La banque franco-belge Dexia semble se diriger vers un démantèlement, rattrapée par la crise.
Le démantèlement ferait de Dexia le premier établissement européen victime de la crise de la dette.
La perspective d'un tel scénario catastrophe a affolé les investisseurs. En à peine vingt minutes, l'action du groupe a fondu de plus d'un tiers de sa valeur dans les premiers échanges à la Bourse de Paris. A 11 heures, elle en abandonnait encore près du quart à 0,99 euro.
Co-actionnaires, les deux Etats français et belge sont montés au créneau pour afficher leur engagement à sauver une nouvelle fois le groupe en apportant "leur garantie aux financements" qu'il a levés. Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a déclaré mardi que le gouvernement belge allait se réunir mardi soir "pour faire le point" sur la situation de Dexia.
"Dans le cadre de la restructuration de Dexia, les Etats belge et français, en liaison avec les banques centrales, prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des déposants et des créanciers", ont affirmé dans un bref communiqué, les ministres des Finances des deux pays, François Baroin et Didier Reynders.
A l'issue d'un conseil d'administration de six heures, lundi soir à Bruxelles, la banque a ouvert la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses "problèmes structurels".
Dans son communiqué, Dexia a laissé entendre qu'il allait sans doute isoler hors de son périmètre le portefeuille de 95 milliards d'euros d'actifs à risque dont il cherche à se délester depuis des années et qui "pèse structurellement sur le groupe".
Différentes pistes pour sauver Dexia
Une alliance Caisse des dépôts - Banque postale
C'est l'un des premiers scénarios évoqués pour donner un peu d'air à la banque. Cette manoeuvre permettrait de loger une partie du portefeuille des prêts aux collectivités locales en France avec la Caisse des dépôts et la Banque postale. La solidité financière des deux établissements publics permettrait aisément le refinancement. La proposition n'est pas du goût de tous. Le syndicat Force ouvrière a ainsi diffusé lundi un communiqué pour demander que La Poste ne soit pas "la victime expiatoire" de Dexia.
"Bad bank"
Le but serait de créer un établissement de défaisance des actifs les plus toxiques de Dexia afin de les isoler du reste du groupe. Cantonné dans une structure séparée, ce portefeuille obligataire toxique d'une centaine de milliards d'euros ne pèserait plus sur le financement des autres filiales et permettrait la vente du groupe par appartement. Le soutien des Etats belge et français apparaît néanmoins nécessaire.
La vente à la découpe
C'est le titre de nombreux journaux qui parient mardi sur la scission du groupe entre ses principaux métiers et branches. Le groupe est principalement composé d'une banque de détail en Belgique, d'une banque privée au Luxembourg, du financement des collectivités en France et de Denizbank en Turquie. Des métiers comme la gestion d'actifs pourraient aussi être cédés. Le Figaro mentionne notamment Standard Chartered pour la reprise de Denizbank.
Recapitalisation, nationalisation
C'est, selon une source proche des actionnaires, ce que les Etats français et belge aimeraient éviter. Le plan de sauvetage de Dexia avait déjà coûté 6 milliards d'euros en 2008. Les gouvernements ont à coeur de préserver leur notation chez les agences et redoutent la réaction des opinions publiques. Injecter des fonds n'est "pas d'actualité", dit-on mardi de source gouvernementale française.
Garantie d'Etat
Si les pays actionnaires rechignent à injecter du capital frais, la France et la Belgique se sont engagées mardi à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver Dexia et notamment garantir ses besoins de financement. Reste à savoir si ces garanties porteraient sur du capital, de la dette ou sur l'engagement de prendre une partie des possibles futures pertes de la "bad bank", par exemple.
L'adossement à d'autres groupes
L'hypothèse d'une vente de Dexia à un autre groupe bancaire européen, sur le modèle de Fortis vendue à BNP Paribas, n'a pas les faveurs des analystes, les investisseurs jugeant que Dexia n'est pas vendable en l'état. Si des rumeurs mentionnaient un possible intérêt de la Société générale il y a quelques années par exemple, il n'y a quasiment plus de spéculations quant à un rachat du groupe dans son ensemble.
Le statu quo
Scénario encore vraisemblable au début de l'été, il apparaît maintenant peu probable de voir la banque réussir sa restructuration dans les conditions de marché actuelles. Si une solution rapide et durable était trouvée sur le front de la dette souveraine de la zone euro, un tel scénario redeviendrait peut-être possible.
La faillite
Les gouvernements ont exclu la possibilité de laisser Dexia faire faillite, l'établissement étant considéré comme une banque systémique pour le système bancaire.
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