Reportage Près de Grenoble, une entreprise donne une seconde vie aux aimants usagés

Depuis 2020, une entreprise iséroise recycle les aimants usagés pour en faire de nouveaux : une filière quasiment inexistante en Europe.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Recyclage d'aimants près de Grenoble (BORIS HALLIER / FRANCEINFO)

Ils sont présents dans les voitures électriques ou les éoliennes : les aimants font désormais partie de la liste des matériaux dits critiques élaborée par l'Union européenne. En Europe, la filière de recyclage est quasiment inexistante. Mais près de Grenoble, une jeune entreprise créée en 2020, se développe et veut donner une seconde vie aux aimants usagés.

Au milieu de l'atelier flambant neuf, quatre grosses caisses remplies de trottinettes. Ces objets du quotidien renferment des matériaux essentiels pour MagREEsource et son directeur des opérations, Blaise de Charentenay : "Dans ces roues, vous avez des petits moteurs électriques et les aimants sont là pour transférer l'énergie qui fait tourner la roue. Et on a aussi des hoverboards qui sont en fin de vie et dans lesquels on trouve cette matière première."

Des aimants de toutes tailles, de provenances diverses et variées : "La plupart sont des aimants qui n'ont plus de propriété magnétique mais la matière qui les compose leur permet de reprendre instantanément ses propriétés quand on applique le bon champ magnétique." Et c'est justement la mission de cette jeune entreprise, réhabiliter des aimants habituellement mis au rebut : "La plupart des aimants sont considérés comme de la ferraille et donc vont terminer dans du rond de béton ou pire encore vont être exportés pour être traités hors d'Europe."

L'Europe dépend ainsi à plus de 90 % de la Chine pour s'approvisionner en aimants permanents, éléments essentiels pour les technologies de décarbonation.

Nettoyés et transformés en poudre

Pour leur donner une nouvelle vie, ces matériaux sont nettoyés dans des machines hermétiques par des opérateurs comme Tanguy Vergé alternant en mesures physiques chez MagREEsource : "Je suis au tout début du processus, c'est retirer le revêtement pour laisser le côté très gris qui est caractéristique du néodyme fer bore." Il s'agit d'un alliage de terre rare. Il est ensuite transformé en poudre qui sert à fabriquer de nouveaux aimants,  selon Jérôme Fliegans ingénieur docteur en procédé des aimants : "On a des moules en silicone qui permettent de prédéfinir la forme de l'aimant et on le remplit de poudre."

Mais ce processus n'est pas encore industriel.  À peine sortie des laboratoires de recherches du CNRS à Grenoble, MagREEsource n'en est qu'à ses débuts : "Tout n'est pas encore là. Il y a des marques bleues au sol qui permettent d'identifier l'empreinte au sol de différentes machines, très grosses, qui vont arriver dans les prochains mois. Notre vrai enjeu c'est de démontrer qu'on arrive à produire de façon industrielle avec la qualité requise. C'est un super challenge, super motivant !"

Ce site pilote prévoit dans un premier temps de fabriquer 50 tonnes d'aimant recyclé par an. Avec le développement de l'éolien et des moteurs électriques, la demande mondiale devrait atteindre plus de 200 000 tonnes d'ici 2030.

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