Grève des conducteurs de camions citernes : risque-t-on la pénurie ?
Le mouvement a repris lundi 29 mai, après une pause dominicale. Les salariés réclament une amélioration de leurs conditions de travail et de leurs salaires.
Va-t-on connaître une rupture de stock dans les stations-service, notamment en Ile-de-France ? La question se pose, alors que la grève des conducteurs de camions transportant des matières dangereuses, soit du gazole, de l'essence, des produits chimiques ou bien du gaz, a repris, lundi 29 mai. Le mouvement a commencé vendredi, mais s'est interrompu dimanche.
Si le patronat se veut rassurant et estime qu'il n'y a "pas de risque de rupture dans la chaîne d’approvisionnement de carburant", ce n'est pas l'avis du syndicat à l'initiative du mouvement. "La pénurie commence", estime Thierry Lillier, secrétaire fédéral de la CGT Transports, contacté par franceinfo. "Le mouvement va se poursuivre tant que le gouvernement et le patronat ne répondront pas à nos revendications", insiste-t-il. La CGT Transports demande notamment une durée journalière de travail maximale de 10 heures, "alors qu'elle est de 12 à 13 heures actuellement", un taux horaire minimal de 14 euros de l'heure et un treizième mois.
"Ne faire le plein que si besoin"
Plusieurs stations-service en Ile-de-France sont en rupture de stock, a constaté franceinfo. Selon les chiffres fournis par Total dans un communiqué, "sur 350 stations" de la firme en région parisienne, "61 sont en rupture de gazole, 42 en rupture d'essence, 21 en rupture de tous produits, soit 6% de nos stations en Ile-de-France. Il est important de rassurer les automobilistes et les encourager à ne faire le plein que s'ils en ont réellement besoin. Au printemps 2016, c'est plus l'effet de panique qui avait contribué à créer une situation de pénurie, que les blocages en eux-mêmes", rappelle Total.
Toutes ces stations devraient être "approvisionnées" lundi soir ou mardi selon l'Union Française des industries pétrolières. "Si nos plans de livraisons se déroulent comme prévu, cette situation très locale devrait pouvoir progressivement se résorber", ajoute Total.
"On est prêts à ouvrir les négociations"
De son côté, la CGT Transports parle d'un taux de 80% de grévistes en Ile-de-France, avec des endroits plus concernés que d'autres. Ainsi, Thierry Lillier assure que "70 à 80%" des stations-service franciliennes sont "en risque de rupture de stock". "En province, on n'a pas de retour précis, mais ça commence à prendre", estime-t-il. Le dépôt de La Rochelle (Charente-Maritime) est notamment concerné. "On ne veut pas bloquer, mais on veut dire qu'on est prêts à ouvrir les négociations. On n'a aucun contact pour l'instant", ajoute-t-il.
Mais pour la Fédération nationale des transports routiers (FNT), "les chiffres de mobilisation de la CGT sont largement exagérés". "La mobilisation constatée [lundi] matin et essentiellement concentrée sur quelques dépôts de la région Ile-de-France, est l'œuvre d'une trentaine de manifestants", rétorque le patronat. "D'autre part, 75% des chargements en carburant sont assurés ce qui n'entraîne pas de risque de rupture dans la chaîne d'approvisionnement de carburant. De plus, les forces de l'ordre alertées jouent pleinement leur rôle", se félicite la FNT.
Le site de Gennevilliers particulièrement concerné
Lundi matin, au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), où la CGT Transports comptabilise 80% de grévistes, une trentaine de camions ont bloqué la circulation avant que les forces de l'ordre n'interviennent, selon la police du département. La sortie des poids lourds d'approvisionnement a repris dans la matinée. Le syndicat réfute toute "notion de blocage" et parle de "filtrages". "On informe les salariés en faisant de la communication, en leur distribuant des tracts", précise Thierry Lillier.
A la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), des militants de la CGT ont distribué des tracts aux conducteurs à partir de 4 heures depuis l'entrée de la base de chargement. En début de matinée, "dix camions étaient stationnés au bord de la route", sans occasionner de "troubles à l'ordre public", d'après une source policière.
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