Dix conseils pour limiter l'impact de l'inflation sur vos dépenses alimentaires
Repérer les promotions, limiter le gaspillage, ne pas lésiner sur les produits bientôt périmés... Face à l'inexorable augmentation des prix, voici les meilleures astuces pour limiter les frais en remplissant son caddie.
Vous l'avez probablement remarqué à la caisse. Depuis plusieurs mois, de très nombreux aliments ont vu leur prix grimper en flèche, des légumes frais à la viande, en passant par les pâtes ou l'huile. Avec 3,8% de hausse entre avril 2021 et avril 2022, le secteur alimentaire connaît, certes, une inflation bien moins importante que celui de l'énergie (+26,5%). Mais elle est scrutée de près puisque l'alimentation constitue, après le logement, la deuxième part la plus importante des dépenses de consommation des ménages. D'autant que la situation devrait s'aggraver : en juin, l'Insee estime que l'inflation du secteur atteindra 6,3% sur un an.
Face à ce constat, le gouvernement a promis de mettre en place un chèque alimentation de 50 euros par mois pour les foyers les plus modestes après les élections législatives. Pour aider le consommateur qui le souhaite à limiter ses dépenses au moment de remplir son panier de courses, franceinfo a listé des conseils d'associations de consommateurs, de spécialistes de la grande distribution ou de la consommation, voire de clients avisés. Ils nécessitent souvent de l'organisation ou un peu de temps supplémentaire... et ont donc eux aussi un "coût".
1Comparer les prix dans les magasins près de chez soi
Aller au supermarché le plus proche n'est pas toujours la solution la plus économique. L'écart de prix entre les deux enseignes de grande distribution les plus chères et les deux les moins chères a atteint 23,5% en mai, selon une étude (PDF) de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) basée sur un panel de 12 enseignes (hors hard discount). Ce grand écart est dû à "la politique très ferme de négociation de certaines enseignes avec leurs fournisseurs, ce qui leur permet de proposer des prix bas et de constituer une marge sur le volume vendu", explique à franceinfo Grégory Caret, directeur de l'Observatoire de la consommation de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir. A l'autre bout du spectre, "les magasins de centre-ville affichent des prix plus élevés en raison d'un rayonnage plus faible" que les hypermarchés.
Pour vous aider à repérer l'enseigne la moins chère à proximité de chez vous, l'UFC-Que Choisir a mis en ligne une carte de 4 000 drives (hors hard discount) en France métropolitaine, classés en fonction des tarifs pratiqués sur un même panier de 103 produits. Etant donné la récente hausse des prix des carburants, n'oubliez pas d'intégrer cette donnée pour savoir si cela vaut le coup d'aller plus loin.
2Choisir son enseigne et ses produits en fonction des promotions
En deux mots, sachez être "infidèle" et "opportuniste" avec les marques et les enseignes, conseille Elodie Toustou, cheffe de la rubrique "Argent" de 60 Millions de consommateurs. Elle invite à consulter les catalogues de promotions des enseignes (disponibles à l'accueil des magasins et sur internet) avant d'aller faire ses courses pour savoir quel magasin privilégier ce jour-là. N'hésitez pas à substituer vos produits habituels à d'autres en fonction des promotions disponibles, voire à composer les menus de la semaine en fonction des réductions. Certains influenceurs, spécialisés dans les courses économiques, proposent d'ailleurs des idées de recettes pas chères (comme le site 1repas1euro). C'est aussi le cas du site de cuisine Marmiton, qui propose une catégorie "bon et pas cher" (moins de 5 euros par personne).
Par ailleurs, de nombreuses applications mobiles existent pour vous aider à optimiser vos réductions : Fidme, Fidall ou Stocard permettent de regrouper ses cartes fidélité. Groupon permet de faire des achats groupés (donc moins chers). Coupon Network ou Shopmium permettent de bénéficier de promotions. Ce même Shopmium, iGraal, FidMarques ou Quoty permettent enfin de se faire rembourser une partie de ses dépenses (un procédé appelé "cashback").
3Faire une liste, fixer un budget... et s'y tenir
Vous êtes familier du proverbe "la meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder" ? Eh bien, ne l'écoutez pas. "Avec l'inflation, la pratique des listes de courses revient en force pour éviter de se laisser tenter dans les rayons", selon Olivier Dauvers, journaliste spécialiste de la grande distribution. Pour suivre en temps réel le montant du ticket de caisse, ce dernier conseille de se munir d'une calculatrice, ou d'opter pour les douchettes de "self scanning" disponibles dans certains magasins.
Sur internet, nombre de consommateurs y vont aussi de leurs astuces diverses pour ne pas s'éloigner du budget fixé. Parmi d'autres, la chaîne YouTube Maman Econome vante la "méthode des enveloppes", qui consiste à retirer de l'argent liquide correspondant à chaque poste de dépenses dans le mois (courses, factures, sorties...) et à le répartir dans autant d'enveloppes que de postes. Cette méthode, qui permet de visualiser les sommes disponibles, empêche aussi de dépasser le budget, à condition de laisser sa carte de crédit à la maison pour respecter les sommes définies.
