: Vidéo "Cash Investigation" interroge la ministre de la Transition écologique sur les accidents de méthaniseurs qui inquiètent les riverains
Les méthaniseurs permettent de transformer le lisier, le fumier, les matières végétales et les résidus agroalimentaires en gaz ou en électricité. Il en existe déjà 1 200 en France et 800 devraient bientôt sortir de terre. Ils inquiètent les riverains car ils sont parfois à l’origine de pollutions olfactives, d'incendies, de fuites ou d'explosions… Extrait de "Déchets : la grande illusion", une enquête de Claire Tesson diffusée jeudi 11 novembre 2021 à 21 heures sur France 2.
Un geste anodin, comme celui d’ouvrir son robinet d’eau pour se préparer une tasse de thé, n’est plus fait avec la même insouciance par Brigitte Taburet, une habitante de Crozon, dans le département du Finistère, depuis qu’elle a réalisé l’impact que pouvait avoir un méthaniseur : "Cela a quand même pollué l’eau et privé 180 000 personnes sur un bassin allant de Quimper, qui est à 55 kilomètres, jusqu'ici !" dit-elle au magazine "Cash Investigation" (Facebook, Twitter, #cashinvestigati). Le 17 août 2020 vers 22h30, une cuve remplie de résidus de méthanisation concentrés en ammoniaque a débordé et 400 mètres cubes se sont déversés dans l’Aulne, le fleuve qui alimente en eau potable 49 communes du Finistère.
Il a pourtant fallu attendre le lendemain matin pour que l’exploitant stoppe cet écoulement… "Ce sont des usines à gaz hyper dangereuses et personne ne surveille ? Il n’y a pas un humain pour fermer un robinet ? se demande la riveraine. C’est extrêmement léger…" Il n’y avait en effet personne sur le site pour surveiller l’installation. Et cet accident n’est pas un cas isolé. Alors, le gouvernement a-t-il pris la mesure des risques pour l’homme et l’environnement face au développement effréné de cette filière qui peut être la cause de pollutions olfactives, d'incendies, de fuites ou encore d'explosions ?
"On peut publier une liste des entreprises qui ne sont pas dans les clous"
Elise Lucet a rencontré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, pour l’interroger sur cette affaire du méthaniseur de Châteaulin, exploité par Engie, et lui demander des explications sur ce grave événement. "C’est cet incident qui a été un des révélateurs et quatre inspections ont été faites à sa suite, rien que sur ce site-là", précise la ministre. "Vous dites incident ? Pour moi, c’est un accident, avec 180 000 personnes privées d’eau pendant plusieurs jours. Ce n’est pas un incident", rétorque la journaliste de "Cash". "Vous l’appelez comme vous voulez, mais je dis que c’est inacceptable, répond Barbara Pompili. C’est pour cette raison que nous avons diligenté des inspections qui ont permis d’arriver au durcissement de la réglementation. Là, il y a eu un débordement qui n’avait pas été détecté. On met une obligation de jauger dans la réglementation pour permettre d'alerter au moindre risque de débordement."
Elise Lucet a apporté avec elle un rapport confidentiel des services de l’Etat sur cet accident de Châteaulin qui, dit-elle à Barbara Pompili, est "accablant pour Engie" et qui "pointe des problèmes techniques… Surtout la maintenance qui semblerait avoir été purement et simplement oubliée". La ministre répond que la journaliste est en train de faire du "Name and shame". En français, montrer du doigt et faire honte. "Et c’est une des manières les plus efficaces pour faire bouger les entreprises, ajoute-t-elle. Et si on voit qu’il y a des difficultés, on peut publier une liste des entreprises qui ne sont pas dans les clous, et c’est d’ailleurs ce que l’on est en train de faire."
Extrait de "Déchets : la grande illusion", une enquête de Claire Tesson diffusée jeudi 11 novembre 2021 à 21 heures sur France 2.
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