"Ils sont venus de toute la France" : des boulangers et des artisans manifestent contre la hausse des prix de l'énergie

Les boulangers étaient dans la rue. Entre 1 000 et 2 000 personnes se sont mobilisées à Paris entre la place de la Nation et Bercy, lundi 23 janvier, pour protester contre les hausses parfois exorbitantes des tarifs de l’énergie. L’appel à manifester avait été lancé par Frédéric Roy, boulanger à Nice. Quelques semaines après il marche en tête de cortège, satisfait de constater une importante mobilisation. "Les artisans sont venus de toute la France. C'est tous les métiers de l'artisanat qui sont en souffrance actuellement avec la hausse des matières premières et de l'énergie. C'est pour ça qu'il faut vraiment que nos gouvernants en prennent conscience."

TÉMOIGNAGES >> "Il faudrait vendre la baguette à 4 euros pour être rentable" : la crise énergétique met les boulangers dans le pétrin

Prendre conscience de ces factures qui ont explosé. Dans la manifestation, il y a beaucoup d’histoires similaires. Des boulangers qui payaient environ 1 000 euros d’électricité par mois il y a quelques mois, et a qui on demande désormais quatre, cinq voire dix fois plus... "On paye entre 800 et 1 000 euros et on va arriver entre 3 000 et 4 000 euros, explique Séverine boulangère avec son mari dans la Meuse. Comment fait-on ? On licencie un boulanger. Nous, on en a un qui s'en va le 6 février."

Des factures qui s'envolent

Il y a beaucoup de boulangers-pâtissiers dans la manifestation mais aussi d’autres professions : des coiffeurs, des restaurateurs, des pressings, des taxis ou des garagistes. Laurent est plombier, et dénonce la hausse des prix des matières premières et du gasoil. "J'ai la carte Total, donc je paye un peu moins cher. Mais il y a deux ou trois ans, je payais 0,90 euro le litre. Aujourd'hui, je suis à 1,50 euro. Quand je vois les boulangers qui ont des factures qui sont multipliées par quatre, cinq, six, voire par dix, c'est une honte."

"Mon père, qui était boucher dans le temps, disait que le dernier commerce qui vivra, c'est celui de boulanger. Aujourd'hui, on est en train de les perdre, donc c'est que le pays va mal."

Laurent, plombier

à franceinfo

Le gouvernement a mis en place des aides pour accompagner ces artisans avec notamment un amortisseur électricité, qui permet le report du paiement des impôts, ou encore un bouclier tarifaire pour les entreprises de moins de dix salariés. Les manifestants réclament l’extension de ce bouclier à tous les artisans et dénoncent aussi la difficulté des procédures. "Sur les 70 000 euros que ça va nous coûter, en plus, on a un apport de l'amortisseur qui va être de 8 461 euros annuellement, explique Karine, boulangère dans l'Eure-et-Loir. Le site est incompréhensible. Ma comptable s'est retirée de l'affaire." C’est la première fois que les boulangers sont dans la rue expliquent plusieurs d’entre eux. Ils sont venus défendre leur affaire mais aussi, selon eux, une part de patrimoine.