Grève des médecins généralistes : pourquoi les libéraux veulent que la consultation passe de 25 à 50 euros
Ils rangent de nouveau leur blouse au placard. Malgré l'appel des autorités à "l'union sacrée" pour "soulager" des hôpitaux débordés par la "triple épidémie" de Covid-19, de bronchiolite et de grippe, les médecins libéraux sont de nouveau appelés à fermer leurs cabinets une semaine, à partir du lundi 26 décembre, pour réclamer une amélioration de leurs conditions d'exercice.
Soutenu par certains syndicats (UFML, FMF, SML, Jeunes Médecins), le collectif Médecins pour demain, à l'origine de ce mouvement, a réussi un premier coup d'éclat les 1er et 2 décembre. Son mot d'ordre de fermeture des cabinets médicaux a par exemple entraîné une baisse d'activité d'environ 30% chez les généralistes, selon l'Assurance-maladie. La principale revendication du collectif est un doublement du tarif de consultation de base, qui passerait de 25 à 50 euros.
"Un choc d'attractivité"
En multipliant par deux le tarif des consultations, pour les généralistes comme pour les spécialistes, "Médecins pour demain" entend créer un "choc d'attractivité" vers la médecine de ville qui manque d'effectifs et n'attire plus les jeunes praticiens. "Les médecins généralistes s'installent de moins en moins. Mais vous avez aussi toute une catégorie de spécialités qui sont rares. Certaines sont en disparition sur le territoire, comme les psychiatres, les pédopsychiatres, les pédiatres, ou les endocrinologues", réagissait lundi au micro de franceinfo Noëlle Cariclet, psychiatre en Ile-de-France et porte-parole du mouvement.
"Ce sont des spécialités qui sont également sous-valorisées parce qu'elles marchent à la consultation qui n'a pas vu sa tarification augmenter depuis plus de 20 ans."
Noëlle Cariclet, psychiatre en Île-de-France et porte-parole du collectif Médecins pour demainà franceinfo
La praticienne souligne que le collectif souhaite "une revalorisation des tarifs conventionnés", c'est-à-dire remboursés par la Sécurité sociale et par les complémentaires santé.
Si les libéraux en grève réclament cette revalorisation, ce n'est pas "pour tout mettre dans [leur] poche", précise à France 3 Centre-Val de Loire Antoine Soubieux, généraliste à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Pour cet élu du syndicat UFML, les bénéfices dégagés permettraient aux médecins d'"investir", notamment en embauchant des secrétaires médicaux qui les déchargeraient de certaines tâches administratives. "La caisse [d'Assurance-maladie] pourrait même être gagnante, parce que si on a une meilleure prise en charge, il y a moins besoin d'examens complémentaires, ou de faire revenir les patients !", ajoute ce médecin.
Des revendications décriées par certains syndicats
Reste que cette revendication ne fait pas l'unanimité au sein de la profession. "Cela n'a pas beaucoup de sens. Une consultation pour une angine, ce n'est pas le même travail qu'une consultation pour quelqu'un qui a des maladies chroniques et compliquées", réagit pour franceinfo Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins MG France, qui ne s'est pas joint au collectif Médecins pour demain"
"La profession est très très mal traitée, entre un mépris affiché et des conditions de travail qui se dégradent. La colère, nous la partageons, mais les revendications ne sont pas les nôtres."
Agnès Giannotti, médecin présidente du syndicat MG Franceà franceinfo
La présidente du syndicat MG France reconnaît toutefois qu'il faut "améliorer les conditions de travail", notamment avec "des assistants médicaux pour pouvoir accueillir plus de patients".
Interrogée par franceinfo, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé, appelle "à la responsabilité de tous" au moment où l'hôpital est sous tension. Cependant, elle promet des propositions "dans les semaines à venir" pour répondre au moment de grève des médecins libéraux.
"Je vois beaucoup de médecins qui sont prêts à travailler avec nous [sur] comment on dégage du temps médical", affirme encore la ministre. Elle vante en la matière les mérites du système d'assistants médicaux mis en place par l'Etat. "L'enjeu, c'est à la fois de fidéliser les professionnels qui sont en place et c'est aussi de donner des perspectives pour engager nos jeunes dans les métiers de la santé", assure Agnès Firmin Le Bodo.
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