Charente : le dernier fabricant de charentaises du département placé en liquidation judiciaire
Le seul plan de reprise présenté a été jugé trop fragile par le tribunal de commerce d'Angoulême.
La dernière entreprise de Charente à assurer la fabrication des célèbres charentaises a été placée, vendredi 15 novembre après-midi, en liquidation judiciaire, selon les informations de France Bleu La Rochelle.
Le tribunal de commerce d'Angoulême a rejeté le plan de reprise de la Manufacture charentaise présenté par un homme d'affaire local, Pascal Becker. Un plan jugé trop fragile financièrement. L'entreprise, basée à Rivières, près de La Rochefoucauld, était la dernière entreprise de Charente à entretenir un savoir-faire ancestral : la fabrication des pantoufles charentaises. Un dernier atelier subsiste en Dordogne, l'entreprise Fargeot basée à Thiviers.
Les charentaises protégées par une IGP
La Manufacture charentaise, née en juin 2018 de la fusion de quatre ateliers eux-mêmes en grande difficulté (Rondinaud, Manufacture Degorce, Ferrand, Laubuge), emploie 104 salariés, aujourd'hui en colère. Ils avaient cru aux promesses de relance des deux principaux actionnaires : l'ancien ministre Renaud Dutreil, reconverti dans les affaires, associé à Stéphane Baleston, le directeur démissionnaire au printemps. Renaud Dutreil dit mesurer "leur amertume et leur tristesse" et assure avoir "découvert la situation trop tard".
Le savoir-faire de la charentaise est officiellement protégé depuis le printemps dernier par une indication géographique. Cela protège notamment la technique unique du "cousu-retourné".
"C'est comme une madeleine de Proust pour beaucoup de Français. C'est une histoire qui touche chacun d'entre nous", estime Henri Lalouette, secrétaire général de Force ouvrière en Charente, qui veut croire encore en un avenir : "Le produit est toujours là, il y a un savoir-faire. Et puis il y a une image". Il rappelle qu'il il y avait jusqu'à 2 000 employés qui fabriquaient de la charentaise.
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