La Légion d'honneur attribuée au patron de BlackRock France : Matignon assume
La nomination du patron de la branche française du géant américain de la finance BlackRock au rang d'officier de la Légion d'honneur a suscité des réactions. Matignon assume sa décision.
La promotion fait polémique... Mais Matignon assume. Jean-François Cirelli, le patron de la filiale française du fonds d'investissement américain BlackRock a été promu, mercredi 1er janvier, au rang d'officier de la Légion d'honneur, sur proposition d'Edouard Philippe. Il fait partie de la promotion du Nouvel An de l'Ordre national de la Légion d'honneur publiée mercredi 1er janvier au Journal officiel, qui distingue 483 autres personnes.
Mais au 29e jour de grève contre la réforme des retraites, cette promotion passe mal. La société BlackRock est en effet un puissant gestionnaire d'actifs accusé d'être le cheval de Troie de la retraite par capitalisation, ce dont il s'est défendu récemment dans un communiqué publié par sa filiale française.
Matignon assume une décision "politique"
Avant de prendre cette décision, Edouard Philippe et son équipe se sont posé la question : vu le contexte, élever Jean-François Cirelli au grade d'officier allait être attaqué. On le savait et on a tranché, avec l'idée qu'il n'est pas question de laisser ce qu'à Matignon on appelle "l'ultragauche" "faire l'opinion".
Dans l'entourage du premier ministre, on estime que la polémique relève d'un "anticapitalisme idiot". On met en avant le parcours de Jean François Cirelli décrit comme "un petit gars de Savoie qui a gravi tous les échelons de la République". "Jean-François Cirelli a été conseiller économique de Jacques Chirac, directeur de cabinet adjoint de Jean-Pierre Raffarin, PDG de Gaz de France. Son travail aujourd'hui c'est de faire venir les investisseurs étrangers en France", détaille un conseiller d'Edouard Philippe qui estime qu'il est "urgent de défendre ceux qui font l'économie française".
L'agacement est partagé par l'Elysée
Si Jean-François Cirelli a été promu par le Premier ministre, Emmanuel Macron a validé la décision de le distinguer. Comme à Matignon, à l'Elysée aussi, on qualifie la polémique de "ridicule" et on met en garde contre "l'emballement de la machine complotiste". Et l'on interroge : au nom de quoi aurait-on dégradé ou réfusé une promotion au patron de BlackRock en France : "Quel crime a-t-il commis ?".
L'entourage du président de la République dément toutefois toute "provocation", comme l'en a accusé, jeudi 2 janvier sur franceinfo, Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste français (PCF). "Cela fait maintenant des semaines que l'on soupçonne le gouvernement de mettre en place cette réforme sur inspiration de ces fonds de pension qui veulent faire main basse sur les retraites des Français. Désormais, il ne s'en cache même plus puisque c'est le responsable français de BlackRock, qui est le plus gros fonds de pension du monde, qui obtient la Légion d'honneur", a affirmé Ian Brossat. Le cheminement d'un dossier de Légion d'honneur est "long et fastidieux" explique un conseiller de l'Elysée. "La concomitance [entre la présence du patron de BlackRock sur la liste publiée le 1er janvier et le conflit social en cours] n'est pas de notre fait" insiste-t-il.
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