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Infographies Inflation : quel bilan pour 2022 et qu’attendre en 2023 ?

"Les hausses de prix de 2022 ont absorbé à peu près dix ans de baisse des prix en grande surface", résume NielsenIQ, dressant le bilan de l'année 2022 côté inflation. Quelles en sont les grands enseignements ? Et que peut-on espérer pour l'année qui s'ouvre ? Réponse en infographies.
Article rédigé par Théo Uhart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une cliente d'un supermarché à Bordeaux (Gironde) le 4 novembre 2020. Photo d'illustration (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Dix mois de guerre en Ukraine, des matières premières qui s'affolent, une météo particulièrement sèche et l'énergie qui, à son tour, finit par voir ses prix s'emballer : l'inflation est définitivement l'un des marqueurs de 2022. Notre panier de courses franceinfo, composé de 37 produits du quotidien, alimentaires et d'hygiène, réalisé en partenariat avec France Bleu et NielsenIQ, affiche une inflation de 14,6% entre décembre 2021 et décembre 2022. Un chiffre jamais atteint depuis des décennies, et qui a fortement réduit le pouvoir d'achat des Français, les augmentations de salaire ayant très rarement suivi les taux d'inflation. Les données de décembre 2022, fournies par NielsenIQ, sont aussi l'occasion de faire le bilan de l'inflation en 2022, et de se projeter sur ce qui nous attend en 2023.

>> CARTE. Panier de courses franceinfo : +1,38€ en moyenne en décembre pour notre panier de produits du quotidien, consultez la situation dans votre département

Les produits premiers prix ont augmenté plus vite que les autres

Ce sont les produits vers lesquels les consommateurs se sont tournés quand les prix ont commencé à augmenter. Ce sont aussi les produits qui ont augmenté le plus fortement : les prix des produits premiers prix, ces produits à l'emballage blanc souvent situés en bas des rayons de supermarchés, ont progressé de 16% en un an, suivi par les produits des marques de distributeurs, touchés par une hausse de 14%. Et certains chiffres ne semblent même pas réels : 

Continuer de se tourner vers ces produits reste toutefois encore intéressant, car ils restent moins chers que les autres. Mais comment expliquer une telle hausse ? "Le poids de la matière première est beaucoup plus important" sur les produits premiers prix et distributeurs, souligne Emmanuel Cannes. Alors que "quand vous achetez une marque nationale, vous payez la matière première, mais aussi les coûts de marketing, de publicité etc.", ajoute l'expert de NielsenIQ. De fait, le poids des matières premières y est proportionnellement moins important, et les marques disposent ainsi d'une variable d'ajustement.

Les hausses de 2022 surtout dues aux matières premières

Si les produits premiers prix ont tant augmenté, c'est donc principalement à cause des hausses des prix des matières premières. Céréales, pâte à papier, légumes, viande, pétrole... tout a augmenté. Voici l'évolution des prix des matières premières importées en France depuis juillet 2020. On note une réelle augmentation de la plupart des matières premières à partir du début de la guerre en Ukraine. Il faut aussi voir que les indices de prix ont commencé à redescendre dès la moitié de l'année, ce qui a permis à l'inflation de se stabiliser fin 2022. Seule la pâte à papier a continué à fortement progresser jusqu'à la fin de l'année.

Et on retrouve cela dans le top 10 des produits qui ont le plus augmenté cette année, dévoilé par NielsenIQ pour franceinfo et France Bleu. On voit très nettement que la hausse de la pâte à papier a une forte influence, avec 3 produits directement touchés par cette hausse qui se classent dans le top 10 inflationniste de 2022 : l'essuie-tout, le papier toilette et les mouchoirs en papier. 

