trop élevées, selon eux. Certains comptaient sur la disparition d'un impôt de production, la CVAE, dès l'an prochain 2024, mais le gouvernement étale finalement cette suppression, jusqu'en 2027. C'est une mauvaise nouvelle aussi pour les salariés, prévient le président du Medef Hauts-de-France, Patrice Pennel. "Le résultat, ce sont des comptes d’exploitation des sociétés qui seront plus difficiles à équilibrer. Peut-être des investissements qui ne se feront pas et peut-être des salaires qui ne seront pas augmentés", avance-t-il.
Et les patrons n'ont pas toujours la main sur les salaires, rappelle pour sa part le président du Medef de Corse, comme c'est son cas. Jean-Louis Albertini gère des résidences pour personnes âgées dépendantes : "Il faut savoir que nous avons une convention collective et que la revalorisation des salaires se fait au niveau de la revalorisation de la convention collective. Ce sont les partenaires sociaux qui en discutent et, ensuite, c’est appliqué". Côté salariés justement, l'intersyndicale appelle à des négociations branche par branche. Une journée d'action est programmée vendredi 13 octobre notamment sur la question des salaires.
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