APL : l'étalement de la baisse "n'est pas une solution" car "la question de fond reste ouverte"
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, a contesté l'annonce du gouvernement d'étaler la baisse des aides publiques au logement pour les organismes HLM. Selon elle, reculer l'échéance ne change rien au fond du problème.
Les députés ont adopté vendredi 3 novembre un amendement du gouvernement qui étale sur trois ans la baisse de 1,5 milliard d'euros des aides publiques au logement (APL) pour les organismes HLM. "Un scandale" pour Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris et présidente de la Fédération nationale des coopératives HLM. Elle estime, sur franceinfo, que "ce n'est pas une solution".
franceinfo : Cette solution de dernière minute, d'étaler cette baisse sur trois ans, fait-elle avancer le dossier ?
Marie-Noëlle Lienemann : Ce n'est pas une solution, c'est la prise en compte par le gouvernement d'un mécontentement qui va bien au-delà des mécontentements des organismes HLM. Cela concerne aussi les locataires, les collectivités locales, les élus de tous bords, de toute famille politique. C'est une déstabilisation majeure du logement social à un moment où notre pays en a tant besoin. Ce que le gouvernement semble avoir en tête, c'est de reculer l'échéance mais la question de fond reste ouverte. Derrière ce recul, on espère qu'on va pouvoir prendre en compte des propositions alternatives que le mouvement HLM avait mises sur la table très tôt. On nous demande à nous, le logement social, des efforts, alors qu'on ne demande rien au logement privé. Nous avons fait des propositions en termes de TVA, de solidarité entre les organismes HLM et nous sommes prêts à faire des efforts sur les dépenses de charges. C'est un enjeu de plus en plus important. J'espère que le vote au Sénat permettra de revenir sur cette mauvaise réforme qui est un étranglement.
Cet amendement change-t-il réellement quelque chose pour vous ?
La facture est la même. Néanmoins, il y avait un problème sur la facture car, à partir du moment où l'on baisse le niveau des loyers et non pas la quittance avec les charges, vous avez un risque sur le remboursement des emprunts que les organismes HLM ont contracté pour construire les logements. En baissant les loyers, nous fragilisons la sécurisation de nos emprunts, donc on va avoir des problèmes de taux d'intérêt et les collectivités locales devront faire appel à leur garantie. Donc, il y a un problème de somme globale et le gouvernement ne veut rien entendre, c'est un scandale. Il y a aussi un problème de méthode qui déstabilise l'ensemble du système.
Allez-vous devoir construire moins à l'avenir ?
D'abord, on aura plus de 150 organismes HLM, offices ou sociétés anonymes qui risquent d'être dans le rouge, dès l'an prochain, c’est-à-dire des organismes qui vont devoir disparaître et faire appels aux collectivités. Par ailleurs, avec 1,7 milliard d'euros [de baisse], ce sont des dizaines de milliers de logements qui ne seront pas construits mais surtout des travaux d'entretien et de rénovation thermique vont être supprimés. Or, si le gouvernement veut baisser la quittance de loyer, la meilleure méthode est d'investir pour qu'on ne gaspille pas d'énergie. Nous avions programmé un gros effort d'amélioration énergétique. Nous devrons l'arrêter. Idem pour le renouvellement urbain dans les quartiers.
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