Comptes truqués, emplois menacés : trois questions sur la situation de la maison mère de William Saurin
L'Etat pourrait intervenir financièrement pour éviter la liquidation judiciaire du groupe, après la révélation que ses comptes étaient truqués depuis des années. Plus de 3 000 emplois sont menacés.
Chamboule-tout dans les conserves William Saurin. La mort de la propriétaire de la maison mère de l'entreprise, mercredi 30 novembre, a déclenché une série de révélations sur le maquillage des comptes du groupe depuis des années. Mercredi 14 décembre, l'Etat a annoncé qu'il pourrait aider financièrement la holding Financière Turenne Lafayette, qui détient les marques William Saurin, Garbit ou encore Madrange, pour lui éviter la liquidation judiciaire.
Comment les comptes de la maison mère de William Saurin ont-ils été truqués ?
Début décembre, le président du groupe en remplacement de Monique Piffaut, Eric Le Gouvello, a diligenté un audit sur sa situation économique et financière. Résultat, quelques jours plus tard : "Les premières constatations laissent apparaître une présentation trompeuse des comptes depuis plusieurs années", indique la société dans un communiqué.
En d'autres mots, les comptes étaient maquillés pour masquer la mauvaise santé économique du groupe. "C'est quand même incroyable. Comment les commissaires aux comptes et les experts-comptables ont-ils pu ne rien voir pendant une dizaine d'années alors qu'il aura suffi d'un audit de quinze jours pour découvrir le pot aux roses ?" s'interroge un responsable de la CFDT-Agroalimentaire dans Le Parisien.
Une chose est sûre, "le groupe arrangeait depuis de longues années ses comptes en fin d'année en passant des écritures comptables qui étaient soit de fausses facturations, soit de fausses avances sur stock", expliquent les ministères de l'Agriculture et de l'Economie. Pour autant, il n'y aurait pas eu de malversation, selon les deux ministères.
Quels risques pour les 3 200 salariés français ?
Ces révélations, et la possible mise en liquidation judiciaire du groupe, menacent directement les emplois des 3 200 salariés des 21 sites industriels français du groupe, qui visait un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros en 2016. Plusieurs syndicats ont fait part de leurs vives inquiétudes.
Selon Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, "maintenant, c'est la question des 3 200 salariés qui est posée". "Il faut à tout prix une mobilisation de l'Etat et que les dirigeants actuels ne fassent pas payer aux salariés leurs fautes d'hier", a-t-il dit.
Comment l'Etat va-t-il aider le groupe ?
L'Etat a promis, mercredi 14 décembre, d'aider financièrement le groupe Financière Turenne Lafayette. Concrètement, l'Etat pourrait assurer une aide en trésorerie pour permettre au groupe d'éviter la liquidation judiciaire et la disparition de ses 3 200 emplois.
Il y a urgence. L'Etat est là & sera là pr assurer le maintien de l'activité.
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 15 décembre 2016
On doit tout faire pour pérenniser les différents sites du gpe https://t.co/iFpjTuk9tH
"Pour nous, c'était important d'apporter cette assurance aux fournisseurs, aux clients et aux salariés", ont indiqué les ministères de l'Agriculture et de l'Economie lors d'une conférence téléphonique. S'il réclame des aides publiques, Xavier Beulin, le président de la FNSEA, premier syndical agricole de France, ne veut "surtout pas" de nationalisation, a-t-il précisé sur Europe 1, jeudi 15 décembre.
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