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"On rentre chez nous en pleurant" : le personnel des urgences de Lons-le-Saunier au bord du burn out

Le malaise des urgentistes ne faiblit pas, ils descendent une nouvelle fois dans la rue jeudi 6 juin à Paris.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation des urgentistes de Lons-le-Saunier en janvier 2019.  (PHOTO PHILIPPE TRIAS / MAXPPP)

La fièvre monte aux urgences. Une manifestation nationale a lieu jeudi 6 juin à Paris en marge du congrès des urgentistes. Certains d'entre eux sont en grève depuis deux mois, tout en continuant à travailler pour assurer la continuité des soins.

Mais cette semaine du 3 juin, un palier a été franchi : plusieurs services frisent le burn out. À l’hôpital Lariboisière à Paris, l’équipe de nuit ne s’est pas présentée lundi au soir. À Lons-le-Saunier (Jura), il y a eu des réquisitions préfectorales après plusieurs arrêts de travail simultanés. Ce sont les gendarmes qui sont allés chercher médecins et infirmières à domicile, en pleine nuit.

On travaille dans des conditions horribles.

Marie, infirmière

à franceinfo

C'est le cas par exemple de Marie, infirmière aux urgences de cet hôpital. Après un arrêt la semaine dernière, elle doit reprendre le travail : "Je n'ai pas du tout envie d'y retourner. On rentre chez nous en pleurant parce qu'on a laissé des patients dans une souffrance sans pouvoir s'occuper d'eux. Et c'est ça notre ras-le-bol."

Des salariés désabusés

À l'hôpital de Lons-le-Saunier, les urgences sont au cœur d’un conflit depuis quatre mois à propos de la réorganisation du Smur de l’établissement, l’équivalent hospitalier du Samu. Ces tensions, ajoutées à un afflux de patients soudain dû à des évènements dans la région, ont fait craquer un service déjà fatigué. "Il y a une pression constante de l'urgence et de l'afflux des patients", explique le docteur Pascale Couzon, cheffe de service par interim.

Les personnels sont en extrême difficulté

Docteur Pascale Couzon

franceinfo

La fréquentation des urgences augmente de 3 à 5% par an à Lons-le-Saunier. Dans le Jura comme dans d’autres départements, l’hôpital devient la seule solution pour se faire soigner. "On n'échappe pas à la règle ici avec l'engorgement des urgences, ajoute le docteur Couzon. C'est lié à l'insuffisance de la médecine libérale de ville. Les patients n'ont pas de médecin traitant et viennent directement aux urgences."

De plus en plus de travail aux urgences

Un constat partagé par le docteur Éric Loupiac, délégué de l’Association des médecins urgentistes (Amuf). "Il y a des fermetures de lit dans l'hôpital, il y a donc des patients qui passent la nuit aux urgences. Il y a énormément de demandes de soins en supplément de l'activité normale quotidienne du service." Les syndicats estiment qu’il faudrait une dizaine de médecins et de personnels infirmiers en plus aux urgences de l’hôpital de Lons-le-Saunier. De son côté, l’Agence régionale de santé se dit prête à rajouter des lits pour les patients en observation.

Le syndicat Jeunes médecins, lui, a porté plainte contre X pour dénoncer la "situation préoccupante" des urgences. La plainte porte sur l'attitude des autorités, et une éventuelle mise en danger des patients. Le syndicat reproche à la préfecture d'avoir maintenu deux manifestations sportives alors que les urgences de l'hôpital étaient fragilisées.

Le reportage de Grégoire Lecalot

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