Cet article date de plus d'un an.

Mal-logement : au moins 895 000 personnes sont sans domicile en Europe, selon la Fondation Abbé-Pierre

Le nombre de personnes sans-abri est en hausse dans la majorité des pays membres de l'UE, dont la France, dénonce la Fondation Abbé-Pierre dans la huitième édition du rapport "Regard sur le mal-logement en Europe", publiée mardi.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une personne sans domicile, à Paris, le 29 juillet 2023. (MOHAMAD SALAHELDIN ABDELG ALSAYE / ANADOLU AGENCY / AFP)

"Le contexte est alarmant mais la situation n'est pas nouvelle." C'est le constat accablant que dressent la Fondation Abbé-Pierre et la Fédération européenne des organisations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) dans le huitième rapport sur le mal-logement au sein de l'Union européenne, publié mardi 5 septembre. "Pas moins de 895 000 personnes sont sans domicile en Europe", révèlent les deux organisations dans ce rapport. "Soit chaque nuit, une population équivalente à celle d'une ville comme Marseille ou Turin", compare la Fondation Abbé-Pierre.

La France n'est pas épargnée par le phénomène, bien au contraire. Les données sont insuffisantes pour établir un nombre précis de personnes sans-abri, mais les auteurs du rapport révèlent qu'en 2021, le nombre de personnes en hébergement d'urgence atteignait 166 331, et celui des personnes en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) s'élevait à 42 743, soit au total 209 074 personnes. Les seules données communiquées sur le nombre de sans-abri concernent Paris, où, au 20 janvier 2022, 2 598 personnes vivaient à la rue, dont 69% depuis plus d'un an.

"Une crise du logement déjà bien installée en Europe"

La Fondation souligne qu'à l'exception de quelques pays, comme la Finlande, le Danemark et l'Autriche, le phénomène reste en augmentation dans la majorité des Etats membres. Ainsi, en 2022, l'Espagne a recensé 28 552 personnes sans domicile, soit 24% de plus qu'en 2012. En Irlande, le nombre de personnes qui fait appel aux services d'hébergement a augmenté de 40% au cours des deux dernières années.

D'après cette enquête, en Allemagne, il y aurait, au total, au moins 262 645 personnes sans-abri et mal logées. L'enquête souligne la proportion importante de réfugiés ukrainiens parmi elles. Car cette étude pointe, dès les premiers mots, les "répercussions de la guerre en Ukraine", qui ont aggravé, selon ses auteurs, "une crise du logement déjà bien installée en Europe", notamment en raison des taux d'inflation inédits depuis vingt ans. C'est la raison pour laquelle la Fondation Abbé-Pierre appelle à "des efforts politiques conséquents et des mesures structurelles audacieuses" de la part des pays membres de l'UE.

La France concernée par l'indignité du logement

Ce rapport s'attache aussi à décrire la situation sur le logement indigne. En Europe, 19,2 millions de personnes sont concernées, rappellent la Fondation Abbé-Pierre et la FEANTSA, qui cite Eurostat. Les auteurs de l'enquête publiée mardi constatent que la définition d'un habitat indigne varie beaucoup d'un pays à l'autre et que chaque pays n'est pas logé à la même enseigne. Par exemple, en 2020, pas loin de la moitié de la population (45%) vivait dans des logements surpeuplés en Roumanie, et plus d'une personne sur huit (13%), dans une habitation sans toilettes intérieures en Bulgarie.

"Pour autant, l'indignité du logement ne se limite pas à l'Europe de l'Est", souligne cette étude. Ainsi, près d'un quart des logements locatifs privés (23%) était jugé indécent au Royaume-Uni. Tandis qu'en France, près d'un cinquième de la population (18%) vivait dans un logement pouvant être considéré comme insalubre en 2020. Habitation trop sombre, sans toilettes ou sans douche... Le pays arrive en 11e position en matière de "privation sévère liée au logement". "La France, malgré des annonces prometteuses, ne consacre pas suffisamment de moyens pour améliorer les choses, à la différence de certains de ses voisins", résume au Monde Sarah Coupechoux, responsable des missions Europe à la Fondation Abbé-Pierre, interrogée à la fois sur le sans-abrisme et l'habitat indigne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.