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Chasse aux arrêts maladies de complaisance : la Cnam place des milliers de médecins sous surveillance

Bercy veut faire la chasse aux arrêts maladie de complaisance et espère récupérer ainsi dix milliards d'euros. Des courriers d’avertissement ont été envoyés à un milliers de médecins "gros prescripteurs".
Article rédigé par franceinfo - Laura Lavenne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un médecin signe un arrêt de travail. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

8,8 millions d’arrêts maladie en France en 2022, contre 6,4 millions il y a dix ans, soit une hausse de plus de 30%, selon les chiffres de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie qui dit vouloir "lutter contre ces dérives". Comprenez : les arrêts de travail abusifs. Et pour cause, l’Assurance maladie vient tout juste de lancer une campagne pour contrôler les médecins qui prescrivent le plus d’arrêts.

2% des médecins ne respecteraient pas les règles

Les premiers courriers d’avertissements ont été envoyés au plus "gros prescripteurs", qui représente un bon millier de médecins, soit 2% de la profession qui ne respecte pas les règles, selon Thomas Fatome, le directeur de l’Assurance maladie.

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"Ils prescrivent deux fois, trois fois, quatre fois plus que la moyenne d'arrêts de travail par patient, explique-t-il. Pour ceux-là, on engage une campagne : c'est ce qu'on appelle une mise sous objectifs."

"D'abord, on échange avec eux et on va leur demander de diminuer leurs prescriptions parce que ce n'est pas normal d'avoir une telle différence par rapport à la moyenne de leurs confrères."

Thomas Fatome

à franceinfo

Les syndicats de médecins appellent à refuser la mise sous objectifs : "On nous fait passer pour des fraudeurs !", dénoncent-ils. D’autant que 20 000 autres praticiens sont surveillés de près.

Des "entretiens" pour modifier les habitudes de prescription

Pour la plupart ils ne recevront une simple visite de rappel dans leur cabinet mais 5 000 d’entre eux se verront proposés des "entretiens" dans l’idée de les aider à modifier leurs habitudes de prescription.

Pour le généraliste Mickael Rochoy, c’est prendre le problème à l’envers. "Les médecins ne font pas d'arrêts de travail de complaisance, souligne-t-il. On va cibler les médecins, mais on pourrait aussi regarder des entreprises où il y a le plus d'arrêts de travail afin de travailler sur la cause pour diminuer le nombre d'arrêts de travail en France." Un nombre en hausse de 7% l’an dernier, sans compter les arrêts liés au Covid-19. Coût total pour l’Assurance maladie : 14 milliards d’euros.

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