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Grands fonds marins : la France investit dans l'exploration minière, un sujet sensible

Dans la présentation mardi de son plan d’investissement "France 2030", Emmanuel Macron fait de l’exploration des grands fonds marin une priorité, malgré l'inquiétude d'ONG pour ces écosystèmes fragiles.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des nodules polymétalliques, qui peuvent servir à faire fonctionner des batteries, dans les eaux de Minamitorishima au Japon, en avril 2016. (HO / JAMSTEC)

Emmanuel Macron a dévoilé mardi 12 octobre un plan d'investissement de 30 milliards d'euros sur cinq ans pour développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir en France. Autour de deux milliards d’euros vont être investis dans l'exploration des fonds marins mais aussi de l'espace. Cette exploration est "un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d'accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d'innovation", a souligné le chef de l'État. Mais cette exploration pourrait conduire à une exploitation de ces fonds marins, redoutent des ONG. 

Dans les fonds marins, on trouve en effet les minéraux de demain, qui entrent dans la composition des batteries des voitures électriques ou des appareils de communication. Il s’agit par exemple de cobalt, de manganèse ou de nickel. Ces minerais se trouvent à plus de 4 000 mètres de profondeur. Ils sont contenus dans des concrétions minérales qu’on appelle des nodules polymétalliques. On trouve aussi des cheminées hydrothermales qui ont pour certaines plus de 120 000 ans.

Des dommages "irréversibles"

Ce sont ces ressources qui sont au centre des inquiétudes. Une coalition d’ONG s’est organisée pour les protéger. La crainte est que l’on passe au stade de l’exploitation. Sian Owen, qui fait partie de la coalition Deep Sea, prévient que "les dommages sur les fonds marins seront irréversibles". "C’est une partie de la planète qui met des siècles, voire plus, à se reconstituer, indique-t-elle. Avec cela, il y aura de la pollution. Et ça risque d’endommager la capacité de l’océan à absorber le carbone". Une motion pour demander un moratoire sur l’exploitation a été adoptée lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille le mois dernier. Mais la France s’est abstenue.  

Les grandes zones d’explorations sont dans les eaux internationales du Pacifique et l’Atlantique nord. Une organisation, qui dépend de l’ONU, a donc été mise sur pied. Elle délivre des permis d’exploration. La France en possède deux, qui sont appliqués par l’IFREMER. Deux sociétés, belge et canadienne, possèdent aujourd’hui les machines pour exploiter les grands fonds. En avril dernier, Greenpeace a suivi Deep Green dans le Pacifique centre, pour assister à ce travail d’exploration. "C’est un bulldozer qu’on descend avec un câble sous l’eau, avec beaucoup de contraintes techniques. D’ailleurs ils l’ont perdu une première fois et ils l’ont retrouvé, raconte François Chartier, chargé de campage Océan à Greenpeace. Mais ce n’est pas quelque chose de délicat qui va prélever des échantillons pour comprendre des écosystèmes totalement inconnus."

"Lorsqu’on parle d’exploration, on a souvent en tête les découvertes scientifiques. Là ce n’est pas du tout ça, c’est de l’exploration minière." 

François Chartier, chargé de campagne "Océan" à Greenpeace

à franceinfo

Dans cette affaire les ONG critiquent la gouvernance qui n’offre pas assez de protection. Un code minier est actuellement en discussion. La crainte est qu’il ouvre la phase d’exploitation dans quelques années, dans un contexte de forte demande de minerais pour la consommation.

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