Qu'est-ce que l'escroquerie au "faux coursier" actuellement en plein essor ?
Un peu de technique et beaucoup de bagout : l'escroquerie au faux coursier est en plein essor depuis plusieurs mois en France. Des malfaiteurs persuadent leurs victimes de leur remettre leur carte bancaire avec leurs codes secrets. C'est une variante élaborée de ce qu'on a presque tous déjà vécu : le SMS ou l'e-mail qui nous annonce qu'on a oublié de payer notre amende de stationnement par exemple, avec un lien vers un site internet qui a tout l'air d'un vrai. En comptant sur notre naïveté pour payer et laisser nos coordonnées bancaires, notamment.
Pendant longtemps cela s'arrêtait là. Sauf que, désormais, il y a la "seconde lame" : les escrocs appellent les victimes peu après, comme l'explique le colonel Denis Hebinger, qui commande la section de recherches de Versailles.
Les escrocs vont faire la stratégie du bonimenteur, mais en se faisant passer pour le service anti-fraudes de la banque.
colonel Denis Hebingerà franceinfo
Le colonel poursuit : "Et l'affaire se conclut, 'on va vous rendre service, vous êtes victimes d'une escroquerie, on va vous récupérer votre carte bancaire, et on va vous envoyer un coursier à cet effet'. Donc effectivement à ce moment-là, il y a le coursier qui arrive, qui va récupérer la carte bancaire glissée dans une enveloppe, conformément à ce qu'avait dit le faux conseiller bancaire, et la carte bancaire s'en va avec bien souvent le code à l'intérieur."
Avec l'idée de retirer de l'argent au distributeur dans la foulée, certains malfaiteurs arrivent même à convaincre les victimes de leur confier leurs codes de connexion à l'application bancaire de leur smartphone pour ensuite augmenter le plafond de retrait et retirer davantage.
Le recours au "spoofing"
Difficile de savoir si le procédé marche vraiment car il n'y a pas de statistiques exhaustives, mais les gendarmes d'Île-de-France ont recensé 150 faits en 2023. Le préjudice est de 500 000 euros. Évidemment tout le monde ne tombe pas dans le panneau, mais les escrocs le savent, cela marche au volume, précise le colonel Hebinger.
C'est un petit peu une pêche au chalut : vous avez laissé un millier de lignes, et, au bout d'un moment, il y a bien une dizaine de personnes qui va répondre à la fausse amende.
colonel Denis Hebingerà franceinfo
"Ensuite, dans le lot, vous allez avoir une petite proportion qui va réussir à se faire manipuler par le faux conseiller bancaire", précise-t-il.
Le maître mot des escrocs, c'est donc bagout, avec de la technique aussi, le "spoofing" par exemple, qui consiste à usurper le numéro de téléphone de votre banque pour vous appeler. Les enquêteurs rappellent quelques réflexes face à ce genre d'escroqueries : "Ne jamais consulter les liens adressés depuis un SMS ou un mail qui vous paraît douteux ; si vous êtes redirigés vers un site web, assurez-vous de son authenticité et ne renseignez aucune de vos informations sur cette plateforme ; signaler les SMS et mails dont l'origine est inconnue sur les numéros et sites dédiés ; ne jamais communiquer ses informations personnelles par téléphone ou par message ; faire ses démarches avec votre conseiller bancaire habituel ou des interlocuteurs connus..."
Récemment, les gendarmes du colonel Hebinger ont arrêté deux suspects de 19 ans. La victime : une sexagénaire des Yvelines, délestée de 6 000 euros quelques heures après avoir remis sa carte bancaire. La police judiciaire parisienne, elle, a interpellé deux hommes il y a quelques jours, pour six victimes, des personnes âgées des beaux quartiers parisiens.
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