Hausse des taux directeurs de la BCE : pourquoi cette décision est historique
La Banque centrale européenne a décidé jeudi de relever ses taux directeurs, une décision inédite en onze ans. Franceinfo vous explique pourquoi le coût de l'argent sera à l'avenir plus cher.
Du jamais-vu depuis plus de dix ans. Face à une inflation record, la Banque centrale européenne (BCE), présidée par Christine Lagarde, a annoncé, jeudi 9 juin, une série de hausses de ses taux directeurs à partir de juillet, une première depuis 2011. L'institution compte trois taux directeurs : le taux de refinancement (qui est le plus important), le taux de rémunération des dépôts et le taux de prêt marginal.
Concentrons-nous sur le taux de refinancement. Il s'agit du taux d'intérêt fixé par une banque centrale (qui est une institution publique contrôlant la monnaie et n'ayant pas de vocation lucrative) pour les prêts qu'elle accorde aux banques commerciales (qui sont des établissements de crédit, auprès desquels les particuliers peuvent ouvrir un compte et emprunter). Le taux de refinancement auquel les banques commerciales empruntent de l'argent va donc influer sur le taux d'intérêt que ces banques pratiquent lorsqu'elles prêtent à leurs clients, comme les ménages et les entreprises. Plus le taux de refinancement d'une banque centrale est élevé et plus le taux d'intérêt demandé par les banques commerciales sera élevé. Donc, emprunter de l'argent coûte plus cher.
La fin d'une politique de taux faibles
Ces dernières années, la politique de la BCE était de pratiquer des taux directeurs très faibles. Pourquoi ? Car elle voulait stimuler la consommation et l'investissement pour essayer de booster la croissance, alors faible en Europe.
Mais ces derniers mois, l'inflation ne cesse de surprendre par sa vigueur, en raison de la hausse des prix de l'énergie puis de la guerre en Ukraine. Elle a atteint 8,1% sur un an en mai dans la zone euro. Du jamais-vu depuis l'instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur à l'objectif de la BCE, qui doit maintenir l'inflation à 2% (en anglais) pour éviter une hausse des prix incontrôlable. La BCE a donc choisi de relever ses taux d'intérêt, ce qui doit décourager l'emprunt des particuliers et des entreprises, ralentissant de fait l'économie et, in fine, la hausse des prix.
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