Hervé Morin : "Je ressens la perte du AAA comme un juin 40 financier"
Mercredi 18 janvier, Hervé Morin a adressé ses vœux à la presse. A la peine dans les sondages, il se donne jusqu'au 15 mars pour faire le point sur sa candidature. Il commente la perte du triple AAA qu'il ressent comme "une humiliation nationale".
Au niveau des voeux, les candidats ne sont pas à égalité. Il y a ceux adressés avant la perte du triple A et ceux qui viennent après.
"Un juin 40 financier"
"Souhaiter pour 2012, plus de bonheur public, c'est un peu présenter vos voeux à votre meilleur ami alors que les huissiers sortent à peine de chez lui avec les meubles", déclare d'emblée M. Morin. Il évoque ainsi la perte du AAA "qu'il vit comme une humiliation nationale, une sorte de juin 40 financier".
Il regrette les réactions de la classe politique jugées "dignes d'une cour d'école". "C'est pas ma faute, c'est la sienne", "c'est pas moi qui a commencé, c'est lui", "je leur avais dit, monsieur, ils ont pas voulu m'écouter", plaisante le président du Nouveau centre qui, ce midi, a émaillé son discours de nombreuses formules assez drôles.
"Tout le monde est coupable et tout le monde est responsable. Ou au mieux complices", affirme t-il, critiquant, "ceux qui tentent de faire oublier leur passé ministériel pour s'ériger comme les candidats anti-système". Une allusion à peine voilée à François Bayrou. "Mais soyons des De Gaulle, pas des Pétain", ajoute t-il. Un appel à la résistance qui s'applique aussi de façon plus personnelle à sa candidature.
"Coups de couteaux permanents"
Hervé Morin est donc en verve. Une façon de démentir ceux qui le disent démoralisé depuis la semaine dernière à cause de son inexistence dans les sondages et des manoeuvres dans son parti. La faiblesse des premiers expliquant la vigueur de celles- ci.
"Je savais bien que ce serait difficile", concède le président du Nouveau Centre qui parle de "coups de couteaux permanents".
"Bien sur, on doit supporter toutes ces petites trahisons quotidiennes, bien sûr on doit subir le mépris et l'arrogance de ceux qui ne savent que flatter les puissants", déclare t-il. Il s'adresse ainsi aux opposants internes à sa candidature qui "comme les chauves-souris n'aiment pas trop la lumière et l'air du dehors".
Candidat jusqu'à quand ?
M. Morin est déterminé à aller jusqu'au bout. Mais il fixe le 15 mars comme date butoir pour faire le point sur sa candidature. C'est la date de remise des parrainages d'élus. Il affirme en avoir 300 aujourd'hui. Son entourage confie que cette quête est peut-être plus difficile que prévu. Il aurait du mal à en recueillir dans les départements des députés Nouveau centre qui ne le soutiennent pas. En revanche, des élus UMP seraient prêts à signer pour lui.
Le 15 mars, c'est aussi deux semaines après le congrès du Nouveau centre qui doit valider la candidature Morin. Sous quelle forme ? La question qui sera posée aux militants du parti n'est pas encore bien définie. M. Morin se sentira t-il engagé par l'issue du vote ? " La décision se présenter à une élection présidentielle relève d'un homme pas d'un parti", répond M. Morin qui concède néanmoins qu'il "devra tenir compte du rapport de force". Le parti pourrait éclater en trois à l'issue de ce congrès: ceux soutenant Morin, ceux soutenant Sarkozy et ceux soutenant Bayrou.
D'içi là, il espère progresser dans les sondages. Comment ? "Quand les Français en auront marre des discours démagogiques qui suintent le populisme", confie t-il, souhaitant que "son discours de vérité" soit entendu. "Mais en même temps, ce n'est pas un discours très agréable à entendre", reconnaît-il.
En terminant son allocution, M. Morin semble un peu ému. Certes le propos est solennel. "La France se relèvera comme elle s'est toujours relevée des épreuves beaucoup plus terribles qui ont jalonné son histoire", conclut-il. Une gravité qui peut être interprêtée sous une forme testamentaire et traduite de façon plus prosaïque ainsi. "Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve mais au moins j'aurais essayé".
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