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Réforme de la SNCF : le syndicat FIRST dénonce les propos "insupportables" de la ministre des Transports et se dit prêt à une "grève dure"

Bernard Aubin, le secrétaire général du syndicat FIRST, a regretté jeudi sur franceinfo "des attaques frontales" et "un dénigrement permanent des cheminots".

Article rédigé par franceinfo
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Elisabeth Borne, la ministre des Transports, à l'Élysée en mars 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les syndicats de cheminots doivent décider jeudi 15 mars dans la soirée s'ils durcissent le mouvement contre la réforme de la SNCF. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a quant à elle déclaré dans la matinée qu'il "ne faut pas refuser le dialogue". Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat FIRST (Fédération indépendante du rail et des syndicats de transports), se dit prêt à suivre les syndicats majoritaires en cas de "grève dure". Sur franceinfo, le syndicaliste a dénoncé les propos de la ministre.

franceinfo : Si les quatre premiers syndicats de la SNCF veulent durcir le mouvement, les suivrez-vous ?

Bernard Aubin : Oui il y a de fortes chances. Les propos de la ministre sont totalement insupportables. Elle appelle au dialogue alors que les principales orientations de cette réforme de la SNCF ont été arrêtées de très longue date. J'en veux pour preuve, par rapport au statut des cheminots, la position qui avait été exprimée par Emmanuel Macron devant un groupe de cheminots dès juillet 2017. Elisabeth Borne, elle-même, a mis en place les Assises de la mobilité pour construire des alternatives au train et pour assurer les desserte des petites lignes où on va supprimer des trains. On va dialoguer de quoi ? Dialoguer de l'arrivée de la concurrence ? Du transfert des cheminots aux entreprises extérieures ? De la casse du statut ? De la transformation de la SNCF en société nationale ? Non. Les problèmes sont bien connus, cela fait 20 ans qu'ils sont connus, ils sont effectivement sous le tapis. Les solutions sont connues aussi, c'est désendetter la SNCF, c'est embaucher, arrêter la désorganisation interne de la SNCF, rompre avec des procédés technocratiques qu'on a mis en place et demain ça fonctionnera. L'entreprise n'a pas besoin de la concurrence pour faire rouler des trains correctement sur le réseau national.

Une grève reconductible pourrait être actée jeudi soir. Serait-ce, selon vous, le seul moyen de vous faire entendre ?

Je ne suis pas un "gréviculteur", j'ai toujours défendu des positions réformistes et consensuelles, mais là on se trouve face à un gouvernement qui est totalement obtus, dont la brutalité dans les propos et les actes est sans commune mesure avec ce qu'on a vécu depuis une cinquantaine d'années sur le réseau. Il y a des attaques frontales, un dénigrement permanent des cheminots, ce que les cheminots vivent très mal. Nous sommes quand même 140 000 à faire vivre cette boutique dans des conditions qui sont très difficiles. On fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on nous donne et la récompense qu'on a c'est le dénigrement et c'est la suppression du statut.

Pourquoi les syndicats sont-ils opposés à l'ouverture à la concurrence ?

Parce qu'ils ont subi une très mauvaise expérience lors de l'arrivée de la concurrence sur les réseaux européens, notamment en France. Cela s'est fait en deux étapes pour le fret ferroviaire, en 2003 et en 2006. L'Europe voulait, soit disant, à travers cette concurrence, redynamiser les transports de marchandises, mais en réalité ce qui s'est passé c'est que les opérateurs étrangers ont capté les trafics de la SNCF les plus intéressants. Au final, le nombre de tonnes de marchandises en France a baissé et on a supprimé 10 000 emplois de cheminots.

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