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Vidéo "Déchets : la grande illusion" > Le débrief du magazine "Cash Investigation"

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VIDEO. "Déchets : la grande illusion" > Le débrief du magazine "Cash Investigation"
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Article rédigé par France 2
France Télévisions

L'équipe de "Cash Investigation" répond à une partie des questions qui ont été posées via le site de Franceinfo et sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #CashInvestigation… Extrait de "Déchets : la grande illusion", une enquête de Claire Tesson diffusée jeudi 11 novembre 2021 à 21 heures sur France 2.

Pour ce débrief du numéro de Cash Investigation "Déchets : la grande illusion (replay), Elise Lucet est entourée de Claire Tesson qui a réalisé l'enquête, Grégoire Huet, le journaliste qui s’est fait embaucher dans le centre de tri, et Sophie Le Gall à la rédaction en chef.

Gabriel (Marne) > Est-ce que trier ses déchets sert encore à quelque chose aujourd'hui ?
Elise Lucet > Oui, Gabriel, trier ses déchets, c’est indispensable. Cela permet de donner une nouvelle vie au plastique. Et même si vous triez certains emballages qui ne se recyclent pas encore, les industriels disposent ainsi de matières pour expérimenter et développer, dans le futur, des solutions de recyclage à grande échelle. Mais le recyclage n’est pas la solution miracle. Ce qu’il faut, c’est d’abord réduire nos déchets à la source. Quand vous faites vos courses, remplacez quand vous le pouvez le plastique par le verre, évitez les produits suremballés et achetez en vrac. 

Emma (Puy-de-Dôme) > Quels plastiques sont réellement recyclables 
Claire Tesson > Si on parle des emballages plastiques alimentaires, il existe trois grandes familles qui sont recyclées actuellement. Vous voulez une petite astuce pour vous y retrouver ? Quand vous faites vos courses, grâce à ce petit sigle avec un numéro, vous pouvez savoir de quel type de plastique il s’agit et, donc, si oui ou non l’emballage que vous achetez sera vraiment recyclé une fois mis dans la poubelle jaune.
Il y a d’abord le polyéthylène téréphtalate, le PET. Son symbole, c’est le chiffre 1. Ce sont les bouteilles d’eau, de soda ou de lait, par exemple. Ensuite le polyéthylène haute densité, le PEHD. C’est le chiffre 2. On le trouve sur les bouteilles de lessive ou encore les flacons de shampoing. Et enfin, le polypropylène ou PP. C’est le chiffre 5. Il s’agit des barquettes de beurre, notamment.

> Le tiercé gagnant des plastiques recyclables, c’est donc 1, 2 et 5. Et pour les autres plastiques ?
Sophie Le Gall > Soyez vigilant avec le chiffre 4. Ce sont les films alimentaires et certains sacs plastiques. Pour le moment, il n’existe aucune filière de recyclage. Enfin, il y a le fameux polystyrène de nos pots de yaourt, c’est le chiffre 6. Et on l’a vu dans notre enquête, son recyclage en France est quasi inexistant. Alors, un petit conseil : ouvrez l'œil quand vous faites vos courses !

GM (Saône-et-Loire) > Pourquoi ne pas utiliser de l'emballage en verre pour les yaourts ?
Claire Tesson > En fait, le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas, et même si le verre se recycle à l'infini, c’est un matériau qui est lourd. Son transport a un bilan carbone important. C’est-à-dire qu’il émet beaucoup de gaz à effet de serre. La meilleure solution est donc de faire ses yaourts soi-même. C’est écologique et ça ne coûte pas cher. Pour ça, il vous faut un litre de lait, un yaourt d’une fournée précédente ou un yaourt du commerce. Mélangez le tout et versez dans vos pots de yaourt. Et hop, onze heures dans la yaourtière. Après quelques heures au réfrigérateur, vous pourrez déguster.

Clément (Chinon) > Pourquoi ne pas nous obliger à travailler dans un centre de tri durant une semaine ? Avoir le nez dans nos propres déchets nous ferait peut-être cogiter sur le sujet ?
Grégoire Huet > C’est vrai qu’en passant sept heures par jour devant un tapis de tri, j’ai halluciné. D’abord sur la masse de déchets qu’on avait à traiter. Ça fait réfléchir sur notre consommation de produits emballés ou suremballées. Et puis j’ai été aussi très surpris de voir qu’on retrouvait tout et n’importe quoi sur les tapis de tri : des couches pour bébés, des cadavres d’animaux ou des objets dangereux, là où on ne devrait avoir que des emballages. Les machines font un premier tri, mais elles ne sont pas infaillibles et les ouvriers sont là pour corriger les erreurs. Donc, bien trier ses déchets, c’est un geste écologique, mais c’est aussi un geste citoyen pour les ouvriers qui récupèrent nos détritus en bout de chaîne.

Khédoudja (Carpentras) > Est-il vrai que nos déchets plastiques sont envoyés en Asie pour être recyclés ?
Elise Lucet > Oui, ça a longtemps été le cas. Mais depuis quelques années, les pays d’Asie sont devenus beaucoup plus regardants sur les déchets qui entrent sur leur territoire. Du coup, c’est dorénavant vers la Turquie que sont exportés les plastiques de mauvaise qualité, non recyclables, provenant d’Europe. Un chiffre : en 2018, selon les Nations unies, les déchets plastiques envoyés en Turquie ont augmenté de près de 70%.

> Et ces déchets, sont-ils recyclés ?
Sophie Le Gall > Malheureusement pas tous. Comme pour les déchets qui étaient envoyés en Asie, ils sont bien souvent brûlés dans des décharges sauvages. C’est une catastrophe pour l’environnement et pour les riverains, car les fumées toxiques peuvent présenter de sérieux risques pour la santé.

Angélique (Pas-de-Calais) > Bravo pour l'initiative de compostage de Besançon. Pourquoi cela n'existe-t-il pas partout en France ?
Elise Lucet > L'initiative de la Ville de Besançon en a fait réagir plus d’un. Pourquoi n’est-ce pas généralisé ? C’est avant tout un choix politique des élus locaux. L’expérience de Besançon a d’ailleurs fait des émules. D’autres communes s’en sont inspirées, comme certaines dans le Gard ou en Vendée, qui sont, elles aussi, en train de mettre en place cette redevance qui incite les citoyens à réduire le poids de leurs poubelles.

> Et les autres, elles attendent quoi ?
Sophie Le Gall > Souvent, les communes ont investi massivement dans l'incinération. C'est donc compliqué de faire machine arrière. Entre la construction, l’entretien et les mises aux normes régulières, un incinérateur coûte cher. C’est autant d’argent en moins pour la prévention et la réduction des déchets en amont.

Gégé (Hauts-de-France) > Les fuites sont nombreuses sur les méthaniseurs, qu'en est-il de leur impact sur les gaz à effet de serre ?
Claire Tesson > C'est vrai que les fuites de méthane sont fréquentes. On a d’ailleurs pu le constater pendant notre tournage en Allemagne, avec cet ingénieur lors d’un contrôle. Regardez sur ces images, tournées avec une caméra infrarouge. On voit clairement les fuites de méthane. Ce sont les zones en rouge. Et le méthane est un gaz à effet de serre puissant. Il a un impact sur le réchauffement climatique au moins 25 fois supérieur au CO2. Selon les calculs de Daniel Chateigner et de son équipe, 4% de fuites dans un méthaniseur suffiraient donc à annuler l’intérêt écologique de l’installation.  

Extrait de "Déchets : la grande illusion", une enquête de Claire Tesson diffusée jeudi 11 novembre 2021 sur France 2.

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