4Acheter (puis congeler) des produits bientôt périmés
Quel est le meilleur ami du consommateur économe ? La "DLC courte", qui désigne une date limite de consommation proche de la date d'achat, généralement le jour-même ou le lendemain. Si vous ne pouvez pas utiliser ces produits à temps, congelez-les afin d'en prolonger la durée de vie. Outre les produits signalés par des étiquettes en rayon, la plupart des supermarchés proposent désormais des rayons entiers de "DLC courte" qui permettent de "payer trois à quatre fois moins cher", assure Elodie Toustou. Une bonne pratique pour le porte-monnaie, qui participe également à la lutte contre le gaspillage.
Là encore, plusieurs applications (Phénix, Too good to go...) permettent de repérer des supermarchés, mais aussi des restaurants ou des primeurs qui signalent s'ils disposent des produits correspondants.
5Se tourner vers les premiers prix et le hard discount
Les produits d'entrée de gamme et les tarifs pratiqués par le hard discount ne sont pas exempts de hausses de prix, au contraire. Mais d'un point de vue économique, ils restent une meilleure affaire que leurs concurrents. Les Français ne s'y trompent d'ailleurs pas : le poids du hard discount pesait en 2021 plus de 11% dans la vente de produits de grande consommation et de produits frais, selon une étude de l'IRI.
Qu'en est-il de la qualité ? Ces catégories de produits souffrent d'une mauvaise réputation, provoquant la réticence de certains consommateurs. Pourtant, difficile de généraliser, assure l'Observatoire de l'alimentation (Oqali), dans un rapport (PDF) publié en 2015. "Des différences ponctuelles et non systématiques [en termes de valeurs nutritionnelles] sont mises en évidence et aucune tendance transversale aux différents secteurs ne se dégage de l'analyse par (...) segment de marché", écrit l'institution. En clair : certains produits haut de gamme sont de meilleure qualité que des produits d'entrée de gamme, et d'autres non. Pour s'y retrouver, une seule solution : "lire les étiquettes" pour débusquer les additifs et autres ingrédients superflus, conseille Elodie Testou. Et si on n'y connaît pas grand chose ? "Plus la liste d'ingrédients est longue, et plus il faut se méfier", explique la journaliste spécialisée.
6Privilégier le "fait maison" plutôt que les plats préparés
"Quand vous achetez un plat préparé par quelqu'un d'autre, vous payez aussi le temps qu'il y a passé, donc cela vous reviendra toujours plus cher", souligne Olivier Dauvers. Essayez de limiter les plats préparés ou les produits réalisables chez soi. Il est par exemple possible de récupérer auprès d'un boucher des parures de viande pour nourrir ses animaux de compagnie.
Si cuisiner maison est un investissement en termes de temps parfois difficile à concilier avec la vie professionnelle, il n'est pourtant pas nécessaire de passer des heures derrière les fourneaux. L'application Marmiton propose par exemple une série de recettes en "moins de cinq minutes".
7Passer par des circuits courts (lorsque c'est moins cher)
Contrairement à une idée reçue, s'approvisionner auprès de magasins de producteurs, de marchés ou d'enseignes qui privilégient le local permet parfois de réaliser des économies. "Les produits locaux et de saison peuvent être moins chers car ils arrivent à maturité sur le territoire et évitent donc le coût lié au transport", explique Elodie Toustou. S'approvisionner directement auprès d'un producteur permet par ailleurs de supprimer la marge prise par les intermédiaires. Mais attention, ça n'est pas systématique : les fruits et légumes cultivés sous serre intègrent par exemple dans leur prix le coût du chauffage et peuvent donc être plus chers, même s'ils ont poussé à proximité.
Au rayon "astuces", si vous allez au marché le plus tard possible, au moment où les commerçants commencent à remballer leurs produits, vous pourrez souvent bénéficier de prix plus doux et même de dons.
8Remplacer des produits chers par d'autres plus abordables de la même famille
Parmi les produits ayant subi la plus forte inflation en un an (d'avril 2021 à avril 2022) figurent les fruits surgelés (+33,9%), les poissons frais (+12,1%), les légumes frais (+8,9%) ou la viande de mouton, d'agneau et de chèvre (+7,7%), selon les derniers chiffres de l'Insee. Pour continuer à s'alimenter de manière équilibrée tout en faisant attention à ses dépenses, les spécialistes conseillent de se rabattre sur d'autres aliments de la même famille (par exemple en remplaçant une partie de la viande par des œufs, également riches en protéines).
Il est aussi plus économique de préférer un conditionnement en conserve plutôt que des surgelés ou des fruits et légumes frais. Plusieurs études (en anglais) démontrent que les bienfaits nutritionnels des trois sont globalement comparables.
9Limiter les produits superflus
Au risque d'enfoncer une porte ouverte, il est plus facile de se passer de produits qui ne sont pas au cœur des repas. En ligne de mire : les boissons gazeuses, les confiseries ou les plats préparés, très chers au kilo. "Il ne faut pas renoncer à tous ses plaisirs, mais consommer moins de produits transformés ou de boissons sucrées offre un double bénéfice pour la santé et le portefeuille", note Grégory Caret.
10Réduire le gaspillage
Chaque année en France, 20 kg de déchets alimentaires par personne sont jetés aux ordures ménagères, dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés, selon un rapport de l'Agence de la transition écologique (Ademe). Or, réduire le gaspillage permet de protéger la planète, mais aussi votre porte-monnaie. Evitez d'acheter en trop grande quantité et instaurez au moins un "repas de restes" chaque semaine pour réutiliser ce qui n'aura pas été terminé les jours précédents.
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