Gaz et électricité : les pistes pour économiser sur ses factures
Dans son rapport annuel, le médiateur de l'énergie pointe l'extension de la précarité énergétique et remet en cause l'efficacité des tarifs sociaux de l'électricité et du gaz.
De plus en plus de Français ont du mal à régler leurs factures de gaz et d'électricité. "Malgré l'amélioration des dispositifs d'aide, la précarité énergétique s'aggrave" : c'est le constat implacable que dresse le rapport annuel du médiateur national de l'énergie, publié mardi 11 juin. Quels constats et quelles solutions ? Francetv info vous résume le diagnostic du médiateur.
Le constat : la précarité énergétique s'étend
Environ 8 millions de personnes en France sont concernées par la précarité énergétique (définie comme la difficulté à régler les factures d'énergie). En 2012, 18% des dossiers traités par le médiateur concernaient des personnes en difficulté de paiement, avec une dette moyenne supérieure à 1 900 euros, contre 15% en 2011. Et la situation s'est encore aggravée cet hiver : le quart des dossiers reçus depuis janvier relèvent de difficultés de paiement, avec un pic à 34% en mars.
Le médiateur, Denis Merville, indique que 11% des foyers "reconnaissent avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d'électricité ou de gaz et 42% affirment avoir restreint leur chauffage au cours de l'hiver dernier pour éviter des factures trop élevées", selon son enquête annuelle auprès des consommateurs.
Les coupures, résiliations de contrats et autres restrictions d'électricité ou de gaz par les fournisseurs pour cause d'impayés ont grimpé à 580 000 l'an dernier (400 000 dans l'électricité et 180 000 dans le gaz), contre 500 000 en 2011.
La solution du gouvernement : le tarif social de l'électricité
Le gouvernement s'est engagé dès l'hiver 2012 à étendre le tarif de première nécessité (TPN). Ce rabais sur la facture d'électricité devait passer de 1,2 million de foyers concernés à 4 millions. "Il n’y a toutefois pas de raison de penser que les difficultés rencontrées à ce jour, liées au croisement de fichiers sociaux et commerciaux, permettent d’atteindre beaucoup plus de 50% de bénéficiaires effectifs", écrit le médiateur, cité par Le Parisien (article payant).
Résultat : 2 millions des foyers seront atteints au maximum. "Une loi mal ficelée et un casse-tête technique de gestion de millions de fichiers vont priver des centaines de milliers de foyers d’un coup de pouce particulièrement attendu", conclut Le Parisien.
Le médiateur juge ainsi les tarifs sociaux très insuffisants car ils sont faibles (ils sont dotés de moins de 200 millions d'euros par an), laissent certaines énergies de côté (fioul, bois, réseaux de chaleur...), ont une gestion coûteuse... Et le médiateur estime que l'extension de ces tarifs sociaux ne sera pas mise en œuvre à temps pour l'hiver prochain, ni sans doute le suivant, du fait des entraves administratives et techniques.
Les solutions avancées par le médiateur
Planifier les hausses. Pour commencer, il réclame des pouvoirs publics plus de "visibilité" sur les prix de l'énergie, avec des hausses de l'électricité planifiées sur plusieurs années plutôt que des rattrapages à répétition. Le médiateur estime à ce titre qu'il faudrait augmenter les tarifs de l'électricité d'environ 5% par an cette année et les deux suivantes, en s'appuyant notamment sur l'avertissement au début du mois de la Commission de la régulation de l'énergie qui avait prédit de fortes augmentations.
Supprimer les abonnements. Actuellement, la facture d'électricité se décompose en deux parties : un abonnement fixe qui correspond à la puissance fournie et coûte en moyenne 200 euros par an, et une part variable en fonction de la consommation de chacun. Selon Europe1.fr, le médiateur propose aussi de supprimer la part fixe afin de parvenir à plus d'équité entre les consommateurs. Ces derniers paieraient donc uniquement ce qu'ils consomment. En compensation, le prix du kilowattheure serait augmenté.
Un "chèque énergie" pour les plus démunis. Mais parallèlement, pour aider les plus fragiles, il relance l'idée d'un dispositif "chèque énergie", qui serait doté de plus d'un milliard d'euros et remplacerait les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz. Comme ces derniers, il serait financé par les consommateurs, et pour plus de simplicité, il pourrait être couplé à l'APL (aide personnalisée au logement).
Enfin, le médiateur, tout en saluant la généralisation à tous les consommateurs de la trêve des coupures d'énergie en hiver, propose aussi d'instaurer un service de fournisseur de dernier recours, comme cela existe déjà dans la banque ou les télécoms, pour les ménages dont les contrats ont été résiliés. Actuellement, ils n'ont souvent pas d'autre choix que de mentir sur leur situation (en donnant un autre nom, ou en prétentant avoir déménagé) pour réussir à se réabonner.
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