Investissements étrangers : "C’est le fruit du travail conduit depuis cinq ans pour transformer le pays", réagit le ministre délégué au Commerce extérieur
Selon le baromètre annuel du cabinet EY, le nombre de projets recensés dans l'Hexagone a augmenté de 24% en un an, mais ces investissements génèrent moins de créations d'emploi.
Le dernier baromètre de l’attractivité de la France, réalisé par le cabinet d’audit EY (Ex-Ernst & Young), montre qu’en 2021, la France conserve son statut de leader en Europe et creuse l'écart en tête du classement."C’est le fruit du travail conduit depuis cinq ans pour transformer le pays", réagit mardi 31 mai sur franceinfo Franck Riester, le ministre délégué au Commerce extérieur et à l’attractivité. La France a attiré en 2021 plus d'un millier d'investissements étrangers sur son sol. Il s'agit principalement d'extensions de sites. Des implantations nouvelles sont également à souligner mais dans une moindre mesure.
franceinfo : L’attractivité de la France est bonne. Mais avec la guerre en Ukraine, cela peut-il peser sur cette attractivité ?
Franck Riester : Oui, mais il y a encore une volonté très forte des investisseurs d’investir en France. Avec peut-être un petit peu moins d’ambition, ou en décalant les projets. Mais il n’y a pas d’arrêt brutal de l’investissement. Au-delà de ces zones d'ombre, il y a des points positifs à retenir. C’est quand même la 3e année que la France est en haut du podium européen en termes de nombre de projets d’investissement sur son sol.
C’est le fruit du travail conduit depuis cinq ans pour transformer le pays, le rendre plus compétitif pour que le climat des affaires soit meilleur en France qu’il ne l’était précédemment. Fort de la baisse de la fiscalité, de l’assouplissement des règles et des contraintes administratives, de rapprocher le dialogue social de l’entreprise, d’investir dans la formation, dans les talents, tout cela contribue année après année, à donner une image positive de la France aux chefs d’entreprise qui veulent non seulement investir pour la première fois en France mais aussi de les fidéliser. La fidélisation de ceux qui investissent en France, c’est la clé du succès pour l’avenir, pour les investissements de demain.
Des investisseurs étrangers fidèles mais pas forcément créateurs d’emplois ?
Ces investissements sont créateurs d’emplois ! En France, ce sont des projets plus petits qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni mais cela contribue à tisser un réseau industriel sur le territoire. En Allemagne, en 2021, il y a environ 840 projets d’investissements réalisés par des investisseurs étrangers contre 1 222 en France. Donc même par rapport à l’Allemagne, on a aujourd’hui une attractivité supérieure.
Que répondez-vous au cabinet EY qui parle d’un problème de coût du travail et de droit du travail en France ?
Il faut qu’on explique aussi aux investisseurs étrangers qu’il faut regarder le coût pour l’entreprise mais il faut aussi regarder ce que ça apporte aux salariés de l’entreprise. La compétitivité du pays, ça passe par la fiscalité, les contraintes administratives mais aussi par la capacité à attirer des talents. Et ces talents ont besoin d’une protection sociale.
En France, on a une protection sociale qui est ample, complète, qui passe par des cotisations sociales. Ce sont des charges pour les entreprises mais ce sont des cotisations pour les bénéficiaires de cette protection. Cela contribue à l’attractivité de notre pays. C’est ce travail pédagogique que nous faisons pour expliquer à l’étranger qu’il ne faut pas seulement regarder le coût du travail à l’aune de ce que ça représente comme charge à l’entreprise. On explique aux chefs d’entreprise étrangers qu’il faut regarder ce que ça apporte pour leurs futurs salariés, leurs futurs talents. C’est la meilleure façon de les attirer et de les maintenir en France.
Comment expliquer cette attractivité de la France alors que les chiffres du commerce extérieur est historiquement mauvais ?
D’un point vu structurel, il y a une désindustrialisation depuis 30 ans dans notre pays. Notre climat des affaires n’était pas suffisamment bon, on n’était pas suffisamment attractifs, notre compétitivité ne permettait pas aux entreprises de se développer suffisamment en France. C’est tout ce travail que l’on mène depuis cinq ans et qu’il faut absolument continuer pendant les cinq prochaines années. Il faut poursuivre cette politique de compétitivité, de réindustrialisation du pays pour exporter ensuite les produits qui sont fabriqués en France. Et il y aussi une raison conjoncturelle, l’augmentation de nos importations en valeurs énergétiques avec l’explosion du coût de l’énergie et plus généralement des matières premières qui viennent alimenter l’industrie.
La France est attractive mais la croissance stagne et l’inflation est galopante. Est-ce inquiétant pour l’avenir ?
L’inflation est forte mais beaucoup moins que dans beaucoup d’autres pays européens. Par exemple, l’Allemagne est à presque 8 % et l’Espagne à 9 %. Notre croissance est parmi les meilleures de la zone euro en 2021. Nous avons un chômage des jeunes au plus bas depuis 40 ans et un chômage toute catégorie confondue le plus bas depuis 15 ans. Notre situation économique est à bien des égards, meilleure qu’il y a quelques années et parmi les meilleures en Europe.
Il faut continuer à soutenir les entreprises qui investissent dans les industries du futur. C’est tout l’objet de France 2030 qui passe par une transition énergétique et numérique et l’investissement dans les technologies d’avenir. C’est toute la stratégie du gouvernement qui vise à soutenir l’offre, c’est-à-dire soutenir les entreprises sans oublier les salariés et le pouvoir d’achat parce que c’est une politique équilibrée que l’on essaye de mettre en place.
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