Une inflation pas uniforme selon les départements

Notre panier de courses, dont on suit l'évolution mois après mois, a permis de dégager des tendances inédites, à première vue contre-intuitives : ce sont les départements qui étaient déjà chers qui ont vu leurs prix augmenter le plus fortement. Cette double peine concerne tous les départements de l'axe Paris - Lyon - Marseille, région parisienne incluse, ainsi que le Sud-Est et les Alpes. À l'inverse, la façade atlantique est globalement moins chère que le reste du pays, et avec des taux d'inflation par département inférieurs à la moyenne nationale. La Vendée est ainsi le département le moins cher de France. Vous pouvez consulter la situation dans votre département sur notre carte interactive.

Hors des produits du panier franceinfo, certains produits ont vu leur inflation être très dépendante du contexte local. C'est le cas du foie gras, sur lequel nous nous étions déjà penché début décembre. Dans les départements qui en produisent, les prix du foie gras ont connu une très forte augmentation. La grippe aviaire a en effet poussé les autorités à faire abattre des milliers de volailles. Or, dans les départements producteurs, l'offre est d'abord locale, et donc avec un produit plus rare, les prix ont mécaniquement augmenté. Les départements qui importaient déjà du foie gras ont, eux, connu des hausses bien plus modérées.  

En 2023, la fin de l'inflation à deux chiffres

Selon Emmanuel Fournet, l'inflation alimentaire devrait repasser sous la barre des 5% en milieu d'année. "La hausse des prix va probablement se poursuivre jusqu'à avril, quand les nouveaux prix des produits arriveront en rayon" à la fin des négociations commerciales entre industriels, producteurs et distributeurs, détaille Emmanuel Fournet. "Mais c'est vrai que ça commence à se tasser parce que les effets qui ont créé cette inflation en 2022 commencent à se faire sentir un peu moins que sur l'ensemble de l'année, analyse l'expert de NielsenIQ. La matière première agricole n'augmente plus depuis la mi-2022 et en règle générale, les impacts se font sentir jusqu'à un an après en rayon", ajoute-t-il.

"Autant la matière première commence à se stabiliser, autant l'énergie va continuer à augmenter pour les producteurs, les agriculteurs, les distributeurs."

Emannuel Fournet

à franceinfo

Si en 2022, ce sont les hausses sur les matières premières qui ont nourri l'inflation, en 2023, ce seront les prix de l'énergie qui la détermineront. Cette explosion des coûts "va faire que les produits, notamment surgelés, vont continuer à voir leur prix augmenter un peu en début 2023, probablement jusqu'à la mi-année", moment à partir duquel 

Cela reste un "pari", insiste-t-il. Une nouvelle sécheresse qui toucherait durement les récoltes françaises ou mondiales, un évènement inattendu quelconque qui provoquerait une tension sur les marchés des matières premières ou bien une hausse plus forte que prévue des prix de l'énergie pourraient tout aussi bien relancer la machine inflationniste. Pour l'heure, le scénario privilégié par l'expert de NielsenIQ reste bien le retour à des taux d'inflation sous les 5%. Mais attention : diminution de l'inflation ne signifie pas hausse des prix. Les prix vont bel et bien continuer à augmenter en 2023, mais ils augmenteront bien moins vite qu’en 2022. 

La diminution du taux d’inflation est aussi le résultat mécanique de la base de calcul : l’inflation mois par mois en 2023 sera produite en comparaison de 2022, donc à partir de prix déjà hauts.  “Si en 2022 on est à peu près à 13% d'inflation [sur l’alimentaire] et qu'on a deux ou trois points d'inflation en 2023, ce sont des points qui vont venir s'ajouter aux 13 points de 2022 pour atteindre 15, 16 ou 17% d'inflation par rapport à 2021, qui est le point de départ où on est à peu près à zéro en terme d'inflation”, explique Emmanuel Fournet.

Et la baisse des prix, c'est pour quand ?

Malheureusement, pas pour tout de suite. “Les hausses de prix de 2022 ont absorbé à peu près dix ans de baisse des prix en grande surface, souligne Emmanuel Fournet. Donc ça vous donne une idée du temps qu'il pourrait falloir pour qu'on revienne aux prix qu'on connaissait avant, en 2021.” L'embellie côté prix, ce n'est manifestement pas au programme de 2023.

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