Truqueuse de comptes, affabulatrice ... Les secrets bien conservés de la défunte patronne de William Saurin
"Le Figaro" a enquêté sur Monique Piffaut, qui dirigeait l'empire agroalimentaire Financière Turenne Lafayette. Après sa mort, en novembre 2016, un audit a révélé les dettes plombant l'entreprise.
La reine du cassoulet en boîte avait défrayé la chronique après sa mort, le 30 novembre 2016, par ses volontés testamentaires supposées. La presse avait alors relayé, à tort, qu'elle léguait sa fortune à son chien, Gaëtan.
Mais Monique Piffaut, la patronne de la Financière Turenne Lafayette (William Saurin, Madrange, Garbit ...), décédée à l'âge de 78 ans, est loin d'avoir livré tous ses secrets. Dans une enquête fouillée, Le Figaro en livre quelques-uns, jeudi 12 janvier 2017.
Son chien était surnommé "le DG"
Le magazine Challenges croyait savoir que Monique Piffaut, sans enfant et sans héritier direct, aurait souhaité léguer sa fortune... à une association de protection animale.
C'était faux, mais elle adorait néanmoins Gaëtan, son caniche. Au point que celui-ci, assure Le Figaro, était ironiquement surnommé "le DG" (directeur général) par ses collaborateurs. Et qu'elle avait "installé une niche dans son bureau".
Elle fabulait volontiers
A en croire le quotidien, la dynamique entrepreneuse se livrait volontiers à des affabulations. Elle aurait ainsi prétendu avoir été agent secret, ce qui est évidemment difficile à vérifier.
Etait-ce pour attirer la compassion ? Sur un plan plus personnel, la dirigeante évoquait, devant des interlocuteurs, "la perte de ses deux enfants noyés dans une piscine". Mais, ajoute le journal, "le généalogiste mandaté par son exécuteur testamentaire n'a pas trouvé la moindre trace d'enfants".
Elle truquait ses comptes depuis des années
Son art de la dissimulation n'était pas cantonné à sa vie personnelle. "Tous ignoraient que la patronne maternaliste truquait ses comptes depuis des années, peut-être plus de quinze", écrit le journal. Le trou est apparu au grand jour après sa mort : un audit avait révélé une "présentation trompeuse des comptes depuis plusieurs années".
Pour dissimuler le déséquilibre croissant des comptes, Monique Piffaut émettait "des fausses factures" et remplissait "ses boîtes de conserve d'eau pour gonfler artificiellement ses stocks et flouer les auditeurs de passage dans ses usines". Selon les syndicats, fin décembre, la Financière Turenne Lafayette aurait accumulé une dette de 346 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires visé de 900 millions d'euros en 2016.
Des "vautours" l'ont traquée jusque dans son lit d'hôpital
Même plombé par ses dettes, l'empire industriel de l'agroalimentaire qu'elle a construit a encore de la valeur. "De nombreux 'vautours' sont venus la voir à l'Hôpital américain [à Neuilly] pour lui racheter son groupe", raconte ainsi le journal, évoquant les derniers mois de la propriétaire du groupe. Mais "les médecins ont interdit ces importuns. De toute façon, Monique Piffaut ne voulait pas vendre."
Elle a mis ses derniers euros dans sa boîte
La patronne "a investi jusqu'à ses derniers deniers pour pallier les soucis de sa société", souligne Le Figaro. Elle a d'ailleurs "fini sa vie ruinée, avec un endettement personnel de 60 millions d'euros". Faut-il le lui reprocher ? "Son attachement irrationnel à la préservation de son groupe et de ses emplois permettent à la vieille dame, malgré des colères aussi fortes que brèves, de garder la sympathie de ses 3 200 salariés, qu'elle aura autant trompés que protégés", conclut le journal.
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