"La promesse était belle..." : alerte sur la recrudescence d'arnaques aux crédits immobiliers avec des faux courtiers et de fausses offres de prêt

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'ACPR met en garde contre la recrudescence de fausses offres de prêt. (FIORA GARENZI / HANS LUCAS via AFP)
L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution rattachée à la Banque de France alerte sur une recrudescence de fausses offres de prêt immobilier ou de rachat de crédit. Quelques points de vigilance permettent d'éviter de tomber dans ces pièges qui peuvent coûter cher.

Malgré une légère embellie, le marché immobilier reste compliqué et de nombreux Français continuent de se tourner vers des courtiers pour tenter de décrocher un prêt. Dans ce contexte, l'ACPR et la Banque de France alertent sur des escroqueries qui sévissent en ce moment dans ce secteur. "Ces arnaques reposent dans leur grande majorité sur l’usurpation de l’identité de courtiers et d’établissements de crédit autorisés à exercer en France", écrit l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution dans un communiqué mercredi 4 septembre.

Cette autorité administrative rattachée à la Banque de France et qui contrôle les secteurs de la banque note en effet une "recrudescence ces dernières semaines de fausses offres de prêt immobilier ou de rachat de crédit qui entraînent un risque de pertes importantes pour les victimes".

Un mode opératoire bien rodé

La Chambre Nationale des Conseils experts financiers (CNCEF) explique que s'agissant du crédit immobilier, "le modus operandi des escrocs consiste à créer un faux site de comparateurs en crédits ou diffuser des publicités sur les réseaux sociaux, récupérer les coordonnées et les démarcher ensuite par téléphone et courriel, demander aux victimes après signature de la fausse offre de crédit de verser leur apport personnel par virement sur des comptes qui sont parfois ouverts auprès des établissements dont l'identité est usurpée" et "disparaître purement et simplement avec les sommes versées".

Côme Robet est le président de cette association professionnelle agréée de courtiers et lui-même courtier au sein d'un cabinet. Il a pu constater personnellement ces arnaques : "De mon côté il y a eu une vague où j'avais quasiment deux à trois appels par semaine de gens qui m'expliquaient qu'ils voulaient savoir où en était leur dossier, des gens que je n'avais jamais vus."

"J'ai des cas de gens qui sont vraiment allés au bout, je me souviens notamment d'une personne qui a perdu 50 000 euros".

Côme Robet, président de la CNCEF

à franceinfo

Côme Robet a porté plainte car les escrocs utilisaient son nom et la marque de son cabinet pour proposer des offres alléchantes, "en proposant des taux beaucoup plus bas et au moment de la signature chez le notaire, ils demandaient aux clients d'envoyer leur apport sur soi-disant un compte séquestre mais du courtier. Le faux courtier récupérait l'argent à ce moment-là et disparaissait."

Le président de la CNCEF s'est même étonné que certaines victimes aient pu s'être fait piéger, mais y voit finalement une explication simple : "La promesse était belle... Sur 25 ans on était quasiment à 4,50% et là on leur proposait une banque belge à 2%."

Des indices à repérer pour éviter les pièges

L'escroquerie peut toutefois être démasquée à condition d'être vigilant sur plusieurs points. D'abord, la CNCEF rappelle qu'un courtier doit obligatoirement être enregistré à l'Orias, le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance.

Chaque courtier dispose donc d'un numéro Orias qu'il fait bien souvent figurer sur son site internet ou ses cartes de visite. On peut donc aller vérifier que le courtier est bel et bien enregistré sur le site de l'Orias. On peut également vérifier qu'il est bien adhérent à l'une des six associations professionnelles agréées par l'ACPR. Sans cette adhésion, un courtier ne peut pas exercer. Il existe par ailleurs une liste noire de l'ACPR répertoriant les adresses mails dénoncées comme étant des arnaques. On peut donc s'assurer que son courtier n'y figure pas.

Attention toutefois, de faux courtiers font parfois figurer les noms et numéros Orias de véritables courtiers. La meilleure protection reste donc de retenir qu'un courtier n'est en aucun cas habilité à encaisser votre apport lors d'une transaction. "On n'a absolument pas le droit d'encaisser les fonds" martèle Côme Robet "hormis ses honoraires qui, eux, sont encaissés lors de la signature définitive chez le notaire". Autrement dit, ce point doit être le voyant rouge ultime. Si un courtier vous réclame un virement, stoppez immédiatement la procédure. En cas de doute, vous pouvez toujours contacter votre banque ou votre notaire.

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