Loi anti-squat : l'Union sociale pour l’habitat juge le texte "inutile" et sujet "à confusion"
L'Assemblée examine lundi la proposition de loi anti-squat. Le texte propose de tripler les sanctions encourues par les squatteurs, jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
La proposition de loi anti-squat est "inutile" et "fait la confusion entre squatters et locataires en difficulté de paiement", dénonce lundi 28 novembre sur franceinfo Marianne Louis, directrice générale de l’Union sociale pour l’habitat (USH) qui rassemble 631 organismes HLM. L'examen de ce texte, proposé par le député de la majorité Guillaume Kasbarian, débute lundi à l'Assemblée nationale. Il prévoit de tripler les sanctions encourues par les squatteurs jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
Pour Marianne Louis ce projet a vocation "à peser sur les locataires qui ont des difficultés à payer leur loyer plus qu'à traiter spécifiquement la question des squatters", qu'elle juge secondaire par rapport à l'ampleur "grandissante" de la crise du logement en France.
"Il y a 200 squats par an, avec 13 millions de logements locatifs en France, les squats représentent 0,0015%. Il nous semble qu'il y a des sujets beaucoup plus importants
Marianne Louis, directrice générale de l’USHà franceinfo
"Ce qui pousse les gens à se trouver dans cette situation de squat, c'est la difficulté d'accéder au logement", poursuit Marianne Louis, convaincue que la proposition de loi anti-squat prend le problème par le mauvais bout et néglige l'importance de l'accompagnement des locataires. "Dans le parc social, on enregistre tous les ans 850 000 retards de paiement mais, avec l'accompagnement, on a que 4 000 expulsions, ça veut dire que si on fait son travail de propriétaire et qu'on accompagne on arrive à réduire les difficultés", estime Marianne Louis.
"La priorité c'est de construire plus de logements"
Le véritable problème, selon la directrice de l'USH, c'est que "le marché ne produit pas assez de logements" et "que les logements privés sont trop chers". Tandis que le "nombre de permis de construire a baissé en septembre, logements privés et logements sociaux confondus, le parc social enregistre une augmentation de la demande", avec 2,3 millions de demandes en cours, selon Marianne Louis. "La priorité aujourd'hui c'est de construire plus de logements et d'avoir des logements qui soient adaptés aux capacités financières des gens", résume-t-elle.
Alors que le Conseil national de la refondation (CNR), ouvre son volet logement lundi, Marianne Louis appelle les pouvoirs publics à "lever les freins à la construction", "à mobiliser plus facilement le foncier" et à "interroger la question de la multiplication des normes qui font monter les coûts de production". Il faut, dit-elle, prendre conscience que "des décisions fortes aujourd'hui n'auraient d'effets que dans trois ou quatre ans" et prendre dès maintenant ces décisions. "Arrêtons de fonctionner par rustines. Si au moins l'impulsion du CNR permettait ça, ce serait utile, au contraire s'il s'agit de chercher des mesurettes, alors ça ne changera pas radicalement les fondements de la crise à l'œuvre en ce moment", conclut-elle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.