: Infographies Inflation : la hausse des cours sur la pomme de terre fait grimper les prix des frites, chips et purées
"Purée !" Voilà ce que doivent s'exclamer les consommateurs de pommes de terre, dans les supermarchés ou au restaurant, face aux hausses de prix de la patate et de tous ses dérivés, des chips aux frites. Depuis un an, fruit d'une mauvaise récole et de coûts de production en augmentation, les étiquettes du féculent star s'affolent.
Selon l'Insee, en un an, le filet d'un kilo de pommes de terre vendu en rayon est passé de 1,70 euro à 2,09 euros, soit une hausse de près de 23% entre septembre 2022 et septembre 2023. Le prix des pommes de terre surgelées (frites, potatoes, pommes dauphines...) a, lui, bondi de 25% en un an, sur la saison 2022-2023. Les purées subissent une hausse de 20%, et les chips de 18%.
Des hausses qui ont forcément un impact conséquent sur le budget des consommateurs, tant on sait que la patate est une star du chariot de courses : un Français consomme en moyenne 50 kilos de pommes de terre par an, dont 30 kg sous forme transformée.
"La pire récolte de ces 30 dernières années"
Le point de départ de ce bond des étiquettes, c'est une très mauvaise récolte à l'été et l'automne 2022, qui fournit des patates, conservées pour être vendues l'année qui suit. C'était même "la pire de ces 30 dernières années", résume Geoffroy d'Evry, cultivateur à Nampcel dans l'Oise et président de l'UNPT, l'Union nationale des producteurs de pommes de terre. Cet effondrement de la récolte s'explique par la météo : l'été 2022 a été historiquement sec.
Outre la sécheresse, la hausse des prix de l'énergie, qui a suivi le début de la guerre en Ukraine, a eu un fort impact sur la chaîne de la patate. Fioul pour les tracteurs, gaz et électricité pour la conservation en chambre froide et pour la transformation... Tout était réuni pour que les prix disjonctent. Ajoutez à cela le coût en hausse des engrais, et une demande qui ne faiblit pas, et vous obtenez le cocktail complet.
"Le coût de production à la tonne s'est envolé de 25% en 2022, alors que les rendements étaient en baisse", explique ainsi Bertrand Ouillon, le directeur de l'interprofession de la pomme de terre transformée, qui fait l'intermédiaire entre les producteurs et les industriels comme Mc Cain ou Vico. D'autant que les contrats entre producteurs et industriels avaient, eux, déjà été renégociés, en forte hausse, de 36%, plusieurs mois avant la récolte, comme c'est l'usage, en fin d'année dernière. Résultat : en deux ans, le prix auquel les industriels ont acheté les pommes de terre aux producteurs a augmenté de 50%.
"L'ensemble des coûts de la chaîne d'approvisionnement a augmenté. Je ne vois pas de poste de dépense qui diminue chez les transformateurs."
Bertrand Ouillon, directeur de l'interprofession de la pomme de terre transforméeà franceinfo
Tous les industriels ont donc acheté leurs pommes de terre beaucoup plus cher. Les surcoûts sur les emballages, et parfois les hausses de salaire, ont aussi contribué à augmenter le prix des pommes de terre transformées.
Peut-on imaginer les prix baisser ?
"Lorsqu'on parle d'un kilo de pommes de terre à 2 €, je vous rappelle qu'avec un kilo, vous nourrissez une famille de quatre personnes, ça reste quand même un des aliments et des ingrédients les moins chers du marché", estime Geoffroy d'Evry, président de l'UNPT, pour tempérer les hausses. En plus, une baisse n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Si la récolte 2023 est "moyenne", et donc déjà meilleure que l'an dernier, les contrats ont été négociés en décembre 2022 et janvier 2023, au moment où les coûts de production s'envolaient.
L'autre facteur, c'est bien sûr le dérèglement climatique. "Et avec le risque de sécheresse et d'accidents climatiques, quand on est agriculteur, on évalue à quel prix on est prêt à engager une production pour l'année 2023", justifie Geoffroy d'Evry. "La production est de plus en plus compliquée", renchérit Bertrand Ouillon. Pour preuve, une partie de la récolte 2023 est retardée à cause des inondations qui frappent le Pas-de-Calais. Les baisses de rendement à venir feront forcément à nouveau grimper les prix.
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