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Grève des éboueurs : comment se sont résolus les grands mouvements sociaux des dernières années ?

Depuis le 7 mars, les éboueurs sont en grève dans plusieurs villes de France contre la réforme des retraites. Un mouvement d'ampleur qui n'est pas une première en France.
Article rédigé par franceinfo - Léo Limon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
En 2003 et 2010 les éboueurs avaient aussi fait grève pour contester la réforme des retraites. (GAUTHIER BEDRIGNANS / HANS LUCAS)

Dans les rues de Paris, Nantes, Rennes ou encore du Havre les déchets s'accumulent depuis le 7 mars et le début d'une grève reconductible contre la réforme des retraites menée par les éboueurs. Un mouvement qui gagne en ampleur et qui rejoint les mouvements de grève des éboueurs les plus importants de ces vingt dernières années.

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Dans les rues de la capitale, 5600 tonnes de déchets n'étaient toujours pas ramassées ce lundi 13 mars. À Nantes, la métropole recommande aux habitants de ne pas sortir leurs poubelles et de les mettre à l'abri du vent. Lundi 13 mars, la vice-présidente de Nantes métropoles indique, sur France Bleu Loire Océan, que près de 3,5 tonnes de déchets sont entassés dans les rues, alors que les trois sites de collecte de la métropole sont bloqués depuis le 7 mars.

Les réformes des retraites, vecteurs de grève des éboueurs

D'autres mouvements sociaux des éboueurs ont marqué ces dernières années. En 2003 et 2010, déjà en opposition à des projets de réforme des retraites, les éboueurs ont fait partie de la mobilisation. Il y a vingt ans, plusieurs villes sont touchées comme Brest, Marseille, Calais ou encore Paris. Dans les rues parisiennes et calaisiennes, la grève avait alors duré près de trois semaines.

Trois ans plus tard, en 2010, les éboueurs se mobilisent à nouveau contre la réforme des retraites. Cette fois en région parisienne, plusieurs centres de tri ont été bloqués, perturbant pendant une vingtaine de jours le ramassage des déchets. En plus de l'opposition à la réforme des retraites, d'autres revendications salariales s'ajoutent, expliquait alors Le Parisien.

Mobilisation des éboueurs du privé

Si les grands sujets sociaux nationaux mobilisent les syndicats des éboueurs, les enjeux locaux et internes aux entreprises ont aussi provoqué d'importants mouvements de grève. En 2017, à Nantes, la grève des syndicats d'éboueurs a duré sept semaines sur fond de négociation avec la métropole concernant "une éventuelle rémunération de la fin du fini-parti, les compensations des jours fériés travaillés et la suppression de 24 postes de ripeurs sur les 210 actuels" rapportait France Bleu Loire Océan. La même année, en 2017, Denis Ferrandino, coordinateur national des activités du déchet du secteur privé à la CFDT et éboueur à Marseille, a vécu un des conflits sociaux les plus marquants de son activité de syndicaliste : douze jours de grève où les déchets ne sont pas ramassés.

Le moyen pour Denis Ferrandino et les autres grévistes de contester les conditions de reprises des salariés d'une entreprise ayant obtenu un nouveau marché. "Ce qui touche le plus les salariés du privé, ce sont les changements de prestataires tous les trois, cinq ou sept ans, explique le syndicaliste. Tous les salariés du privé peuvent donc être amenés à changer d'entreprise, il faut donc garder les acquis sociaux".

Réquisitions, entreprises privées et Sécurité Civile

Pour faire face aux grèves, et éviter que trop de déchets ne s'amoncellent dans les rues, plusieurs solutions sont dans les mains des municipalités. La ville de Nantes a fait appel à un prestataire privé pour nettoyer le marché de la Petite Hollande. Le maire du 15e arrondissement de Paris a demandé lundi 13 mars sur franceinfo "un service minimum" du ramassage des ordures ménagères et "la réquisition d'un certain nombre de personnels". "Je souhaite que l'Etat permette la réquisition d'un certain nombre de personnels dans les usines d'incinération ou les centres de déchets" afin de "débloquer les dépôts", lance Philippe Goujon, qui appelle à ce que "la police débloque les dépôts des bennes", car "c'est l'hygiène de toute la capitale qui est en cause".

A Brest, en 2003, c'est la mairie qui a ordonné la réquisition de personnel pour ramasser les déchets, comme le rappel ce journal télévisé, compilé par le site de l'Ina. Pour faire face au plus de 10 000 tonnes de déchets dans les rues de Marseille en 2010, 150 personnels de la Sécurité Civile sont appelés en renfort, et nettoyer les rues, rappelle France 3 PACA.

Quels résultats pour les syndicats ?

"Il n'y a jamais eu vraiment de conflits sociaux de perdus, en général, c'est toujours un succès", assure Denis Ferrandino. Le syndicaliste l'assure : "Au bout d'un moment, quand les ordures commencent à se cumuler dans la rue, les municipalités demandent aux entreprises d'agir". Reste que les résultats sont variés : "Ça peut être des revalorisations salariales, un maintien des acquis sociaux historiques dans le cadre de transfert".

À Nantes en 2017, c'est l'ouverture de négociations avec la métropole qui a signé la fin du conflit social. En 2018, à Avignon, le tribunal administratif avait même demandé aux grévistes de quitter le dépôt qu'ils bloquaient. Après treize jours de grève, c'est une médiation menée par la préfecture qui a permis de débloquer la situation.

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